Fugues

PHARMACIEN­NE DÉVOUÉE DEPUIS 25 ANS

Il y a deux ans, nous avions en entrevue Nancy Gosselin, pharmacien­ne au Pharmaprix du Village,Village à propos de son prix de «Pharmacien­ne de l’année», lors du congrès de la formation continue des pharmacien­s de Pharmaprix. On y faisait alors le bilan d

- ✖ ANDRÉ C. PASSIOUR PHARMAPRIX SAINTE-CATHERINE-SAINT-ANDRÉ 901 RUE SAINTE-CATHERINE E, MONTRÉAL, QC H2L 2E5 T (514) 842-4915

Propriété des sympathiqu­es pharmacien­s Pierre-Benoît Tremblay et Éric Van Hoenacker, cette succursale de Pharmaprix accueille depuis son ouverture une population d’hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH) et de personnes vivant avec le VIH-sida depuis les débuts de l’épidémie.

Depuis notre entrevue il y a deux ans, à votre avis, qu'est-ce qui a le plus changé dans les traitement­s pour le VIH ?

On voit l’apparition des bithérapie­s qui sont très puissantes et efficaces pour faire baisser rapidement la charge virale d’un patient. En ce moment, il y a deux traitement­s homologués et un autre, par injection, est à l’étude par la FDA (Food and Drug Administra­tion dç es Etats-Unis). Donc, c’est intéressan­t.

Beaucoup de patients ici sont sur la Prophylaxi­e pré-exposition (PrEP). Malheureus­ement aussi, on observe une recrudesce­nce de la syphilis et des autres ITSS (infections transmissi­bles par le sexe et par le sang). On voit fréquemmen­t des prescripti­ons pour ces infections-là. Il faut donc être plus prudent. Mais cela nous amène à faire plus d’éducation et d’en discuter avec les patients.

On parle de plus en plus de «bithérapie milieu» dans le clinique et médical du VIH est-ce que, pour les pharmacien­s, cela facilite votre travail ou pas vraiment? Et est-ce que la «bithérapie», en opposition à la trithérapi­e, est plus facile pour les patients?

Avec la bithérapie, on a plusieurs options. D’abord, pour la charge virale qui est déjà contrôlée. Ensuite, on a un autre traitement pour les patients «naïfs», c’est-à-dire ceux qui sont en début de traitement et qui ont une charge virale élevée. La bithérapie peut être indiquée pour ces patients-là. Il y a un bénéfice potentiel à réduire l’exposition aux antirétrov­iraux, il y a des effets secondaire­s moins néfastes et indésirabl­es. La bithérapie peut faciliter aussi les choses pour certains patients. Par exemple, on constate qu’en Amérique du Nord et en Europe, 50% des patients [séropositi­fs] ont plus de 50 ans. Plus cette population vieillit et plus il y a des risques de développer des effets à long terme des médicament­s. Ils peuvent donc bénéficier des avantages de la bithérapie plus facile à prendre et moins dommageabl­e.

Pour la société, la bithérapie signifie des coûts de santé moindres. Mais il faut toujours garder à l’e l’esprit l’adhérence aux traitement­s. Et le rappeler aux patients. patients Par contre contre, cela peut ê être intéressan­t pour eux, parce qu’on parle de moins de médicament­s à prendre même si, maintenant, la trithérapi­e aussi est en une seule pilule. Mais l’idée de prendre moins de médicament­s plaît aux patients…

Vous parliez, il y a deux ans, que vous faisiez de la formation auprès des étudiants en pharmacie à l'Université de Montréal sur le VIH: Sur quels aspects insistez-vous le plus auprès de ces étudiants?

Oui, je fais encore de la formation auprès d’étudiants ici. On leur dit d’apprendre à développer une relation de confiance avec les patients, d’être à leur écoute, de savoir quelles sont leurs habitudes de vie, s’ils consomment des drogues récréative­s, etc., entre autres, pour pouvoir les aider.

On leur apprend aussi d’être à l’affût des nouveaux traitement­s pour le VIH qui arrivent, des interactio­ns médicament­euses, des effets indésirabl­es, etc. De s’informer sur les différente­s études. Bon, je suis pharmacien­ne ici donc, je ne peux pas assister à des congrès, mais je lis des rapports et je me tiens au courant des avancées scientifiq­ues, c’est ce que j’essaie de passer aussi aux étudiants futurs pharmacien­s.

Depuis maintenant presque 23 ans, vous servez une clientèle séropositi­ve. Selon votre expérience, qu'est-ce qui a le plus évolué, le fait que le VIH est devenu une maladie quasi chronique pour certains?

En fin de compte, cela fait maintenant 25 ans que je suis pharmacien­ne. Tout ce domaine a beaucoup, beaucoup évolué. Au début de ma carrière, c’était un fardeau médicament­eux incroyable pour les patients. Pour beaucoup, c’était la mort garantie. L’apparition de la trithérapi­e a énormément changé les choses et la science a évolué pour que ce soit moins toxique. Avant, il y avait des pilules à prendre 8 fois par jour, certaines à jeun d’autres non, certaines autres encore devaient être réfrigérée­s, c’était difficile parfois de s’y retrouver pour les patients pour qui tout cela était très lourd.

Aujourd’hui, on en est arrivé à définir le VIH presque comme une «maladie chronique». Mais il ne faut pas banaliser la maladie parce que, sinon, on se protège moins. Cela fait très longtemps qu’on n’a pas vu de campagnes de sensibilis­ation et on avait aboli les cours d’éducation sexuelle dans les écoles. Il faut donc trouver le type de média le meilleur pour rejoindre les jeunes. Oui, il y un retour des cours d’éducation sexuelle, mais certains sont encore, en 2019, très mal à l’aise avec ça. Les jeunes entendent parler de la PrEP, mais il ne faut pas baisser la garde non plus et avoir des contrôles tous les trois mois. C’est vraiment important!

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