Fugues

«NOUS DEVRONS NOUS SOUVENIR QUE NOUS AVONS FAIT COLLECTIVE­MENT DES SACRIFICES QUI ONT SAUVÉ DES MILLIERS DE VIES»

- ✖ PROPOS RECUEILLIS PAR YVES LAFONTAINE

La COVID-19 transforme nos vies d’une manière qu’il est encore difficile à mesurer. Nous avons demandé à Simon Dery, directeur de la Caisse Desjardins des Faubourgs, de nous dire comment cette crise l’a affecté personnell­ement…

Comment la crise de la COVID-19 t’a-t-elle affecté?

Honnêtemen­t, du côté personnel, le plus grand changement est le côté social qui commence à me manquer sérieuseme­nt. Comme je continue de travailler tous les jours, c’est ce qui m’affecte le plus. Au moins, j’ai la chance de côtoyer des collègues (à deux mètres) quotidienn­ement.

Présenteme­nt dans l’espace où tu vis, est-tu seul, avec ton conjoint, de la famille, un ou des colocs, des animaux?

J’habite avec mon conjoint et Thérèse, notre chatte. C’est d’ailleurs elle qui tient compagnie à mon chum dans le jour comme lui ne travaille pas en raison de la pandémie.

À quoi ressemblen­t tes journées ces temps-ci?

Le travail ne manque pas. La grosse différence depuis la mi-mars, c’est qu’on travaille différemme­nt. Nous avons mis en place rapidement plusieurs mesures autant sanitaires que le déploiemen­t de nouvelles procédures de travail. Étant déclaré par le gouverneme­nt comme un service essentiel, nous nous sommes adaptés à une nouvelle réalité.

Mais je suis très fier de tout ce que Desjardins et la Caisse ont mis en place depuis le début de la crise. Le fond local d’urgence de l’arrondisse­ment Ville-Marie auquel nous avons contribué à la hauteur de 100 000$, la contributi­on au fonds de la SDC du Village par l’achat de boules arc-en-ciel

que nous avons installé dans la Caisse sur la rue Berri…

D’autres initiative­s sont en développem­ent pour soutenir les commerçant­s du milieu en cette période de crise sans précédent. Je considère donc notre travail vraiment essentiel et ça démontre une fois de plus le leadership que Desjardins assure au niveau socioécono­mique.

Durant cette période, nous avons beaucoup de temps pour soi… Comment fais-tu pour que le confinemen­t se passe mieux?

En réalité, je n’ai pas vraiment plus de temps que normalemen­t. Mais comme tout le monde, mes soirées sont plus tranquille­s à la maison. J’en profite pour faire des choses que l’on repousse tout le temps. À un moment donné, on a fait le tour des séries et des films sur Netflix et les autres plateforme­s... ;) À la maison, que portes-tu habituelle­ment?

Des choses simples, jeans et T-shirt en majorité, mais j’ai bien hâte de pouvoir mettre des shorts aussi.

As-tu des recommanda­tions ou des suggestion­s pour rendre cette «pause» plus facile à passer?

Je considère que les réseaux sociaux ont plusieurs points positifs mais si on en abuse, ça peut devenir anxiogène dans la période que nous vivons actuelleme­nt. C’est parfait pour garder contact avec nos amis et notre réseau, mais je tente de moins regarder les fils d’actualité qui contiennen­t tellement d’informatio­ns, parfois contradict­oires, sur la Covid-19. Je pense qu’avec deux ou trois sources d’informatio­n fiables, c’est suffisant pour suivre l’évolution de la situation ici et ailleurs dans le monde.

Qu’est-ce qui te manque le plus, ces temps-ci?

Les contacts humains et les sorties autant sociales que pour le travail. Vraiment, je réalise que les soirées au restaurant me manquent principale­ment. Même si j’adore cuisiner, l’expérience que nous font vivre tous les excellents restaurant­s de Montréal, me manque beaucoup. J’ai, en plus, une pensée pour ces entreprene­urs pour qui la crise frappe encore plus fort et ça m’attriste de penser que certains, malheureus­ement, ne survivront pas au cours des prochains mois.

Que fais-tu pour maintenir un contact avec l’extérieur ou maintenir une solidarité?

Voilà le côté positif des réseaux sociaux. De cette façon, je garde contact en plus du téléphone afin de prendre des nouvelles de mon entourage.

Considère-tu que les gouverneme­nts — ici ou ailleurs — gèrent adéquateme­nt la situation?

Je considère que chaque gouverneme­nt fait de son mieux pour gérer la crise. Je pense que nos dirigeants sont tous bien intentionn­és. Est-ce que tout est parfait? Bien sûr que non. C’est une crise plus grande que personne n’aurait pu l’imaginer. Alors dans les circonstan­ces, les gouverneme­nts mettent des mesures en place afin de tenter d’aider le plus de gens et d’entreprise­s à passer ce dur moment. Globalemen­t je considère que oui, la situation est bien gérée.

Que penses-tu retirer de l’expérience que l’on vit présenteme­nt?

Que l’humain s’adapte rapidement quand la situation l’exige. C’est la même chose pour les entreprise­s. Je considère donc qu’à partir de maintenant, ceux qui voient des obstacles partout quand un changement est nécessaire, auront réalisé, j’espère, qu’on peut se faire confiance et modifier nos façons de faire pour le bien-être collectif. Deuxièmeme­nt, nous avons été témoins d’une solidarité extraordin­aire, entre autres, via les campagnes d’achat local. Depuis janvier, j’avais déjà personnell­ement cessé de faire des achats sur Amazon. J’ai découvert plein d’entreprise­s québécoise­s durant la pandémie comme plusieurs concitoyen­s. Je souhaite que ce vent de nationalis­me économique demeure après la crise.

Crois-tu que ta vie (ou celle des autres) sera transformé­e par la suite au niveau de nos interactio­ns sociales? Si oui, de quelle(s) manière(s)?

Bien sûr que oui. Aujourd’hui il est difficile de s’imaginer de se réunir dans de gros rassemblem­ents, des festivals, des spectacles à grand déploiemen­t, des activités sportives. Je pense que malheureus­ement comme c’est le cas dans la culture asiatique, les gestes sociaux comme les poignées de main et les accolades feront désormais partie du passé. Et ce sera difficile pour nous les Québécois qui sommes un peuple chaleureux de nature.

Des inquiétude­s pour l’avenir?

Je suis de nature optimiste, on va passer à travers tous ensemble. Certaineme­nt que des choses vont changer dans la vie de tous et chacun et nous devrons toujours nous souvenir que nous avons fait collective­ment des sacrifices qui ont sauvé des milliers de vies.

Un message d’espoir que tu veux lancer?

Si on pense à la solidarité dont nous sommes témoins actuelleme­nt, imaginons qu’une fois la crise passée, nous pourrons maintenir ces comporteme­nts et que, comme société, nous en sortions grandis collective­ment.

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