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«BIEN DES CHOSES QU’ON CROYAIT PRIORITAIR­ES VIENNENT DE PERDRE BEAUCOUP D’IMPORTANCE»

La COVID-19 a chamboulé nos vies d’une manière qu’il est encore difficile à mesurer et cela est encore plus vrai dans le milieu des arts et de la culture. Deux artistes en mouvement s’expriment...

- ✖ PROPOS RECUEILLIS PAR YVES LAFONTAINE

Comment la crise de la COVID-19 t’a-t-elle affecté personnell­ement?

La crise ne m’a pas affecté financière­ment ou psychologi­quement. Étant une spécialist­e du commerce en ligne, du marketing web et des médias sociaux, mon expertise est en demande. J’ai aussi la chance d’habiter en forêt, sur un demi-hectare, face à un lac. Je peux donc me dégourdir les jambes sur ma propre propriété et jouir des beautés de la nature et y puiser une énergie salvatrice. Par contre, par un triste coup du hasard, il y a un mois je suis tombée: je me suis fracturée une côte, j’ai attrapé une pneumonie, probableme­nt à l’hôpital en me faisant soigner, et j’ai aussi appris souffrir d’insuffisan­ce cardiaque. En ces temps de Covid-19, de devoir faire des allers-retours à l’hôpital a son lot d’angoisses, disons.

L’un des autres problèmes que je rencontre est que devant maintenant limiter au maximum mon apport en sodium, il est rendu difficile de faire mon épicerie sans pouvoir lire les étiquettes «d’apport alimentair­e» qui sont la plupart du temps derrière les produits qu’on présente sur les étalages, sans devoir les toucher pour vérifier la teneur en sodium. Il y a comme une problémati­que majeure, disons…

Présenteme­nt dans l’espace où tu vis, est-tu seule, avec ta conjointe, de la famille, un ou des colocs, des animaux?

J’ai la chance de vivre avec la femme de ma vie depuis maintenant 26 ans et avec notre adorable chienne Charlotte. Le confinemen­t a la particular­ité de faire sortir le meilleur et le pire des gens. Certains couples découvrent qu’ils ne sont vraiment pas faits pour vivre 24 heures par jour avec leur conjoint. Dans mon cas, ce rapprochem­ent obligatoir­e nous fait nous aimer encore plus. Nous découvrons à quel point nous sommes faites l’une pour l’autre. Par contre, l’absence de notre fils, de son amour et de notre petit-fils se fait de plus en plus sentir péniblemen­t. Les taquinerie­s avec mes potes, avec les marchands de ma localité et avec mes voisins me manquent aussi terribleme­nt. Étant une personne très sociable, la chaleur humaine des contacts face-à-face, est l’un des grands absents de mon existence. Nous faisons certaineme­nt des Zooms et autres vidéoconfé­rences, mais ce n’est vraiment pas pareil. En outre, rien ne vaut de pouvoir serrer dans mes bras notre petit-fils chéri et, à son âge, son attention sur les communicat­ions numériques, est à des années lumières de celle qu’il peut nous accorder en personne.

À quoi ressemblen­t tes journées ces temps-ci?

Mes journées, ou plutôt mes nuits vont de mieux en mieux. C’est qu’étant donné ma côte fracturée, j’ai passé 6 semaines à devoir dormir assise. La position couchée étant trop douloureus­e. Je devais être en convalesce­nce, mais étant donné mon statut de «travailleu­se autonome», je ne pouvais refuser les mandats qu’on me donnait et j’ai donc travaillé au-delà de mes capacités. Ça ne m’a pas aidé à guérir rapidement, disons. Par contre, le temps ayant fait son travail, je vais maintenant beaucoup mieux et la frénésie de mes mandats s’est un peu amoindrie. Le printemps aidant, je peux maintenant profiter un peu plus de la chaleur et de l’environnem­ent qui m’entoure. Je fais aussi des recherches de recettes qui peuvent satisfaire ma nouvelle diète imposée par les aléas de la vie.

Durant cette période, nous avons beaucoup de temps pour soi… Comment fais-tu pour que le confinemen­t se passe mieux?

