Fugues

16 Place au Village / André C. Passiour

-

En vous promenant dans le Village, vous allez remarquer les tubulaires rétroéclai­rés colorés qui enjolivent le secteur. En attendant que la nouvelle installati­on qui remplacera la canopée de boules de Claude Cormier prenne forme, la Société de développem­ent commercial (SDC) Village Montréal nous propose une réinterpré­tation d’une multitude de drapeaux de la diversité sexuelle et de genre.

Et dans le but de veiller à l’harmonie sociale, la SDC a aussi embauché des agent.e.s d’accueil, en plus des agent.e.s sociocommu­nautaires existant.e.s, qui sillonnent le secteur et sont une «ressource intermédia­ire» entre la police et les organismes communauta­ires les commerçant.e.s. On ne chôme donc pas à la SDC !

Yannick Brouillett­e, le directeur général de la SDC Village Montréal, ne s’en cache pas. «Oui, le Village vit des moments difficiles avec cette pandémie et les restrictio­ns. Certain.e.s commerçant.e.s sont au bout de leurs ressources, il va donc falloir que les gouverneme­nts bonifient leurs programmes pour les appuyer».

D’ailleurs, la SDC subit aussi les contrecoup­s de cette crise sanitaire avec une diminution importante des revenus l’an dernier. «Malgré cela, nous redressons nos manches et préparons la relance. Un nouveau projet d’aménagemen­t et d’installati­ons artistique­s sera dévoilé et déployé

dans les prochains mois », dit le directeur général de la SDC.

Les agent.e.s d’accueil

«On veut offrir un environnem­ent sécuritair­e pour tout le monde et que ce soit le plus harmonieux et respectueu­x que possible envers toutes les population­s du Village, explique Yannick Brouillett­e. Nous voulons éviter une situation comme celle engendrée au printemps et à l’été passés lorsque l’aréna CamilienHo­ude avait été transformé en refuge puisque, pour cet hiver, l’Hôtel Place-Dupuis est aussi devenu un refuge, comme tout le monde le sait. Il y a beaucoup de misère humaine. On désire mieux encadrer les personnes marginalis­ées pour minimiser les comporteme­nts problémati­ques que l’on a connus : les cas de psychoses, les surdoses, les ‘’deals’’ de drogues, les gens qui dorment sur le pas de la porte des commerces, etc.

Nous travaillon­s avec l’arrondisse­ment de Ville-Marie, avec la police, avec les groupes qui s’occupent des personnes marginalis­ées, etc. – le comité opérationn­el pour la cohabitati­on sociale – pour que ce soit plus harmonieux. Mais force est de constater qu’il y a un manque de main-d’oeuvre, donc nous avons embauché une firme de sécurité qui fournit des agent.e.s au profil plus psychosoci­al et qui connaissen­t cette clientèle marginalis­ée. Cela assurera une meilleure cohabitati­on […]»

Les agent.e.s ont pour tâches de créer des liens de base avec les population­s marginalis­ées, contacter directemen­t les ressources appropriée­s selon les besoins, réveiller les personnes marginalis­ées et leur demander de quitter les espaces des commerces avant leur ouverture, s’assurer de la propreté et sécurité des lieux, ramasser les seringues et déchets de consommati­on à la traîne, faire appliquer les mesures sanitaires sur le domaine public et, finalement, informer les citoyen.ne.s sur les commerces du Village.

Ces agent.e.s d’accueil patrouille­nt le Village sept jours sur sept et de 9h à 21h et sont donc en faction même les fins de semaine et ce, jusqu’au 30 avril prochain. «Si l’impact est positif, il se pourrait que ce projet se poursuive durant la saison estivale», poursuit Yannick Brouillett­e.

De la lumière et de la couleur

Que vous marchiez d’est en ouest ou le contraire, vous ne pouvez pas ne pas remarquer ces 150 tubulaires rétroéclai­rés qui mettent de la vie par les sombres nuits hivernales. Ici, la SDC Village Montréal a fait appel au studio d’art et de design Daily tous les jours pour concocter des visuels non seulement pétants de couleurs parfois, mais qui véhiculent également un message!

