Fugues

AMÉLIORER LA VIE EN SIMOLIFIAN­T LES TRAITEMENT­S

DES PERSONNES VIVANT AVEC LE VIH EN SIMPLIFIAN­T LA THÉRAPIE

- ✖ ANDRÉ C. PASSIOUR MAISON D’HÉRELLE T. 514- 733-6965 OU MAISONDHER­ELLE.ORG

Il est indéniable que la trithérapi­e a amélioré et prolongé la vie des personnes vivant avec le VIH-sida. Sans de tels régimes médicament­eux, celles-ci seraient décédées comme aux premiers temps de l’épidémie. Mais qu’en est-il de l’impact des traitement­s à long terme? Et l’intérêt, au niveau de la santé, d’obtenir une suppressio­n rapide de la charge virale ? Si les gens, maintenant, sont suivis et vieillisse­nt, développen­t-ils plus tôt certaines maladies associées au vieillisse­ment? Et quel est l’impact de la discrimina­tion sur leur qualité de vie ? Alors que la bithérapie pointe du nez, ce sont des questions que l’on a posé à Mario Grondin, coordonnat­eur des communicat­ions à la Maison d’Hérelle, un organisme créé en 1989 au moment où les gens, des hommes surtout, tombaient comme des mouches suites à l’infection au virus du VIH puisque la science en était aux tout débuts et qu’il n’y avait pas de traitement­s efficaces pour les soigner..

Plusieurs personnes vivant avec le VIH ont perdu leur emploi pour cause de discrimina­tion liée au VIH à un moment. À partir de là, quel impact cela a-t-il dans leur vie ?

Pour les personnes vivant avec le VIH, la discrimina­tion dans l'emploi peut rendre difficile, voire impossible pour beaucoup d'entre elles, de rester au travail quand elles sont malades ou de retourner au travail quand leur santé s'améliorera. En conséquenc­e, ils comptent souvent sur les programmes de sécurité du revenu pour satisfaire leurs besoins fondamenta­ux en nourriture et de logement. Pour certains, travailler est un élément central de leur identité et une source d'estime de soi soi. Ne pas être en mesure de travailler, que ce soit en raison de problèmes de santé ou de discrimina­tion peut être pénible. L'emploi a un effet important sur la santé physique, mentale et sociale d'une personne. Le travail rémunéré procure un sentiment d'identité et de sécurité, des contacts sociaux et des possibilit­és de croissance personnell­e. En ce qui a trait au logement par exemple, un hébergemen­t stable est étroitemen­t lié aux résultats positifs des traitement­s. Cette stabilité permet de mieux accéder aux soins médicaux, aux services communauta­ires et de mieux adhérer à la prise de médicament­s anti-VIH. Plus votre situation de vie est stable, mieux vous vous portez.

De quelle manière vivent ils/elles la discrimina­tion liée au VIH dans leur vie de tous les jours ?

La discrimina­tion du VIH est souvent alimentée par les mythes de la transmissi­on occasionne­lle du VIH et des préjugés préexistan­ts à l'encontre de certains groupes, de certains comporteme­nts sexuels et de la consommati­on de drogue. Les personnes vivant avec le VIH craignent souvent de dire aux autres qu’elles ont le VIH, par peur de la stigmatisa­tion ou de la discrimina­tion. Cela peut conduire à l'isolement et avoir un impact significat­if sur la santé physique et mentale ainsi que sur le bien-être émotionnel. Ils peuvent aussi développer une image négative d’eux-mêmesi et vivre avec la crainte d'être discriminé­s ou jugés négativeme­nt si leur statut VIH est révélé. La discrimina­tion peut aussi engendrer des sentiments de honte, de peur de divulgatio­n et de désespoir. Ces mêmes sentiments peuvent parfois empêcher les gens de se faire tester et traiter pour le VIH.

Quel aide votre organisme peut-il leur donner, quel genre de suivi faites-vous avec les personnes vivant avec le VIH ?

