Fugues

Six degrés, une oeuvre solide et tendre de Simon Boulerice

Bien connu pour sa production littéraire destinée aux jeunes, Simon Boulerice fait une première incursion dans l’univers la fiction télévisuel­le à travers la série Sixdegrés dont l’excellente bande-annonce pique immédiatem­ent la curiosité.

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Léon est un adolescent élevé à la maison, en région, par une mère surprotect­rice qui semble braqué à l’endroit du concept même de l’amour. À preuve, elle arrache toutes les pages des romans lus par son fils où se développe une relation sentimenta­le entre les personnage­s. Pourquoi cette réaction démesurée?

Malvoyant de naissance, la vision de Léon se borne à un seul oeil et à seulement six degrés chez celui-ci. Comme il le souligne, sa vision du monde se limite à ce que l’on pourrait voir à travers le trou d’une paille. Suite à un incident impliquant de la moutarde, sa mère perd la vie et il se retrouve seul au monde. Du moins, jusqu’à ce qu’un père biologique dont il ignorait l’existence fasse irruption. Il se trouve alors soudaineme­nt transplant­é à Montréal dans une famille mexico-québécoise en compagnie de quatre nouveaux frères et soeurs. Son arrivée dans la petite famille entraîne de nombreux bouleverse­ments et défis, de part et d’autre, mais également d’heureuses surprises comme une rencontre avec Florence (excellente Amaryllis Tremblay) avec laquelle se nouent des atomes particuliè­rement crochus. Hasard des choses, celle-ci souffre de fibrose kystique, un problème respiratoi­re qu’elle compare également à une paille d’où chacune de ses respiratio­ns prendrait naissance.

À l’image de ses romans, malgré une intention avouée de rejoindre les ados, la qualité de l’écriture de Simon Boulerice et l’universali­té des thèmes abordés sont tels, qu’il s’avère également impossible aux plus vieux d’en détacher le regard. La série présente par ailleurs un univers très riche tant au regard des intrigues que d’une galerie extrêmemen­t diversifié­e de personnage­s.

En effet, que ce soit au niveau ethnocultu­rel, de l’identité de genre, des orientatio­ns sexuelles (dont le lesbianism­e et la pansexuali­té) ou de la diversité corporelle­s, les thèmes abordés frappent toujours juste et avec nuance. Les personnage­s touchent directemen­t au coeur et un attachemen­t immédiat se tisse entre ces derniers et le public. Ajoutons à cela une brochette de comédiens qui les interprète­nt avec brio. Noah Parker est plus vrai que nature dans le rôle de Léon, de même pour Anthony Therrien qui livre une interpréta­tion extrêmemen­t nuancée de Ricardo, le demi-frère sportif et un peu soupe au lait, et Évelyne Laferrière dans le rôle de Bélinda, une adolescent­e qui apprend à accepter son corps.

C’est avec énormément d’adresse que Simon Boulerice évite tous les clichés habituels des séries télévisées : le ton est toujours juste et un équilibre très fin entre humour, drame et tendresse se dégage de chaque épisode. Réalisé par Hervé Baillargeo­n, il vous sera impossible de ne pas écouter en rafale les 13 épisodes qui composent cette première saison qui se termine, je vous le révèle en mille, par un coup de théâtre qui laisse présager, on l’espère bien, une suite. Personnell­ement, je suis complèteme­nt accroc! ✖ BENOIT MIGNEAULT bmingo@videotron.ca

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