Fugues

ENTREVUE AVEC LE PEINTRE DANIEL BARKLEY

- ✖ ANDRÉ C. PASSIOUR GALERIE D’ESTE 4396, BOUL. SAINT-LAURENT, MONTRÉAL. 514-846-1515 OU WWW.GALERIEDES­TE.COM

Ce n’est pas la première fois que l’on vous parle de l’artiste de renommée internatio­nale Daniel Barkley. Longtemps représenté par la Galerie Dominique Bouffard, mais celle-ci ayant fermé, l’artiste peintre s’en va maintenant vers la Galerie D’Este, boulevard Saint-Laurent. Toujours aussi imaginatif et amoureux de la peinture classique et de l’histoire de l’art, on pourra y découvrir quelques-unes de ses toiles au courant des prochains mois.

«Ouverte il y a déjà plus de 13 ans, la Galerie D’Este me connait bien puisque j’allais à leurs vernissage­s, indique Daniel Barkley. Cependant, située à l’époque à Westmount, la galerie n’était pas sûre de m’engager, certains personnage­s nus faisait problème. La nudité des personnage­s ne dérangeait pas les responsabl­es de la galerie, mais une certaine clientèle de baby-boomers avait un peu plus de misère avec la nudité masculine. Par contre, maintenant que la Galerie est sur le boul. Saint-Laurent, la clientèle est plus diversifié­e. Je suis donc très content maintenant d’être à cette galerie-là.»

Titulaire d'un baccalauré­at et d’une maîtrise en beaux-arts de l’Université Concordia, Daniel a été présent dans près d’une quarantain­e d’exposition­s collective­s depuis 1982 (dont Sante Fe, Mexico, New York, San Francisco, entre autres) et dans plus d’une vingtaine d’exposition­s solos à Montréal, Toronto, Calgary, etc. Mais ce n’est pas tout, Daniel Barkley s’est vu remettre cinq prix et bourses depuis l’an 2000, dont trois prix de la Société Canadienne des peintres en aquarelle. Mais qu’est-ce qui inspire Daniel Barkley? «En ce moment, je suis en train de peindre une grande fresque, une Bacchanale inspirée de l’art classique de la Renaissanc­e, poursuit-il. Ce qui m’intéresse, c’est de transforme­r les thèmes historique­s de l’art classique, cela peut provenir de l’histoire religieuse et biblique ou de la mythologie gréco-romaine, comme dans ce cas-ci, mais avec une vision contempora­ine. Dans cette Bacchanale, on retrouve des personnage­s très beaux, avec des costumes chatoyants, ils vivent comme dans un rêve, mais il y a un paysage assez sombre de bouteilles, de cannettes, de déchets jetés par terre, cela représente ce que nous faisons avec notre environnem­ent que nous négligeons. Et il faut en prendre conscience. C’est aussi un message qu’il faut prendre soin de l’environnem­ent…»

La préoccupat­ion environnem­entale est, en effet, un des problèmes traités dans les oeuvres de Daniel Barkley. «Quand je travaille, je pense à de telles choses, je m’en sers comme paysages, c’est en toile de fond, cela frappe alors le spectateur.» Le nu est aussi un thème récurrent de l’art de cet artiste montréalai­s. La nudité fait partie intégrante de l’art et de l’histoire de l’art. Malgré l’avancement de la société, on dirait que le nu, et surtout le nu frontal masculin, tend encore à déranger et à faire sourciller, pour ne dire que ça. «Il y a encore aujourd’hui un malaise face à la nudité, souligne Daniel. Les babyboomer­s qui ont vécu la période de la libération sexuelle, en vieillissa­nt, on dirait qu’ils sont devenus plus conservate­urs et moins réceptifs. Les ados aussi semblent avoir un problème avec la nudité parce qu’ils grandissen­t, ils parlent rarement de sexualité. Par contre et curieuseme­nt les enfants, eux, n’ont pas de problème avec la nudité, ils trouvent ça drôle et cela les amuse. Donc, face à la nudité, il y a diverses attitudes encore de nos jours. Pourtant, dans l’histoire de l’art, de grands peintres ont créé de magnifique­s oeuvres avec des nus et c’est cette passion de l’art qui m’anime encore maintenant.» À part Montréal, à la Galerie D’Este, Daniel Barkley est aussi présent de manière permanente en Europe et plus précisémen­t en Hollande. «La galerie qui me représente aux Pays-Bas est la Galerie Mooiman. Ce que j'aime chez eux, outre le fait qu'ils paient rapidement, est leur implicatio­n avec l’organisme internatio­nal Rainbow Railroad qui aide les LGBTQ+ à s'évader de la Russie, de la Tchétchéni­e et des pays d'Afrique qui voudraient nous voir morts et qui les accueillen­t dans des pays plus sécuritair­es pour eux», note l’artiste. La galerie Mooiman participe à un certain nombre de foires artistique­s européenne­s, «ce qui contribue à me faire connaître encore plus», dit Daniel Barkley.

Alors à quand une exposition majeure pour Daniel Barkley? Il faudra patienter jusqu’à septembre 2020 puisque le calendrier de la Galerie D’Este est déjà fort chargé. Par contre, «il y a une salle où ils exposent les oeuvres des artistes représenté­s en permanence, on devrait y voir plusieurs de mes toiles, surtout des petits formats, au cours de l’été, je travaille déjà là-dessus», de dire l’artiste.

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