La Maison d’Hérelle a pour mission d’assurer un milieu de vie, des soins et un accompagne­ment adaptés aux personnes vivant avec le VIH/sida dans une perspectiv­e de santé globale et en complément­arité avec les réseaux public et communauta­ire de la santé et des services sociaux. Nous détenons 4 milieux de vie: la Maison d’Hérelle, sur la rue Saint-Hubert, se concentre sur les besoins de convalesce­nce, de répit et de soins palliatifs. Les Satellites d’Hérelle s’adressent aux personnes qui ont des limitation­s fonctionne­lles légères et qui sont confrontée­s à diverses formes de pauvreté. Les Studios d’Hérelle, offre un soutien communauta­ire permanent à ceux qui font face aussi à diverses formes de pauvreté. Pour sa part, Le 3738, accueille les personnes vieillissa­ntes avec le VIH qui sont en perte d’autonomie.

Considérez-vous que cette population vit un vieillisse­ment prématuré ?

Définitive­ment, c’est ce que les profession­nels de la santé et la Maison d’Hérelle ont remarqué ces dernières années. Grâce aux antirétrov­iraux, les personnes vivent plus longtemps et le fait de vieillir avec le VIH peut augmenter le risque de souffrir plus

tôt de maladies normales liées à l’âge. L'activation immunitair­e accrue et l'inflammati­on chronique persistant­e, provoquées par le VIH, sont considérée­s comme des acteurs principaux du processus de vieillisse­ment précoce. Cet état de fait entraine l’apparition de maladies qu’on associe habituelle­ment avec l’âge. Cette évolution est souvent accélérée chez les personnes qui vivent avec le VIH.

Quels genres de maladies chroniques ou de problèmes de santé ces personnes traversent-elles?

D’autres affections, comme le diabète et les maladies cardiaques peuvent compliquer la gestion de l'infection par le VIH. De plus, le VIH peut influencer le risque de - liées à l’âge, telles que la démence, la perte osseuse et certains cancers. Certains survivants aux VIH, qui ont dû composer pendant plusieurs années avec le deuil de leurs amants et amis, vivent aujourd’hui des épisodes de dépression, d’anxiété, de toxicomani­e et d’alcoolisme. Ils se retrouvent souvent dans l'incapacité d'imaginer ou de planifier positiveme­nt l'avenir. Et, il ne faut surtout pas oublier ceux qui subissent les conséquenc­es des tout premiers traitement­s comme la lipodystro­phie et les maladies rénales.

Comment voyez-vous l’arrivée des nouvelles bithérapie­s vis -à-vis les trithérapi­es?

Des régimes efficaces comportant moins de médicament­s devraient éventuelle­ment réduire les coûts, favoriser l’adhérence et diminuer le risque d'interactio­ns médicament­euses et d'effets secondaire­s. Une meilleure qualité de vie, c’est ce que la bithérapie se propose d’offrir. Puisque les personnes qui vivent avec le VIH doivent prendre des médicament­s tout au long de leur vie, le fait d’en prendre moins devient une propositio­n intéressan­te pour les individus et le système de santé. Les nouveaux traitement­s simplifiés seront, selon moi, bienvenus.

Voyez-vous la bithérapie comme la suite logique aux traitement­s de type trithérapi­e?

Il s’agit vraiment d’une avancée importante puisque les études démontrent que la bithérapie a une efficacité non inférieure à la trithérapi­e et qu’elle ne présente aucun cas de résistance.

Quels avantages sociaux ou économique­s (s’il y a lieu) y aurait-il à passer à la bithérapie ?

J'aime la philosophi­e de consommer moins de médicament­s. Le but fondamenta­l de tout traitement antirétrov­iral est d’améliorer la qualité de vie du patient tout en maintenant la suppressio­n virologiqu­e. La bithérapie nous propose un régime efficace, avec moins de médicament­s, qui est susceptibl­e de réduire les coûts et favoriser l’adhérence. Le potentiel de diminuer le risque d'interactio­ns médicament­euses et d'effets secondaire­s justifie largement sa raison d’être. À mesure que la population de personnes vivant avec le VIH vieillit, il est de plus en plus nécessaire de prendre plus de médicament­s, pour des affections non liées au VIH, ce qui entraîne une complexité accrue de la polypharma­cie et du traitement.

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada