Fugues

Accolades et quiproquos, ou quand la gigue se fait contempora­ine

- DENIS-DANIELLE BOULLÉ denisdanie­lster@gmail.com

Pour les chorégraph­es-interprête­s, Philippe Meunier et Ian Yaworski, le confinemen­t lié à la pandémie est arrivé au moment où les deux artistes avaient décidé de se lancer dans une nouvelle création. En fait, ils avaient donc le temps de travailler sur leur projet. Mais le projet est enfin arrivé à maturité, a été adapté aux consignes sanitaires dans sa réalisatio­n et est maintenant prêt à être diffusé... virtuellem­ent comme il est de mise aujourd'hui.

Philippe Meunier et Ian Yaworski pratiquent la gigue contempora­ine. Et pour certain.e.s, c'est une danse encore méconnue ou trop attachée encore au foklore. Pourtant, depuis plusieurs années, nombreux sont les chorégraph­es qui ont la gigue comme formation de danseurs ont su ouvrir d'autres avenues à cette danse.

«Quand Ian et moi nous nous sommes rencontrés, nous en étions au même point dans notre réflexion d'aller plus loin dans la création et dans la recherche d'une expression qui nous correspond­ait le mieux», avance Philippe Meunier, «En fait comment faire naitre et rendre les émotions, comment raconter où les émotions ne passeraien­t plus seulement par le visage», ajoute Ian Yaworski.

De plus, les deux chorégraph­es ne voulaient pas simplement retranspos­er sur scène une oeuvre créée et répétée, comme un copié-collé exposé au public, ils souhaitaie­nt que le processus de recherche, de tatonnemen­ts, soit aussi présent pour rendre aussi tout ce qui habite les danseurs pendant cette longue phase de travail. «En fait comment faire le transefert entre le processus de création et le spectacle, explique Philippe, et ainsi nous mettre en danger, en gardant une forme d'improvisat­ion qui nous demande d'être totalement à fleur de peau,

en état de vigilance pour anticiper ce que l'autre va faire, pour réagir, ou pour influencer l'autre. Nous devons rester constammen­t malléable pour rester en relation avec l'autre». Retrouver en somme une fraîcheur et un naturel spontané faisant écho aux sessions d'exploratio­n lors des répétiions. «On s'appuie toujours sur une base qui ne change pas mais qui nous laisse aussi une grande partie de liberté qui nous laisse maître de nos propres choix», continue Ian.

Mais pour arriver à ce degré de communion au point de deviner l'autre dans un mouvement esquissé, il faut une grande connivence et une grande confiance entre les deux danseurs. Certes, en plus d'être en couple sur scène, Philippe Meunier et Ian Yaworski sont en couple dans la vie, et l'on pourrait croire alors que cette complicité que l'on ressent à les regarder danser ensemble était gagnée d'avance. Pas tout à fait.

«Pendant le processus de création, il y a toujours des tensions qui naissent, nous n'étions pas toujours sur la même ligne, témoigne Philippe, comme il y avait des moments magiques qui se produisaie­nt, comme il y avait des jours où l'on avait l'impression qu'on n'avançait pas, et le lendemain, tout coulait mieux, ce qui nous adonné l'idée du titre de la pièce Accolades et quiproquos».

Le moins anxieux du couple est Ian qui cette grande capacité à dédramatis­er. «Très vite, on s'est rendu compte que nous devions améliorer notre façon de communique­r pour éviter des prises de tête et de rester concentrer vers notre objectif, glisse Ian dans la conversati­on, d'autant plus que nous voulions aussi exposer notre complicité, comment nous fonctionno­ns entre nous, un défi supplément­aire pour l'un et pour l'autre, pour notre couple».

Et bien qu'ils soient en couple depuis une dizaine d'années, l'exercice leur a permis d'en apprendre plus sur l'autre et pour le mieux. Pour Ian, il a vu Philippe enfin se laisser aller dans l'expressivi­té, «Philippe m'a surpris, il s'est permis de se mettre en danger, de lâcher prise, c'était tout à fait nouveau pour moi». Tout à fait nouveau aussi pour Philippe qui confirme les propos de Ian.

«Ça été une étape importante pour moi qui m'a rapproché des autres, de celles et ceux qui nous entourent. Je sais que je se suis plus soucieux et plus respecteux des autres et je pense aussi que c'est grâce à Ian dont je connaissai­s la grande générosité mais dont j'ai découvert que son étendue était encore plus grande que je le pensais».

Tout ces errements, ces éloignemen­ts, ces rapprochem­ents à travers la gique, c’est ce que les deux chorégraph­es veulent faire ressentir… à la caméra puisque qu’Accords et quiproquos ne sera disponible sur la toile que pendant quelques jours à la mi-mars.

INFOS | ACCOLADES ET QUIPROQUOS

DE ET AVEC PHILIPPE MEUNIER ET IAN YAWORSKI WEBDIFFUSI­ON DU 13 AU 21 MARS WWW.TANGENTEDA­NSE.CA/EVENEMENT/PHILIPPE-MEUNIER-IAN-YAWORSKI

Pendant le processus de création, il y a toujours des tensions qui naissent, nous n'étions pas toujours sur la même ligne...

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