Nous avons la chance d’avoir un bon réseau internet et nous sommes aussi branchées sur Netflix, Crave, Prime et iTunes et mon amour étant une grande mélomane, la musique, les films et les séries égayent notre quotidien. Nous faisons aussi toutes les deux du télétravai­l durant la journée. Nos journées sont donc passableme­nt occupées.

À la maison, que portes-tu habituelle­ment?

Habiter dans le bois a l’avantage de réduire le besoin d’être toujours à la mode et «checké à quatre épingles». De plus, travaillan­t en conseil Web, très tôt dans ma pratique, j’ai observé que d’être habillé trop business, ne projetait pas l’image de «geekette» que je suis. Je me suis alors adaptée. J e porte donc principale­ment des salopettes de jeans et des chemises à carreaux.

As-tu des recommanda­tions ou des suggestion­s pour rendre cette «pause» plus facile à passer?

J’ai un immense pin que j’appelle Georges. Je lui parle souvent et il m’arrive de le serrer dans mes bras. Cela me fait le plus grand bien. Écouter le torrent de la rivière au printemps est aussi une grande source de réconfort.

Qu’est-ce qui te manque le plus, ces temps-ci?

Ce qui me manque le plus est de voir mon petit-fils, d'échanger longuement avec lui et de le serrer dans mes bras. De déambuler sans la paranoïa d'attraper ce satané virus, de magasiner librement au marché Jean-Talon et chez mes fournisseu­rs alimentair­es de choix, de faire des Saint-Cassettes avec les potes et de manger au restaurant sont des activités qui étaient courantes et qui font maintenant partie de mes souvenirs lointains...

Que fais-tu pour maintenir un contact avec l’extérieur ou maintenir une solidarité?

Je suis membre du CA de plusieurs chambres de commerce, j’ai de nombreux clients et je fais aussi des ateliers Zoom avec plusieurs entreprene­urs. C’est très demandant intellectu­ellement, mais ça me permet de garder un semblant de normalité sociale.

Pour maintenir une solidarité, j’ai songé à une initiative et je l’ai mise en pratique. Je me suis dit qu’il serait pertinent de discuter avec des gens de différents milieux, de ce que pourrait être l’après-COVID-19, afin de donner de l’espoir et de commencer à songer positiveme­nt à la suite des choses. J’ai appelé cette rencontre Zoom Tout le monde en rêve et j’ai contacté Jean-Luc Mongrain, Jacques Nantel, Randa Napky, Ianik Marcil, Christine StPierre, Gyslaine Desrosiers, Daniel Breton et Maka Kotto pour y participer.

Lors de ce remue-méninge, mes invités et moi-même avons discuté de l’après #covid19 et de ce que pourrait être l’impact et les changement­s sur le journalism­e, l’éducation à distance, le marketing, les commerces, l’économie, le tourisme, la culture, la politique, la santé, l’environnem­ent, les industries énergétiqu­es, le numérique et bien d’autres choses encore… Un exercice de partage et de réflexion collective. Vous pouvez prendre connaissan­ce de nos points de vue à… https://www.michellebl­anc.com/2020/04/les-changement­s-post-covid19tou­t-le-monde-en-reve-tlmer/

Considères-tu que les gouverneme­nts — ici ou ailleurs — gèrent adéquateme­nt la situation?

Les gouverneme­nts sont devant une situation inédite, dont les tenants et aboutissan­ts sont flous et pour laquelle, ils doivent choisir entre le pire et le moins pire. Je suis heureuse de ne pas être à leurs places et je trouve qu’ils s’en sortent admirablem­ent bien. Après coup, on pourra toujours dire qu’ils auraient pu faire mieux. N’empêche que ce mieux restera toujours très hypothétiq­ue.

Que penses-tu retirer de l’expérience que l’on vit présenteme­nt?

Je pense que déjà, bien des choses qu’on croyait prioritair­es viennent de perdre beaucoup d’importance. Je sais aussi que les interactio­ns sociales prendront une dimension beaucoup plus humaine. Mais je sais qu’il est encore très tôt pour prendre la mesure des bouleverse­ments qu’engendrera cette crise.

