Fugues

FUGUES 35 ANS : RÉAL LEFEBVRE ET CLAUDINE METCALFE

- ✖ ANDRÉ C. PASSIOUR

«Un commerçant bien connu du Village m’a déjà dit que j’étais plus "humaniste" que "business". Il pensait me blesser, mais finalement je l’ai pris comme un compliment! Il ne s’en rendait pas compte, c’était un des plus beaux compliment­s qu’on puisse me faire! C’est vrai, j’ai toujours été plus proche de mes émotions et plus proche des gens… Pour certains, c’est peut-être mauvais, mais pour moi, c’était et c’est encore ma force!»

Vous ne le savez peut-être pas, mais Réal Lefebvre, directeur de la publicité et coéditeur chez Fugues est le «doyen» en années d’expérience au magazine. Il y est entré moins de trois ans après sa fondation par Martin Hamel, c’est-à-dire le 9 février 1987. «Cette personne, que je ne nommerai pas, avait raison dans un certain sens, je développai­s des relations d’affaires, des contacts avec des clients, mais avec le temps, ces gens sont vite devenus des amis.»

C’était l’époque de Martin Hamel, le fondateur du magazine – qui a reçu une médaille lors du 15e gala Phénicia en mai dernier –, mais aussi d’Alain Ménard, de Bernard Roy, de Jean-Denis Lapointe (Jidi), de Claudine Metcalfe, de Pierre Poirier et de Tim Nugent… et des couverture­s signées Robert Laliberté! Une toute petite équipe, très active, dynamique et énergique.

Comment Réal a-t-il mis les pieds chez Fugues? «Martin cherchait quelqu’un puisque le Fugues se développai­t de plus en plus. J'étais à ce moment en couple avec Alain qui, lui, était une connaissan­ce de Martin mais également un client (par la bande) du magazine. Un jour, Martin lui confia qu'il aurait grandement besoin d'un assistant pour accomplir les tâches administra­tives. Puisque je suivais des cours en bureautiqu­e (c'est comme ça qu'on appelait ça en 1987!) en matinée, j’avais donc mes après-midis disponible­s pour Fugues. Martin m’avait engagé pour faire la comptabili­té, mais bien vite je l’ai l’aidé à faire des ventes et à la recherche de clients potentiels. J'ai découvert de nouveaux défis grâce à Bernard Roy, qui fut le graphiste jusqu'en 1994. J'ai appris et utilisé les logiciels d'infographi­e et suis devenu infographi­ste maison en plus de toutes les autres tâches administra­tives! C’est comme ça que mon aventure a commencé!»

«À l’époque, on se promenait pas mal chez les commerçant­s! J’accompagna­is souvent Martin dans les bars, les restaurant­s, pour les anniversai­res ou tout autre événement. On prenait des photos d'événements, on faisait de la représenta­tion auprès de la clientèle très régulièrem­ent. Sept jours semaine! On finissait par connaître tout le monde. Je ne dormais pas beaucoup durant mes premières années chez Fugues, mais on avait quand même beaucoup de plaisir! Et on ne faisait pas ça que pour Montréal, on allait à Québec et un peu partout en région à l'occasion. Côté production, on ne peut pas se l’imaginer aujourd’hui - avec toute la technologi­e qu'on connaît - mais dès les débuts de Fugues Fuguesjusq­u'au jusqu'au milieu des années 1990, tout le montage du magazine se faisait «à à bras». Il fallait coller les pages de textes, de photos et de publicités, à l'aide de gros os appareils couteux et obsolètes (comme pour le traitement des photos), utiliser des s feuilles de Letraset, d'acétates et de rubylith pour créer c les visuels publicitai­res et rédactionn­els, pour ensuite tout apporter physiq physiqueme­nt chez l’imprimeur et y retourner t quelques l j jours plus l tard td pour vérifier é ifi et s’ass s’assurer qu’il n’y aurait pas de problèmes à l’impression. Avant de procéder finalem nalement à la distributi­on en équipe.»

«Je me rappelle ces folles soirées et nuits de montage où l’on travaillai­t et trippait sur la m musique que Jean-Denis (également coproprio du Bar Lézard à l’époque) nous préparait sur des cassettes (eh oui, des cassettes)! On travaillai­t fort, mais on s’amusait beaucoup aussi. On me posait souvent la question ''qu'est-ce que tu fais comme vrai travail dans la vie'' (!) car pour plusieurs ce n'était pas un vrai travail! Lol!!! Et au fil des ans, nombre de collaborat­eurs a grandi avec entre autres des chroniques sur la prévention du VIH/Sida, la musique, le cinéma, l'astrologie, les chroniques de fond sans toutefois oublier ses collaborat­ions d'articles aux couleurs fantaisist­es!»

«Le Village était très différent durant mes premières années chez Fugues... Si, dans les années '80 et '90, certaines personnes nous reprochait presque d'avoir créer un "ghetto", il me semble que les commerçant­s et leurs employés se tenaient plus ensemble. Toutes les occasions étaient bonnes pour festoyer et de se retrouver! Même l'anniversai­re du "gars de vestiaire" devenait l’occasion de célébrer! Ce n’est pas le même état d'esprit aujourd’hui. La vie, c'est comme ça j'imagine : on change! Les bâtisseurs et pionniers du Village — je pense, entre autres, aux Normand Chamberlan­d, Michel Gadoury, Bernard Rousseau et bien d'autres — voulaient construire quelque chose de solide, bâtir une communauté forte, faire un espace de liberté et de tolérance. Les habitués et clients qui le fréquentai­ent avaient ce désir de vivre librement et de s'y épanouir. On cherchait tous une reconnaiss­ance dans la société. Dieu merci, c'est arrivé! » Et la suite demeure tout aussi palpitante pour la petite maison d'édition! L'équipe du magazine a grandi et de nouveaux visages sont apparus, dont quelques-uns toujours présents au sein de l'équipe actuelle, tandis que d'autres ont laissé leur place à de nouveaux venus. Avec le temps, la famille de Fugues a eu la chance de voir naître le magazine Gazelle et son équipe 100% féminine, le journal LeVillage, et le magazine Zipper, puis ZIP. Mais également du Guide Arc-en-Ciel, la revue DécorHomme et bien sûr, toutes leurs versions numériques ainsi que leurs sites web et infolettre­s hebdomadai­res.

«Depuis quelques années, le Village est en pleine transition et sera appelé à se redéfinir encore dans le futur. C'est une chance incroyable pour moi d'avoir eu l'opportunit­é d'être aux premières loges et de suivre son évolution, encore, après maintenant 33 années au sein de Fugues! Je suis reconnaiss­ant et fier d'avoir toujours cette opportunit­é d'y apporter ma contributi­on!» Après le départ de Martin Hamel en 2002, Réal est devenu coéditeur des Éditions Nitram inc. accompagné de Maurice Nadeau. En 2004, Yves Lafontaine et Éric Perrier - ses complices et collègues depuis 1994 - se sont joints également à titre de coéditeurs afin de mieux bâtir l’avenir. Ah oui! En terminant, Réal tenait absolument à ajouter ce petit clin d'oeil: «À Paul, merci de m'avoir attribué cette merveilleu­se qualité, d'être un humaniste!»

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