PLACE AU VILLAGE par André C. Passiour
Il y a une nouvelle pharmacie sur la rue Atateken (Amherst). Ouverte depuis quelques mois, il s’agit de Martin Manseau Pharmacien affiliée à Proxim. Après quelques péripéties, cette pharmacie a repris la clientèle de l’ancien Apothicaire Jean-François Boyer afin que celle-ci ne soit pas forcée de se tourner vers une autre institution pharmaceutique, assurant ainsi le suivi des dossiers des patients. Cette pharmacie est tenue par les sympathiques Nicolas Lahaie et Ayman El-Hadi, pharmaciens, qui se spécialisent, mais pas uniquement, dans les traitements du VIH. Confidentialité et discrétion sont ici deux mots qui caractérisent leur engagement envers la clientèle.
Logée encore sur Atateken (Amherst), mais plus proche de Sainte-Catherine cette fois-ci, cette pharmacie occupe un bel espace dégagé et attrayant avec le strict minimum de produits. «Ici, c’est une vraie pharmacie, on ne vend pas de chips, de boissons gazeuses ou d’autres choses, il y a des médicaments et les autres produits de base (analgésiques, traitements contre le rhume et la grippe), etc.», d’expliquer Ayman El-Hadi. «C’est une pharmacie dans le vrai sens du terme dans le sens qu’on n’a pas de cosmétiques, de bureau de postes, de produits nettoyants, etc.», rajoute pour sa part Nicolas Lahaie.
Ainsi depuis l’Apothicaire, soit depuis une vingtaine d’années, cette pharmacie a conservé son aspect de service à la communauté. «Depuis au moins 20 ans, la spécialité de la pharmacie est de traiter les personnes vivant avec le VIH ainsi que les personnes intéressées par la prévention de la transmission (PrEP), poursuit Ayman El-Hadi. C’est la majorité de notre clientèle et nous sommes bien placés pour la servir. Bien sûr, on offre des services aux patients atteints aussi de maladies chroniques comme le diabète, la tension artérielle, les maladies du coeur, etc.» «Certains patients séropositifs sont avec cette pharmacie depuis 15 ou 20 ans, indique Nicolas Lahaie. Plusieurs d’entre eux restent avec nous même s’ils ont déménagés en régions parce qu’ils savent que c’est discret, que le suivi est fait avec le médecin et que nous respectons cette confidentialité.»
Sans jeu de mots ici, on peut dire qu’il s’agit bel et bien d’une pharmacie de proximité.
«Le fait qu’on soit seulement deux pharmaciens ici nous permet d’offrir un service plus personnalisé. On établit un type de relation qui est différent et qui répond aux besoins spécifiques de la clientèle, c’est discret, c’est confidentiel et c’est rassurant pour eux parce qu’ils voient que le patient est notre intérêt principal», souligne Ayman El-Hadi. «On fait tout pour aider les gens, pour s’assurer qu’ils sont fidèles à leurs traitements, mais on fait aussi le suivi avec le médecin, on s’assure que ce suivi soit constant et qu’il n’y ait pas de bris dans les prescriptions», renchérit Nicolas Lahaie.
Ayman El-Hadi a gradué des études en pharmacie en 2012. Il avait fait un stage au préalable au Centre Thoracique de Montréal (affilié à l’Université McGill et connu sous le nom du Montreal’s Chest Hospital) et qui, en fait, était la clinique de traitement du VIH-sida de l’institution. «C’est là que je suis entré en contact avec cette clientèle, de dire Ayman El-Hadi. Je connais donc très bien les gens séropositifs. On connaît leurs besoins et d’être servis et traités sans préjugés. Malheureusement, ce que j’ai observé dans ma pratique, c’est qu’il y a encore de la discrimination et du rejet associé à ces patients. D’où le fait de garantir la discrétion totale ici. […]»
Quant à Nicolas Lahaie, il possède un doctorat en pharmacologie moléculaire (2014), mais il a terminé ses études de pharmacien en juin 2019. Certains le reconnaîtront peut-être puisque Nicolas Lahaie a été technicien au comptoir du Pharmaprix du Village durant quelques temps. «Mes études précédentes étaient au niveau plutôt théorique et scientifiques. Maintenant, je suis en contact avec les gens directement», souligne-t-il.
Au premier trimestre de 2020, un nouveau traitement injectable une (1) fois par mois sera possiblement disponible pour les patients séropositifs. Ceci pourrait améliorer l’observance au traitement chez certaines personnes admissibles. «Au début, c’est sûr que cela sera en clinique, mais par la suite peut-être que ce seront les pharmaciens qui administreront le traitement, note Nicolas Lahaie. On verra bien. Mais une chose est certaine, c’est que c’est une belle avancée pour les patients.» Comme d’autres pharmacies, en raison de la crise des opioïdes, l’ensemble de Naloxone est offert gratuitement pour prévenir les overdoses… La pharmacie offre aussi le service de méthadone pour les personnes en cure de désintoxication. Les pharmaciens sont les seuls responsables de la pratique de la pharmacie et des actes mentionnés.