«La SDC nous a contacté depuis plusieurs mois déjà pour voir comment on pouvait mettre en oeuvre le rapport de l’étude ethnograph­ique qui avait été effectuée l’été dernier par la firme Humain Humain, explique Mouna Andraos, la cofondatri­ce de la firme Daily tous les jours. C’était une belle occasion pour nous de retravaill­er avec la SDC. On a lu cet intéressan­t rapport pour comprendre la réalité des communauté­s LGBTQ+ et les recommanda­tions. Il y avait là l’importance de célébrer l’histoire du Village, mais aussi les aspects de sécurité et d’inclusion. […]

Il s’agissait de voir comment redonner une voix et un rôle politique au Village en même temps qu’il devait demeurer un ‘’safespace’’ pour certaines personnes. On a réfléchi à tout ça. Bien sûr, les tubulaires n’allaient pas régler les problémati­ques, mais on a remarqué que les drapeaux [de la diversité sexuelle et de genre] offraient une certaine réponse en mettant de l’avant les communauté­s qui composent le Village. En plus, cela a un effet d’explosion de couleurs et cela fait du bien cet hiver dans le contexte de cette pandémie.»

Pas moins de 35 drapeaux, tous plus colorés les uns que les autres, ont servi de base à cette installati­on. Chaque tubulaire nous présente une réinterpré­tation artistique de deux drapeaux, mais ce n’est pas statique. «Nous voulions que cela puisse représente­r des drapeaux en mouvement, dans le vent, que ce soit dynamique, poursuit Mouna Andraos qui a cofondé Daily tous les jours en 2010. Nous avons donc pris pour base le drapeau arc-en-ciel original de Gilbert Baker, avec les huit couleurs, pour ensuite intégrer les 35 drapeaux qui sont des plus diversifié­s et représenta­tifs de cette grande diversité. Nous voulions que le plus de gens possibles se sentent inclus ici et que, en quelque sorte, chacun puisse se recréer son propre drapeau.» Les différente­s teintes de rouge, de rose, de bleu, de jaune se mêlent ainsi à du brun, du noir, du blanc, du orange, etc. pour créer cette féerie des tons.

Daily tous les jours a déjà participé aux activités de la SDC, notamment en 2012, lors de la 2e année des Boules Roses, on pouvait alors gravir les marches de «Mémorama» et se faire prendre en photo au-dessus des boules ! À l’époque, les ‘’selfies’’ n’étaient pas aussi populaires qu’aujourd’hui. «Plus de 40 000 photos avaient été ainsi prises et partagées, c’était une très belle expérience ! C’est pourquoi nous sommes honoré.e.s de pouvoir être de retour dans le Village et contribuer à revalorise­r le Village dans cette situation-ci de pandémie», souligne Mouna Andraos.

L’automne dernier, la SDC avait lancé son manifeste sur la vitalité économique, sur l’entreprene­uriat, sur la sécurité et sur l’inclusion alors que le Village est justement en transforma­tion autant en raison de la baisse des touristes et des festivalie­rs, due à la crise du coronaviru­s, mais aussi en raison de tous les nouveaux projets immobilier­s qui, une fois construits, logeront des milliers de nouveaux résidents dans le secteur et donc pas toustes des LGBTQ+.

«Un de nos objectifs, avec le manifeste, était de promouvoir une plus grande inclusivit­é afin que, même avec ces changement­s majeurs, qu’il demeure un endroit sécuritair­e, un refuge pour tous les membres des communauté­s LGBTQ+, note Yannick Brouillett­e. Nous avons donc travaillé avec Daily tous les jours et on en est arrivé à ce concept des drapeaux de la diversité sexuelle et de genre pour montrer, justement, à quel point il y a une diversité de communauté­s et promouvoir ainsi l’inclusion et ce, même si c’est le plus grand Village 2SLGBTQ+ au monde !»

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? AMINA ET MAUDE
AMINA ET MAUDE

Newspapers in French

Newspapers from Canada