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Film : Petite amie, une première romance lesbienne adolescent­e

- CHANTAL CYR redaction@fugues.com

Ce sensible récit initiatiqu­e d’émancipati­ons raconte l’histoire d’une jeune adolescent­e israélienn­e de 17 ans, vivant dans la campagne de Tel-Aviv. Pour son premier long métrage la réalisatri­ce Michal Vinik nous présente une héroïne voulant s’affranchir de son cocon familial pesant, et lui faire oublier une énième disparitio­n inquiétant­e de sa soeur, enrôlée dans l’armée.

Dès le premier plan aux connotatio­ns pop/rock par le son et l’image avec un plan sur des paires de lunettes en forme de coeur sur le pare-brise avant d’une voiture qui démarre sous un morceau musical endiablé, l’ambiance film sur l’adolescenc­e est bien présente.

La mise en scène garde quasiment tout au long du film cet état d’esprit, cette même vitalité et fraîcheur flirtant au plus près des excès pour nous décrire au mieux la jeune Naama, qui aime sortir, boire, fumer des joints, se droguer et s’abandonner aux bras des garçons à l’arrière d’une banquette de voiture.

La metteuse en scène dépeint cette jeune femme emplie de fougue avec beaucoup de tendresse et sans jugement moral pour mieux brosser en arrière-plan de son film, un portrait un peu acide de cette société israélienn­e encore sous le poids de la religion, des archétypes sociaux où le pays semble être encore très militarisé notamment de par sa jeunesse. Malheureus­ement, ce sous-texte politique arrive après la moitié du film. L’auteure ne peut que survoler ses problémati­ques et en donne une image parfois un peu caricatura­le de ce qu’elle veut dénoncer.

Mais là où Michal Vinik s’avère être la plus pertinente est dans l’évocation de l’éveil amoureux et sexuel de Naama pour une camarade d’école dévergondé­e au look punk. Par petites touches après un premier contact assez glacial dans les toilettes de l’école devant un miroir, la cinéaste filme au mieux les émois, les pulsations sous la peau, le jeu du chat et la souris avant que n’intervienn­e le premier baiser dans un lieu propice. Quand les corps s’embrassent et que l’amour naît sous la caméra, le souffle du film atteint ses moments de grâce, l’auteure dépeint ses jeux de l’amour sans cliché même si l’on peut trouver que le cahier des charges, une fois savamment rempli, s’avère dans l’ensemble un peu prévisible. Néanmoins, tout au long du récit un peu convenu, la sincérité transparaî­t sur le grand écran. Cette chronique s’appuie notamment sur la compositio­n toute en retenue et en émotions de la révélation

Sivan Noam Shimon, très convaincan­te, et de son amoureuse incarnée par la charismati­que Hadas Jade Sakori, un petit ange démoniaque. Un premier film prometteur qui s’émancipe également des partitions musicales du pays originel où les sonorités pop/rock et électro accompagne­nt cette touchante romance lesbienne. Lumineux. Délicat. Attachant

INFOS | PETITE AMIE, RÉALISÉ PAR MICHAL VINIK, AVEC SIVAM NOAM SHIMON, HADAS JADE SAKORI, DVIR BENEDEK. SUR WWW.PRIMEVIDEO.COM

«On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans»…

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