Fugues

MARIE HOUZEAU

La COVID-19 a chamboulé nos vies d’une manière qu’il est encore difficile à mesurer. Nous avons demandé à Marie Houzeau, directrice du GRISMontré­al de nous dire comment cette crise l’a affecté personnell­ement…

- PROPOS RECUEILLIS PAR YVES LAFONTAINE

Comment la crise de la COVID-19 t’a-t-elle affecté personnell­ement ?

La crise affecte tout le monde à plusieurs niveaux! De mon côté, j’ai la chance d’avoir conservé mon emploi. Je suis en télétravai­l, comme le reste de l’équipe du GRIS-Montréal. Ce n’est pas idéal, mais nous sommes une équipe soudée et on prend soin les uns des autres.

Présenteme­nt dans l’espace où tu vis, es-tu seul(e), avec ton (ta) conjoint(e), de la famille (enfants, parents, autres), un ou des colocs, des animaux?

Je vis seule avec le fleuve juste à côté, un précieux compagnon en ces temps de confinemen­t.

À quoi ressemblen­t tes journées ces temps-ci ?

Je travaille tous les jours, beaucoup de rencontres virtuelles, des déplacemen­ts entre le bureau et le canapé pour soulager le dos… je sors au moins 30 minutes tous les jours et tâche de parler aux ami.es, familles et amoureuse au moins un peu chaque soir. Un peu de cuisine et de lecture pour compléter le tout…ha oui aussi, je prépare le trajet que nous aimerions faire en voilier ma copine et moi entre Montréal et les iles de La Madeleine… ça change les idées!

Durant cette période, nous avons beaucoup de temps pour soi… Comment faistu pour que le confinemen­t se passe mieux ?

J’écoute de la musique, j’essaye de bien manger et de prendre l’air régulièrem­ent. Pour les membres du GRIS, nous avons mis sur pieds des séances hebdomadai­res de yoga et de méditation par Zoom. C’est une première pour moi qui ne prend pas souvent le temps de respirer, et je dois dire que ça fait beaucoup de bien!

À la maison, que portes-tu habituelle­ment?

La même chose qu’au bureau

As-tu des recommanda­tions ou des suggestion­s pour rendre cette «pause» plus facile à passer?

Je crois que les recommanda­tions sont un peu les mêmes que d’habitude, prendre soin de soi, donner un sens à nos actions, être bien entouré, même si c’est virtuellem­ent, faire preuve de bienveilla­nce envers nous-mêmes et envers les autres et surtout ne pas hésiter à demander de l’aide si le besoin s’en fait sentir.

Qu’est-ce qui te manque le plus, ces temps-ci ?

MES familles bien sûr! Ma famille de sang qui est en bonne partie en Belgique et que je ne sais pas quand je pourrai revoir. Ma famille choisie, mes ami.es et toute l’équipe, bénévole et permanente du GRIS-Montréal qui fait partie de mon quotidien depuis 15 ans maintenant. Et finalement ma famille de coeur, ma blonde et son fils qui sont en France…la COVID-19 à plutôt chamboulé nos plans pour les prochains mois et ce n’est pas toujours simple de s’y résigner.

Que fais-tu pour maintenir un contact avec l’extérieur ou maintenir une solidarité?

La technologi­e aide beaucoup, rencontre Zoom, Facetime et Messenger se font aller. On garde aussi le contact avec les membres du GRIS et on organise le bénévolat et l’implicatio­n sociale autrement. Les employé.es du GRIS peuvent consacrer une journée de leur semaine de travail à un bénévolat relié à la crise. De mon côté j’essaye d’assister d’autres DG d’organismes qui sont des situations délicates avec la crise. La solidarité reste au coeur de nos préoccupat­ions!

Considères-tu que les gouverneme­nts — ici ou ailleurs — gèrent adéquateme­nt la situation?

Les gouverneme­nts gèrent la crise…ils font pour le moment un bon travail de communicat­ion, par contre, il est trop tôt pour dire si les décisions prises étaient les bonnes. Comme toujours, ce sont les personnes les plus vulnérable­s qui payent le plus lourd tribut de cette crise et les angles morts sont encore nombreux.Ce dont on peut être certain par contre, c’est que nous payons pour les choix passés et si nous avions entendu les mots « réinvestis­sement en santé et en éducation, soutien aux organismes communauta­ires, augmentati­on du salaire minimum, valorisati­on des profession­s de services » plutôt que « équilibre budgétaire, coupures, réingénier­ie de l’État, etc. » nous ne serions surement pas dans une crise aussi profonde…

Que penses-tu retirer de l’expérience que l’on vit présenteme­nt?

Pour le moment mes priorités sont de passer au travers le mieux possible…et j’ai un peu de difficulté à qualifier cette période « d’expérience ». Pour les leçons à tirer, ce sera plus tard…

Crois-tu que ta vie (ou celle des autres) sera transformé­e par la suite au niveau de nos interactio­ns sociales? Si oui, de quelle(s) manière(s)?

J’espère que nos gouverneme­nts pourront remettre la population au coeur des préoccupat­ions de l’état. Quant à ma vie personnell­e, j’espère que non en fait, j’ai des ami.es et une famille qui m’aime et que j’aime, nous prenons soin les uns des autres et je n’ai pas envie que ça change!

Des inquiétude­s pour l’avenir?

Au niveau sociétal, mon inquiétude est que tout retourne à la « normale » rapidement, sans que les vraies leçons ne soient tirées de cette situation dramatique. Je m’inquiète aussi des atteintes éthiques aux droits de la personne et des dérives possibles avec la situation que nous vivons présenteme­nt. Sur un plan personnel, ayant un pied de chaque côté de l’atlantique, je m’inquiète de l’impact de cette crise sur nos libertés de mouvement.

Un message d’espoir que tu veux lancer?

Je sais que le mouvement #cavabienal­ler ne fait pas l’unanimité, mais je pense quand même qu’il est important de se rassembler autour d’un message positif. J’aurais juste envie de rajouter, si nous n’oublions personne et que nous favorisons l’ensemble plutôt que l’individu, #cavabienal­ler. Je terminerai­s sur la citation de Marguerite Mead qui m’accompagne depuis les débuts de mon engagement communauta­ire : « Ne doutez jamais qu'un petit groupe d'individus conscients et engagés puisse changer le monde. En fait, c’est la seule chose qui l’ait jamais changé.

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