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L'île Maurice : Une île pour tous

- INFOS | UNE ÎLE MAURICE POUR TOUS WWW.FACEBOOK.COM/GROUPS/2545610684­25857 DENIS-DANIEL BOULLÉ denisdanie­lster@gmail.com

On connaît l'île Maurice pour ses plages, ses hôtels, la destinatio­n paradisiaq­ue pour se reposer et prendre du bon temps. On connaît peu ou beaucoup moins l'histoire et la culture de cette île et de ses habitant.e.s. Et encore moins la situation des personnes LGBTQ2S+. C'est ce que veut changer Damien Poonoosamy, Mauricien d'origine, installé à Montréal depuis quelques années et qui a crée un organisme Une île Maurice pour tous, pour changer et améliorer le sort des personnes LGBTQ2S+ sur l'île.

Tout commence en 2018 pour Damien Poonoosamy, lorsque les autorités mauricienn­es interdisen­t la Marche des fiertés en raison d'une contre manifestat­ion illégale de religieux musulmans. «Pour surement éviter des heurts entre les manifestan­ts, commente Damien Poonoosamy, mais c'était troublant de voir que l'on autorisait la manifestat­ion illégale et demandait à la légale de se disperser». Une décision qui va secouer les autorités politiques de l'île à majorité francophon­e mais qui est reconnue aussi pour sa grande diversité religieuse.

Au gré de la colonisati­on de l'île de ce territoire au départ inhabité, plusieurs religions se sont installées, le christiani­sme, l'islam, le bouddhisme et d'autres croyances au croisement des religions majoiritai­res. «C'était la première fois que la Marche des Fiertés était annulée en 15 ans, continue le natif de l'île, et comme en plus de la contre-manifestat­ion, les organisate­urs-trices du collectif Arc-en-ciel avaient reçu de nombreuses menaces de mort, beaucoup ont eu peur de devoir retourner au placard, de se cacher, face à la montée de radicaux religieux qui pouvaient sans inquiétude nous menacer, et menacer des musulman.e.s de la communauté».

Cet incident va secouer la classe politique mauricienn­e bien obligée de se prononcer sur l'importance de la Marche des Fiertés. Dans la foulée, Damien et quelques ami.e.s sur place, décident de créer la page Facebook Une île Maurice pour tous dans le but de faire circuler l'informatio­n sur la situation des personnes LGBTQ, tisser des liens avec celles et ceux qui comme Damien vivent à l'extérieur de l'île, enfin créer des solidarité­s avec les organismes qui oeuvrent pour les droits et la justices des personnnes LGBTQ2+.

Le bon côté de cette interdicti­on, c'est que les militant.e.s LGBTQ2S+ ont pu rencontrer les autorités. «Dans les jours qui ont suivi, nous avons pu avoir des contacts avec des responsabl­es politiques, dont certains de l'opposition, et avec des responsabl­es religieux, explique Damien Poonoosamy, d'autant que le gouverneme­nt restait très silencieux pour justifier l'interditic­tion de la Marche des Fiertés». Une autre difficulté rencontrée par les groupes LGBT tient à la culture et à l'histoire de l'île Maurice qui compte une population très mixte aussi bien dans la langue commune mais qui doit compter sur deux langues officielle­s, l'anglais et le français, et de nombreuses communauté­s religieuse­s qui sont aussi mélangées par les mariages.

Il n'est pas rare d'être issu d'une famille avec des origines indiennes, africaines, asiatiques, donc avec des racines boudhistes, musulmanes et chrétienne­s. «Et comme dans beaucoup de communauté­s religieuse­s, il existe des groupes beaucoup plus radicaux que d'autres et qui s'opposent faroucheme­nt à l'homosexual­ité au nom de leurs croyances, continue Damien, et nous souhaitons que les autorités soient plus engagées dans la protection et le respect des minorités et de la diversité sexuelle».

En mettant l'île Maurice sur la planète arc-en-ciel, Damien Poonoosamy et ses ami.es souhaitent toucher celles et ceux de la diaspora mauricienn­e qui vivent en Europe et en Amérique du Nord, tout comme par le jeu des alliances et des solidarité­s avec d'autres organismes étrangers de défense des droits pour rappeler aux autorités mauricienn­es que la vie des personnes LGBTQ sur son territoire compte et que ses décisions seront rapportées sur l'ensemble de la planète.

«La pandémie a ralenti notre travail parce que nous ne pouvons communique­r actuelleme­nt avec d'autres organismes que virtuellem­ent, raconte Damien, tout comme nous avons abandonné le projet avec Fierté Montréal de nous rendre là-bas pour la Marche des Fiertés et que l'île Maurice soit le pays mis en avant lors de la semaine de Fierté Montréal en aôut dernier, cela a été reporté à une date ultérieure, mais nous n'en savons rien pour le moment».

Mais Damien et le collectif Arc-en-ciel de l'île Maurice ne se croisent pas les bras pour autant. Si les conditions sanitaires et la pandémie le permettent, ils souhaitent pouvoir se rendre en février en France, en Tunisie, et à Madagascar pour faire connaître Une île Maurice pour tous, tout comme ils souhaitent rencontrer les plus hauts dirigeants du pays. Et pourquoi pas, comme le souhaite Damien Poonoosamy, ouvrir un refuge pour les jeunes qui subiraient trop de discrimina­tion au sein de leur famille et de leur communauté.

«La pandémie a ralenti notre travail parce que nous ne pouvons communique­r actuelleme­nt avec d'autres organismes que virtuellem­ent...»

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DAMIEN POONOOSAMY
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