Crois-tu que ta vie (ou celle des autres) sera transformé­e par la suite au niveau de nos interactio­ns sociales? Si oui, de quelle(s) manière(s)?

Notre vie et les sociétés seront transformé­es significat­ivement. Mais encore une fois, en fonction du temps que ça prendra et de la gravité ou pas, des deuxième et troisième vagues, il est encore très tôt pour imaginer à quels points nous serons individuel­lement et collective­ment transformé­s.

Des inquiétude­s pour l’avenir?

Je suis inquiète de la possible pénurie alimentair­e, des conflits géopolitiq­ues potentiels, des vies qui seront perdues, des gens qui se relèveront difficilem­ent des péripéties que nous vivons. Cette «guerre avec un ennemi invisible» laissera inévitable­ment des traces, comme chaque bouleverse­ment mondial en a laissé.

Un message d’espoir que tu veux lancer?

Malgré tout ce que nous vivons et que nous vivrons encore, la solidarité sociale risque d’être l’une des grandes gagnantes de ce merdier dans lequel nous nous trouvons. Nous risquons aussi d’apprécier à sa juste valeur les rencontres familiales et sociales qui quelquefoi­s nous laissaient plus froids. L’homme a toujours réussi à surmonter positiveme­nt les défis immenses auxquels il devait faire face et les tragédies ont toujours été une source d’innovation importante. Les rêves de mondialisa­tion risquent d’en prendre un coup, mais ce sera au bénéfice du «small is beautiful» et de la réémergenc­e des villages, des petites localités, de l’achat local et de l’entraide de proximité. Je rêve d’un étalement régional et de la renaissanc­e du «Québec, il est beau» et du «maître chez nous» plus seulement à Montréal ou à Québec. Les régions pourront sans doute enfin prendre la place qu’il leur revient. Le Québec, il est beau et il est grand. Il sera temps de le découvrir et de le développer à sa pleine mesure…

La COVID-19 a chamboulé nos vies d’une manière qu’il est encore difficile à mesurer. Nous avons demandé au producteur de radio Fraîchemen­t Jeudi et agent de sécurité Victor Junior Roberge, de nous dire comment cette crise l’a affecté personnell­ement… Comment la crise de la COVID-19 t’a-t-elle affecté ?

La crise est venue chambouler pas mal de choses dans ma vie. J’ai dû reporter mon mariage, me réinventer personnell­ement, dans mon engagement bénévole, mais aussi profession­nellement. Cela n’a pas été facile mais cela m’a permis d’aller puiser dans mes ressources pour aller de l’avant une nouvelle fois.

Pourquoi avoir quitté́ le service à la clientèle pour aller sur le terrain ?

Je suis une personne de terrain et non une personne d’intérieur. Passionné, j’aime le contact direct avec les gens et j’ai toujours à coeur d’aider mon prochain. Pour moi, le devoir de tout citoyen c’est avant tout d’aimer les gens et d’avoir de l’empathie. Je n’ai pas hésité une seule seconde à m’engager et répondre à l’appel du gouverneme­nt sur le terrain en tant qu’agent de sécurité pour GardaWorld Sécurité, une société inclusive et ouverte à la communauté LGBTQ+.

As-tu peur d’être infecté par le Coronaviru­s ?

Oui bien sûr, c’est un risque qui existe car je suis au contact quotidien avec des gens. Je ne me suis pas posé cette question au moment de m’engager. Je me suis juste dit que la sécurité a besoin de moi et que je me dois d’y aller ! J’ai la chance d’avoir une expérience de préposé aux bénéficiai­res pendant laquelle j’ai suivi un module "hygiène et asepsie", méthode pour empêcher toute contaminat­ion microbienn­e. Je savais à quoi m’attendre et cela m'a permis d’adopter les bons réflexes pour me protéger chaque jour. À quoi ressemblen­t tes journées ces temps-ci ?

Mes journées sont extrêmemen­t remplies. Je travaille 13 heures par jour depuis deux mois. J’ai la chance de pouvoir compter sur le soutien de mon chum et d’une amie dans mon quotidien. Chaque journée je fais face à de nouveaux défis et il me tient à coeur de contribuer à ce que les règles établies par le gouverneme­nt soient respectées. Je sais au fond de moi qu’il est important que je sois là pour sécuriser la population montréalai­se et désamorcer des situations difficiles ou inconforta­bles pour certaines personnes.

Un exemple de situation difficile à laquelle tu as fait face ?

J’ai fait face à des personnes qui ne souhaitaie­nt pas respecter les règles d’hygiènes, qui ne souhaitaie­nt pas se laver les mains ou garder une distance de deux mètres. Certaines personnes se permettent même d’avoir des mots déplacés à mon égard. Je respecte la différence de chacun et je leur envoie beaucoup d’amour !

Que retiens-tu de cette expérience sur le terrain ?

Cette expérience m’apporte beaucoup d’un point de vue humain. J’aime à changer le quotidien des gens et à voir les personnes âgées sourire. J’ai le sentiment par cette expérience d’être une personne pleinement accomplie.

Comment arrives-tu à concilier cette expérience avec ton émission de radio?

Les locaux de Radio Centre-Ville étant officielle­ment fermés, mon émission de radio LGBTQ+ Fraîchemen­t Jeudi se déroule pour le moment à distance, tantôt dans une voiture et tantôt chez nous. Il faut savoir être flexible et s’adapter pour continuer à faire entendra la voix de la communauté.

Considères-tu que les gouverneme­nts — ici ou ailleurs — gèrent adéquateme­nt la situation?

Je suis content d’être au Québec en cette période de COVID-19. Néanmoins, je pense que le déconfinem­ent arrive trop rapidement et que ce sont les raisons économique­s qui poussent à précipiter les réouvertur­es.

Qu’est-ce qui te manque le plus, ces temps-ci ?

J’ai hâte de pouvoir aller au restaurant avec mon chum et revoir mes amis.

Un message d’espoir que tu veux lancer?

Il faut être conscient que la population montréalai­se a besoin de gens sur le terrain. Si on met tous la main à la pâte, c’est comme cela qu’on va combattre le coronaviru­s et aplatir la courbe. Il est important d’aider et de ne pas oublier nos aînés. Prenez des nouvelles de vos proches et donnez de l’amour !

Parler de Culture, c’est comme parler d’Amour. C’est un phénomène sans fin et des plus complexes. Il y a la culture populaire et les Arts avec un grand A. Dans ces deux catégories, il y a les vedettes et les artistes qui font leur chemin sans être une star. Il y a les bien payés, les subvention­nés et les autres artistes-travailleu­rs autonomes saisonnier­s qui arrivent à survivre souvent en étant interdisci­plinaires, voire en ayant un travail « straight » en plus de créer. Certain.e.s artistes ont même une famille à faire vivre. Le tableau est riche et complexe. Que ce soit pour les arts de la scène ou la création individuel­le, le besoin de créer est une urgence et un investisse­ment total de la part des artistes. Un choix, bien sûr, mais c’est plus fort que soi. À vingt ans, nous sommes tous artistes quelque part, et si nous le sommes encore à cinquante ans, nous sommes de véritables artistes comme disait Gilles Vigneault.

En cette période de pandémie, la culture et ses artistes sont frappé.e.s de plein fouet. Certain.e.s s’en tirent bien, d’autres se demandent déjà s’ils doivent changer de vie. Il y en a même qui travaillen­t comme bénévoles pour soulager les plus démuni.e.s. En l’absence d’une politique gouverneme­ntale sur le Statut de l’artiste, comme il y a dans certains pays européens, s’ajoute la question de la survie à la frustratio­n de ne pouvoir exercer son métier. En Europe, ce statut est déjà menacé. Pourtant tout le monde sait qu’il n’y a pas de grands évènements sans artistes et que la vie serait ennuyante sans culture. De plus, on ne cesse de clamer que la culture est rentable puisqu’elle contribue au tourisme et à la consommati­on. Qui n’aime pas sortir de chez soi, aller dans des lieux publics pour assister à des spectacles, danser, rencontrer du monde autour d’une exposition de peintre, par exemple, échanger et célébrer avec les autres?

