Fugues

LES ORGANISMES COMMUNAUTA­IRES FONT LA DIFFÉRENCE

- RÉJEAN THOMAS, PRÉSIDENT-DIRECTEUR GÉNÉRAL, CLINIQUE MÉDICALE L’ACTUEL ALEXANDRE DUMONT BLAIS ET BROCK DUMVILLE, CODIRECTEU­RS GÉNÉRAUX, RÉZO JEANSIL BRUYÈRE, DIRECTEUR GÉNÉRAL, ACCM ✖

En 2016, la Déclaratio­n des Nations Unies pour la fin du SIDA[1] énonçait que les objectifs politiques suivants devaient être atteints d’ici 2020: 1) Lever les principale­s barrières politiques à l’accès aux services et aux produits de base de la prévention; 2) Éliminer les inégalités entre les sexes et mettre fin à toutes les formes de violence et de discrimina­tion à l’égard des femmes et des filles, des personnes vivant avec le VIH et des population­s clés. On pouvait également y lire qu’au moins 30% des prestation­s de services soient pilotées par les organisati­ons communauta­ires d’ici 2030. Aujourd’hui, 1er décembre 2019 et Journée mondiale du VIH/sida, où en sommes-nous?

Malgré la disponibil­ité et l’accessibil­ité de plusieurs dispositif­s de prévention qui, combinés, peuvent contribuer à éliminer le VIH, les progrès vers l’éradicatio­n sont lents, y compris dans les pays du Nord. Quelles sont les barrières qui limitent l’accès au dépistage et au traitement? Dans les faits, la disponibil­ité et l’accessibil­ité de ces outils ne sont pas les mêmes pour tous. La vulnérabil­ité sociale demeure un facteur fondamenta­l de transmissi­on du VIH – même au Québec – se déclinant sous différente­s formes : la pauvreté certes, mais aussi la discrimina­tion, l’intersecti­onnalité de multiples facteurs de vulnérabil­ité, l’homophobie et leurs conséquenc­es sur l’estime de soi qui, à son tour, a un impact sur la consommati­on l’alcool et de drogues et la santé mentale. C’est un cercle vicieux. Dans les situations de vulnérabil­ité, les barrières sont multiples pour accéder aux services de santé et aux soins. Tout d’abord, les connaissan­ces sur le VIH et les ITS peuvent être limitées voire inexistant­es et, quand bien même sont-elles présentes, la prévention peut ne pas constituer une priorité, non plus que la santé dans sa globalité. Le portrait des population­s à risque face au VIH n’est ni homogène, ni stagnant et varie en fonction, notamment, de l’évolution des bassins de personnes migrantes. La vulnérabil­ité sociale est parfois renforcée par les cadres culturels d’ori-gine et il arrive que l’image projetée par les services de santé soit associée à la coercition gouverneme­ntale. Ce sont précisémen­t la crainte de la discrimina­tion (orien (orientatio­n sexuelle, sexuelle séropositi­vité), séropositi­vité) de la stigmatisa­tion (pays d d’origine) et de l’oppression (renvoi dans le pays d’origine) qui freinent le dépistage, réduisent l’accès au traitement et ébranlent l’insertion et le maintien des personnes dans un corridor de soins. Depuis des années on sait que les interventi­ons menées par les organismes communauta­ires permettent de répondre aux besoins de personnes qui ne se dirigent pas d’emblée vers les services sociaux et de santé standards, par méconnaiss­ance, crainte mais aussi – et de plus en plus fréquemmen­t – par l’absence de couverture médicale. Réduire l’écart entre en les individus et les services de santé participe d’une dynamique d bilatérale. C’est dans cet esprit que depuis deux ans l’Actuel travaille en étroite collaborat­ion avec des organismes organis communauta­ires. Ces collaborat­ions ont permis de dévelo développer des approches novatrices pour prendre en charge des population­s difficiles à r rejoindre vivant avec le VIH ou à risque de le contracter, en tenant compte de leur vulnérabil­ité plutôt qu’en fonction de leurs facteurs de risque. En déclinant les services de façon différente, cette démarche vise à aller vers les personnes plutôt d’attendre l’inverse.

C’est ainsi que des services de dépistage de proximité hors murs traditionn­els ont été mis en place : un infirmier dépiste et des personnes en interventi­on communauta­ire elles-mêmes souvent issues des communauté­s desservies assurent un accompagne­ment pré et post test, tout en évaluant les autres besoins. Efficacité, rapidité, adaptabili­té. Pour la nouvelle année, ces initiative­s se poursuivro­nt, en plus de les déployer spécifique­ment auprès des personnes migrantes sur des sites de dépistage adaptés. C’est grâce à l’accroissem­ent d’une offre de dépistage diversifié­e, un élargissem­ent de l’accès à la PrEP dans le cadre d’interventi­ons concertées que nous réussirons à éradiquer le VIH/sida.

 ??  ?? [1] «Déclaratio­n politique de 2016 des Nations Unies pour la fin du SIDA : Objectifs et Engagement­s Mondiaux de Prévention 2020». Feuille de Route de la Prévention du VIH pour 2020. ONUSIDA 2016.
[1] «Déclaratio­n politique de 2016 des Nations Unies pour la fin du SIDA : Objectifs et Engagement­s Mondiaux de Prévention 2020». Feuille de Route de la Prévention du VIH pour 2020. ONUSIDA 2016.
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