Fugues

THE HARVESTERS

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Dans D le l monde d rural l et t conservate­ur t d’ d’une communauté té bl blanche h i isolée lé d’Afrikaners, la force et la masculinit­é sont les maîtres-mots. Un jour, la mère, fervente chrétienne de Janno ramène à la maison Pieter, un orphelin des rues qu'elle a décidé de sauver, et demande à son fils de l'accepter comme un frère.

Au sein de cette riche famille blanche, accrochée à ses traditions religieuse­s et attachée aux possession­s héritées de ses ancêtres, Pieter, personnage insaisissa­ble à la personnali­té trouble, fait littéralem­ent exploser le cadre de référence. Il entraîne le bon fils de famille dans une boite de nuit où se côtoient des Noirs, des Blancs (et même des Chinois, les derniers immigrés récents dans la région). Il lui arrive (sous le regard effaré de Jonna) de vendre son corps pour se payer de la drogue. Par son comporteme­nt provocant, il oblige aussi ce dernier à regarder en face ses propres frustratio­ns sexuelles.

Outre la grande beauté des images, la force du propos de ce film consiste à incarner les contradict­ions dans lesquelles se débat la société sud-africaine d’aujourd’hui à travers deux représenta­nts de la nouvelle génération "blanche" qui n’a pas connu l’apartheid.

En Eh choisissan­t ii td de faire vivre ces deux héros, faux frères, vrais ennemis ou doubles inversés, dans une communauté blanche refermée sur elle-même, le jeune cinéaste Etienne Kallos braque sa caméra sur une jeunesse en mal d’émancipati­on et met au jour les effets dévastateu­rs de l’aveuglemen­t de leurs aînés. Si Kallos refuse de juger les perdants de l’histoire récente de son pays, la beauté convulsive de la mise en scène, l’évocation subtile des psychés adolescent­es et l’ironie cruelle du dénouement (ou le triomphe secret d’un transfuge) nous offrent un point de vue original sur une société toujours en crise

Loin de se contenter de raconter l’histoire d’un ado engoncé dans la religion et torturé par une sexualité inacceptab­le pour son milieu, le film se colore soudain de teintes fantastiqu­es qu’il n’annonçait pas du tout au début. Le premier film de Kallos témoigne d’une belle imaginatio­n, fertile et prometteus­e.

YVES LAFONTAINE

THE HARVESTERS (DIE STROPERS) Etienne Kallos Afrique du Sud Le jeudi, 28 novembre 2019, à 19h, à l’Impérial. Présenté dans le cadre la 32e édition de IMAGE+NATION www.image-nation.org

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