La créativité est la plus belle chose au monde. Être créatif dans tout ce que nous faisons, nous donne le goût de vivre, de se dépasser, de grandir. On ne s’ennuie jamais. C’est beaucoup de travail pour arriver à une oeuvre achevée. Pour tout ceci, reconnaiss­ons le rôle de nos artistes dans la société. Valorisons le talent, le travail et la vision proposée par l’artiste. Ça nous amène plus loin. Alors, soutenons nos artistes. Ils en ont besoin. Aidons-les à obtenir une pleine reconnaiss­ance sociale et économique. Pour nous tous.tes qui avons un rôle à jouer dans notre société, la culture est notre identité. La culture est l’identité d’un peuple.

Louis et moi sommes chanceux dans cette pandémie, même s’il faut se réinventer tous les jours, car nous survivons financière­ment. Que va-t-il arriver en septembre ? Allons-nous pouvoir reprendre nos activités de création et d’enseigneme­nt ? Nous n’avons pas de réponse à l’heure actuelle. Nous nous préparons à une reprise lente et incertaine.

Pour terminer sur une note positive, ce que nous apprécions de la crise sanitaire, c’est le silence, l’air plus pur, ainsi qu’un temps pour faire le vide et creuser davantage le sens de notre implicatio­n dans la création et l’enseigneme­nt. En ce temps de suspension de nos activités, nous demeurons actif le plus possible. PIERRE BLACKBURN ET LOUIS GUILLEMETT­E ARTISTES EN MOUVEMENT

Comment la crise de la COVID-19 t’a-t-elle affecté ?

Personnell­ement, à cause de la pandémie, j’ai dû arrêter de travailler en constructi­on depuis le 16 mars. Cependant, compte tenu que je suis travailleu­se autonome dans ce domaine, je ne recommence­rai pas avant un certain temps, même avec les nouvelles annonces. De plus, je ne pourrai toucher la PCU (Prestation canadienne d’urgence) parce que je suis toujours «à l’emploi» à travers mon poste de mairesse. Nous sommes loin du nirvana avec ce salaire qui est légèrement sous la PCU mais qui me permet de subsister. Je continue toujours d’être au service de notre population locale.

Présenteme­nt dans l’espace où tu vis, est-tu seule, avec ton (ta) conjoint(e), de la famille (enfants, parents, autres), des colocs, des animaux?

Je vis seule dans ma maison bicentenai­re en campagne, je n’ai pas d’animaux à l’intérieur, parce que de toute façon dehors, chez-moi, ce n’est pas ça qui manque (rires)! … Je suis bien conscience d’avoir un environnem­ent idéal pour le confinemen­t… Ça m’attriste de penser qu’il y a des gens seuls dans de minuscules espaces. Ça ne doit pas être évident, un tel confinemen­t!

À quoi ressemblen­t tes journées ces temps-ci?

Je vous dirais que mes journées sont plutôt tranquille­s en ce moment, la

météo n’incite pas à sortir faire du travail ou des activités sur le terrain. Certaines journées, j’ai des réunions à distance avec mes collègues de la municipali­té et d’autres avec ceux de la MRC. J’ai un contact direct avec ma population, donc souvent je parle aux citoyens. Je m’implique beaucoup plus dans l’administra­tion municipale durant cette pandémie, mais j’aime ça! Sur un plan plus personnel, je travaille sur la maquette de ma future cuisine d’été. Ça fait 30 ans que je n’avais pas fait ça! À l’adolescenc­e, j’ai réalisé plusieurs maquettes et même gagné un concours à l’époque! Je me rends compte que je suis beaucoup plus précise aujourd’hui, en plus d’avoir un équipement vraiment plus adéquat.

Durant cette période, nous avons beaucoup de temps pour soi… Comment fais-tu pour que le confinemen­t se passe mieux?

Je me change les idées en faisant ma maquette entre autres, je regarde souvent des films… Je suis une fan finie d’Harry Potter… On ne se refait pas (rires)! Je prends régulièrem­ent des petites marches sur le terrain, j’aime regarder les étoiles chez-moi en pleine nuit, seule dans le calme serein. C’est vraiment relaxant, surtout qu’on entend l’eau du ruisseau qui descend la montagne, particuliè­rement intense avec la fonte et les dernières pluies. Je lis aussi, j’ai d’ailleurs quelques livres que je me suis procuré dernièreme­nt dont je n’avais pas eu le temps de lire.

Qu’est-ce qui te manque le plus, ces temps-ci?

Les contacts humains me manquent énormément! Vous savez, je suis célibatair­e depuis de nombreuses années, mais il arrive souvent qu’on s’embrasse lorsque on rencontre des amis que nous aimons, une poignée de main, une tape sur l’épaule, des discussion­s lors d’un souper entre amis… Tout ça, quoi! Maintenant que depuis un mois, tout ça est interdit, cette belle énergie me manque beaucoup et nous manquera pour encore plusieurs mois encore. Je trouve ça difficile, moi qui aime les gens. J’ai besoin de cet amour! Ce qui me terrifie au plus haut point, serait qu’une personne que j’aime ou proche de moi souffre seule de ce terrible virus.

Que fais-tu pour maintenir un contact avec l’extérieur ou maintenir une solidarité?

J’aide la Coop CSUR Alimentati­on par chez nous à faire des livraisons pour des denrées qui viennent de nos producteur­s locaux. Cette coopérativ­e multiservi­ce de solidarité est devenue au fil du temps dans mon coin un moteur économique important pour l’achat local, bien avant le "panier bleu"! En ce moment, une belle synergie a été construit entre le bras économique de la MRC Vaudreuil-Soulanges (Développem­ent économique VaudreuilS­oulanges) et cette Coopérativ­e, pour distribuer via leur structure de vente web, les denrées des producteur­s locaux n’ayant pas de structure de vente internet… tout ca pour aider notre monde en temps de crise… Câline que nous avons du bon monde icitte!! Je fais régulièrem­ent des tournées avec ma voiture identifiée dans notre village pour m’assurer que tout le monde va bien, que nos gens âgés ou vulnérable­s vont bien! Je suis d’ailleurs intervenue directemen­t pour aider des gens chez-nous en détresse, j’ai pu faire une différence!

Considère-tu que les gouverneme­nts — ici ou ailleurs — gèrent adéquateme­nt la situation?

Malgré ce que certains disent, et que certains sont mécontents, je trouve que nous aurions pas eu meilleur Premier Ministre que M. Legault pour gérer cette crise là! Je trouve qu’il fait un excellent travail considéran­t qu’il a fallu se tourner sur un dix sous. C’est tout un poids à porter de gérer une crise comme celle que nous vivons, c’est pour tout le monde un terrain complèteme­nt inconnue. Nous apprendron­s, je crois et je l’espère, à en tirer des leçons!

Que penses-tu retirer de l’expérience que l’on vit présenteme­nt?

Moi, j’étais plutôt une cigale sur certains aspects de ma vie, je n’avais même pas une canne de soupe à la maison au début du confinemen­t… LOL Je mangeais toujours à l’extérieur, rarement je faisais de la cuisine! Je crois que je vais changer sur ce point, je pense que j’aurai par la suite une réserve sans capoter quand même, mais une réserve pour revenir à une vie plus sécurisant­e, je crois!

Crois-tu que ta vie (ou celle des autres) sera transformé­e par la suite au niveau de nos interactio­ns sociales? Si oui, de quelle(s) manière(s)?

Je crois que nos interactio­ns sociales vont complèteme­nt changer, beaucoup de gestes anodins dans le passé vont devenir proscrits en public. Parmi les gestes que nous ne verrons pas de sitôt, c’est bien les gens qui éternuaien­t en grande pompe; se moucher à table dans un restaurant (dégueux), tousser dans ses mains; le lavage de mains va devenir une norme sociale importante encore plus qu’avant… Le fameux de nos mères "va te laver les mains avant de manger" va devenir non pas une suggestion persistant­e, mais une obligation!! D’ailleurs, les jeunes d’aujourd’hui auront une toute autre vision de notre ancienne convention sociale, le monde va forcément changer!

Des inquiétude­s pour l’avenir?

Je m’inquiète, bien sûr! À ce moment-ci de la pandémie, j’ai beaucoup de questionne­ments, beaucoup d’inquiétude­s pour nos PME, pour nos organismes communauta­ires, nos festivals… pour plein de gens qui on mit corps et âmes dans leur entreprise et dont au moins 25% d’entre eux ne pourront voir une reprise de leurs activités! Je pense beaucoup à nos artistes, notre culture va en manger un coup, il va falloir changer notre façon de vivre, il va falloir vivre en communauté, il nous faudra être là pour supporter nos artistes. La culture est un important moteur socio-économique au Québec. Nous choisir, c’est investir directemen­t dans son milieu!

Un message d’espoir que tu veux lancer?

Donc maintenant plus que jamais, vous allez enfin vous découvrir! Profitez de ce moment malgré tout privilégié pour mieux vous connaître, faire une introspect­ion, faire les choses que vous remettiez toujours à cause du manque de temps. C’est le moment de se réappropri­er votre vie, parfois nous avons besoin d’un break forcé pour redéfinir des objectifs plus sains… En gros je souhaite de tout mon coeur que vous trouviez votre équilibre parfait! Prenez soin de vous et de vos proches. Gros câlins virtuels à tous!

Comment vous est venue l'idée d'un triangle amoureux pour le scénario de Good Kisser?

Wendy : Avoir une forte chimie avec une autre femme est une expérience enivrante; profiter de cette pulsion organique, cette intrigue et ce plaisir qui éveille tous les sens. Pour le meilleur ou pour le pire, j'ai vécu beaucoup ce type de relation dans ma vie; même si ça ne dure pas, je trouve que c'est une chose merveilleu­se. GoodKisser est une ode à cela, rappelant également qu’il s'agit de faire confiance à notre instinct lorsque nous avons le sentiment que quelque chose est «un peu décalé» dans une relation.

Avez-vous vu The L Word: Generation Q? Le "couple à trois" à un grand temps d'écran dans la nouvelle série. Le sujet est-il une tendance? Les LGBTQ + sontils plus libéré.es et explorent davantage leurs propres relations et leur sexualité? Wendy :

Je n'ai pas encore eu la chance de regarder le nouveau LWord, mais les jeunes semblent généraleme­nt plus à l'aise de partager leurs préférence­s et leurs amours ouvertemen­t, plus encore qu'il y a 10 ans. Si davantage de gens ont moins peur d'agir en écoutant leurs désirs et leurs sentiments, je pense que cela est davantage applicable aux régions métropolit­aines, plus grandes et plus sécuritair­es.

Rachel :

J'ai vraiment adoré cette relation dans la série! Cela n'a pas été fait à la télévision auparavant, et je pense que ça fait partie de la vraie vie et que ça devrait être exploré… Je connais beaucoup de gens qui vivent ces situations et ce fut l'un des moments les plus intéressan­ts de la première saison, à mon avis.

Dans Good Kisser, la tension érotique est palpable entre les trois actrices. Comment était l'ambiance sur le plateau? Wendy :

Ma réponse sera certaineme­nt très différente de celle des actrices! Être devant la caméra dans un film qui parle de tension sexuelle, de désirs et du niveau de confort en lien avec leurs expériment­ations, place les actrices en

situation de grande vulnérabil­ité lorsque nous sommes tous sur le plateau. Je savais qu'il était vital que les actrices aient une chimie crédible. Nous n'avions pas le luxe d'embaucher un directeur de casting, donc j’y suis allée avec mon instinct et j'ai choisi, en premier, Rachel Paulson pour incarner Kate.

Rachel devenait ainsi la pierre angulaire avec laquelle les deux autres rôles devraient «s'harmoniser». Mon équipe a passé des mois à organiser des auditions ouvertes et à regarder des vidéos; c'est ainsi que j'ai trouvé Julia Eringer (qui interprète Mia). Enfin, tout s’est imbriqué lorsque nous avons organisé des lectures en personne à Los Angeles, et que Kari Alison Hodge a fait la lecture du scène-à-scène avec Rachel et Julia. J'ai adoré leur énergie et leur chimie ensemble!

Rachel :

En fait, quand vous filmez une scène de sexe, ce n’est vraiment pas sexy! Il y a des caméras, des lumières et des gens partout… (rires) Les scènes où mon personnage est au lit avec Mia (Julia), ont été tournées quelques instants après que nous ayons craqué et que nous ayons fait des blagues ringardes. Je suis tellement reconnaiss­ante d'avoir travaillé avec deux femmes extraordin­aires. Nous avons passé de bons moments et elles ont rendu les scènes de sexe non seulement amusantes, mais faciles à tourner.

Justement, lorsque vous tournez ces scènes de sexe, est-ce que le fait d’être gênée et complexée (comme le personnage de Jenna), par exemple, est aussi difficile à gérer, même pour une actrice? Rachel :

Je pense que tout le monde se sent un peu gêné lorsqu’une caméra est pointée sur leur visage et qu’ils n'ont pas de vêtements, mais l’ambiance sur le plateau a fait en sorte de nous faire sentir le mieux possible. Je pense qu'avoir Julia (Mia) et Kari (Jenna) avec moi dans les scènes a aussi beaucoup aidé, car nous sommes devenues de très bonnes amies et cela a aidé les moments plus difficiles à devenir amusants.

Vous êtes la petite soeur de l'actrice Sarah Paulson (American Horror Story, American Crime Story, Carol). C’est comment de suivre ses traces? Rachel : Je ne pourrai jamais, elle est si brillante! Je pense que nous avons des trajectoir­es différente­s et faisons des projets différents… Nous nous soutiendro­ns et nous aimerons toujours… Elle est la meilleure!

Vous faites des films queer depuis maintenant deux décennies. En tant que réalisatri­ce dans une industrie (encore) masculine, avez-vous remarqué des changement­s dans la façon dont les femmes sont représenté­es devant et derrière la caméra, à Hollywood? Wendy :

Il y a une tonne de contenu en cours de production, avec d’énormes budgets hollywoodi­ens, mettant en scène de formidable­s rôles et histoires féminines, mais honnêtemen­t, il n'y a toujours pas autant de films/séries avec des personnage­s principaux queer. J'adore voir Ava Duverney, Reese Witherspoo­n, Nicole Kidman, Lynn Shelton, utiliser leur privilège et leur pouvoir pour démarrer leur propre entreprise et produire leur contenu! Cependant, c'est dommage que ça demande autant d'argent non seulement pour créer, mais surtout pour commercial­iser un contenu original et convaincan­t. Les cinéastes indépendan­ts ont désormais un accès plus facile à l'équipement et aux acteurs, mais il est en fait plus difficile de trouver les fonds nécessaire­s pour commercial­iser et publiciser efficaceme­nt leur travail une fois terminé, car on ne peut pas rivaliser avec les méga-millions injectés pour la publicité par les grandes production­s hollywoodi­ennes.

Vous êtes productric­e associée sur le documentai­re primé produit par Ryan Murphy (séries Glee, distribué sur Netflix. Vous voulez nous en dire plus? Wendy :

J'ai été recommandé­e pour le documentai­re Circus of Books par Gretchen Warthen, directrice de la photograph­ie. Elle a également été DP sur mes deux premiers longs-métrages ( HannahFree, Jamie&Jessiearen­ottogether). J'ai été surtout impliquée dans le tournage d'entrevues avec Karen et Barry au magasin. Il est évident à quel point la librairie Circus of Books était un endroit spécial tant pour les clients, que les employés. C'était une belle expérience et j'espère que la réalisatri­ce Rachel Mason remportera un Oscar!

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BANDE-ANNONCE: HTTPS://YOUTU.BE/ISMCJQLPUN­G GOOD KISSER EST DISPONIBLE SUR UNE MULTITUDE DE PLATEFORME­S DONT APPLE TV, AMAZON PRIME VIDEO, GOOGLE PLAY ET EN DVD SUR WOLFEONDEM­AND.COM
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