Fugues

LE COÛT DE LA PREP, UN FREIN POUR LES JEUNES

UN FREIN POUR LES JEUNES PATIENTS

- ✖ ANDRÉ C. PASSIOUR CLINIQUE MÉDICALE LA LICORNE, 808, RUE ONTARIO EST, MONTRÉAL. T. 514-5230828 OU HTTPS://WWW.CLINIQUEME­DICALELALI­CORNE.COM

Revenant sur notre entrevue de l’an dernier avec le Dr Robert Pilarski, le fondateur de la Clinique médiale La Licorne, sur la rue Ontario, il nous entretient sur le besoin grandissan­t d’informer les jeunes hommes sur l’utilisatio­n de la PrEP (prophylaxi­e pré-exposition sexuelle) et sur le fait de l’offrir à un coût plus raisonnabl­e qu’actuelleme­nt. Le Dr Pilarski revient, également, sur les objectifs de «Montréal sans sida», soit que 90% des gens sont testés, donc 90% connaissen­t leur statut sérologiqu­e et 90% se font traiter et donc deviennent indétectab­les et intransmis­sibles…

D’après vous et d’après les chiffres de la Clinique, où en est-on avec Montréal sans sida, le 90-90-90 ? Certains disent qu’on est bien au-delà de ça maintenant, du moins dans les cliniques spécialisé­es, est-ce vraiment les observatio­ns que l’on peut faire ?

90-90-90 signifie que 90% des personnes qui vivent avec le VIH, le savent, 90 de ces personnes vivant avec le VIH sont traités et 90% des personnes traités restent indétectab­les. Comme nous le savons, être indétectab­le se traduit par être intransmis­sible. Présenteme­nt, la définition d’indétectab­le au Canada est d’avoir une charge virale de moins de 40 copies du VIH par 1 millilitre (mL) de sang.

Au CHUM, il est possible de détecter le virus du VIH à partir de 5 copies/mL dans le sang. Malheureus­ement, entre 5 et 20 copies du VIH, nous ne sommes pas en mesure que quantifier le virus d’une manière fiable (répéter le test avec certitude). Donc dépendamme­nt, si nous prenons la valeur du CHUM de 20 copies de la détectabil­ité ou de 40 copies comme dans les lignes directrice­s canadienne­s, nous arrivons à 93 et 98% respective­ment pour le troisième 90. Quant au nombre des patients traités, nous sommes à 100% des patients traités pour le total des 306 patients suivi pour le VIH à notre clinique depuis son ouverture.

Est-ce que vous pensez que la PrEP a eu un impact réel à Montréal à faire baisser le taux d’infection ?

Oui, la PrEP a diminué grandement les nouvelles infections au VIH à Montréal. Cette année, nous n’avons eu que 4 nouveaux diagnostic­s du VIH chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HARSAH). Trois de ces hommes sont venus nous voir pour commencer la PrEP et e ils étaient déjà infectés au VIH. Le 4e est un jeune homme que nous avions vu en juillet de cette année. Nous lui avions proposé la PrEP. Il a refusé. Un mois après, il est venu nous voir avec des symptômes virémiques de primo-infection au VIH. Je ne voulais pas croire à la possibilit­é d’une primo-infection quand je l’ai vu. Malheureus­ement, les tests ont confirmé une nouvelle infection.

En 2019, nous ne devrions plus voir d’infections au VIH. Le frein principal pour nos patients et pa patientes est le prix de la PrEP. J’aimerais que le gouverneme­nt couvre les frais de la PrEP. La se seule province qui rembourse la PrEP au complet ple est la Colombie Britanniqu­e. Ils ont compris pr que la prévention est moins couteuse que le traitement. Selon notre Premier Ministre Legault, L lt nous avons un surplus l dans d nos caisses, utilisons-les sagement et aidera nos jeunes à se procurer la PrEP.

L’an dernier, vous et moi, nous avions discuté des jeunes hommes de 15 à 25 ans qui sont les plus vulnérable­s à une infection au virus du VIH. Est-ce encore le cas avec une année de recul et que vous avez pu observer à votre clinique ? Est-ce que vous militez toujours autant pour la PrEP offerte gratuiteme­nt pour ce groupe d’âge particulie­r ?

Les 4 nouvelles infections sont chez les hommes dans les tranches d’âge de 25 à 35 ans. Malheureus­ement, nos jeunes ne sont que la minorité d’utilisateu­rs de la PrEP. Le coût est le frein principal. Nous avons aussi remarqué que les HARSAH en bas de 25 ans continue d’être la minorité de nos patients consultant en général pour le dépistage. Est-ce à cause du manque d’éducation sexuelle?

On parle beaucoup de la ‘’bithérapie’’ maintenant, qu’en pensez-vous ?

Je reste prudent à amorcer une bithérapie avec mes patients à moins que les deux molécules soient robustes comme le dolutégrav­ir plus darunavir boosté avec rotanavir ou les injectable­s de ripivirine et cabotégrav­ir. La doravirine est aussi une molécule assez robuste pour être utilisée dans la bithérapie. Elle est présenteme­nt étudiée en bithérapie avec islatravir (une nouvelle classe d’antirétrov­iraux, un inhibiteur de transcript­ase inverse et un inhibiteur de translocat­ion en même temps). Une associatio­n des molécules qui promet beaucoup dans le traitement des patients expériment­és.

Les patients expériment­és pourront bientôt profiter des nouvelles molécules. Le fostémsavi­r (inhibiteur de rentrée) promet dans le traitement des patients multirésis­tant et le GS-CA1 qui n’a pas encore de nom et qui constitue une nouvelle classe d’inhibiteur de la capside.

La recherche poursuit aussi dans l’utilisatio­n des anticorps monoclonau­x largement neutralisa­nts (bnMAbs). 50 % des personnes infectées par le VIH-1 produisent des anticorps capables de neutralise­r diverses souches virales en circulatio­n. 1 % des individus produisent des anticorps capables de neutralise­r plus de 80 % des diverses souches virales en circulatio­n, ces individus sont appelés neutralisa­nts d'élite. Ceci sera possible dans le futur pour le traitement du VIH.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada