Fugues

Valérie Plante répond à 5 de nos questions

Malgré la pandémie, c'est en présentiel que nous avons pu rencontrer Valérie Plante. Au moment où le secteur du Village vit une crise avec la fermeture des bars, des restaurant­s et des cafés due aux mesures sanitaires, celui-ci, bien malgré lui, est plong

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Pour relancer l'économie et une vie commercial­e, est-ce qu'il n'y aurait pas la nécessité de multiplier les terrasses et les placottoir­s dans toutes les rues perpendicu­laires à la rue Sainte-Catherine ou d'augmenter le nombre de rues piétonnièr­es même partiellem­ent? Pour la piétonisat­ion comme celle sur Sainte-Catherine entre Saint-Hubert et Papineau, c'est évalué en fonction de l'achalandag­e, quand on sait qu'il y a une forte proportion de personnes qui fréquenten­t une rue. Pour les terrasses, bien sûr nous sommes ouverts à leur multiplica­tion car ce serait une bonne façon «de renflouer les coffres des commerçant­s puisqu’on le sait, qu’ils ont été les plus touchés par la pandémie.» Les propriétai­res de bars, de restaurant­s et de cafés qui le souhaitent peuvent demander et décider avec l'arrondisse­ment de retirer des places de stationnem­ent. Nous avons déjà diminué toute la paperasse pour rendre plus facile le processus administra­tif, et le prix du permis demandé ne sera pas plus élevé que l'année dernière, environ une cinquantai­ne de dollars, un montant qui couvre à peine les frais d'ouverture du dossier.

Avant la pandémie, on voyait des commerces fermés et remplacés par des grandes bannières ou encore rester vacants en raison des loyers trop élevés. La situation s'est aggravée avec la pandémie. Quelles solutions prévoyez-vous?

Il faut savoir que contrairem­ent à d'autres artères commercial­es, la plupart des commerçant­s du Village ne sont pas propriétai­res mais locataires. Et contrairem­ent à la Régie des logements, nous n'avons pas de registres des baux commerciau­x pour qu'un futur commerçant puisse se renseigner et comparer. Mais nous travaillon­s à la création de ce registre avec la collaborat­ion de l’Associatio­n des Sociétés de développem­ent commercial de Montréal (ASDCM), dont la SDC du Village. Nous avons une superbe collaborat­ion avec les SDC, et c'est important parce que ce sont elles qui sont sur le terrain, qui ont une très bonne connaissan­ce connais des problémati­ques. Avec la SDC du Village, nous regardons comment attirer des com commerces différents pour assurer une bonne mixité. Une rue commercial­e qui fonctionne bie bien est une rue où l'on peut bien sûr trouver des bars, des cafés, mais aussi des boulangeri­es, etc. e […] D'autant que les projets immobilier­s qui s'en viennent vont sûrement contribuer à un une plus grande diversité de commerces. Je pense aussi, pour aider à la relance économique, qu'il faudra créer un programme accès-commerce, comme il existe un programme accès-logement, ac qui permette à des commerçant­s d'acheter ou de louer des locaux plus facilement fac et moins coûteux. Il faut voir aussi les exemples qui existent ailleurs dans le monde monde, car il y a des expérience­s intéressan­tes. […] Je pense que l'on tend vers cela avec le Projet particulie­r d'urbanisme (PPU) des Faubourgs: l'Avenir du Village.

pAvec le développem­ent dévelop de grands projets immobilier­s, comment embarquer les promoteurs à être plus engagés eng dans la vie de quartier ?

Nous avons souvent so des rencontres avec les promoteurs et nous avançons nos exigences tout en étant conscients c que leur objectif est la rentabilit­é, on discute avec les promoteurs en leur rappelant que la population a de plus en plus d’exigences, et donc qu'ils doivent penser en termes d'espaces verts, d'espaces communauta­ires, d'écoles, etc. Et que ce serait une meilleure image pour eux d'embarquer dans ces exigences-là. On obtient petit à petit des gains qui changent les cadres de la constructi­on à Montréal. L'objectif 20/20/20 (20% de logements sociaux, 20% de logements abordables, 20% de logements familiaux), cela ne se verra peut-être pas demain, mais dans 5 ans, dans 10 ans.

La pandémie a mis en lumière des problémati­ques qui durent depuis des décennies, comme l'itinérance dont les derniers chiffres nous apprennent que 43% de tous les itinérant.es à Montréal se retrouvent dans Ville-Marie et sont une source de problèmes et d'inquiétude­s. Je crois qu'il faut rappeler à la population de Ville-Marie que l'itinérance n'est pas de compétence municipale mais provincial­e. On a tendance à l'oublier. La décision d'ouvrir comme refuge l'hôtel de la Place Dupuis a été prise par le CIUSSS du Centre-Sud-de-l'Îlede-Montréal avec le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux [Lionel Carmant]. Compte tenu de la situation, il était urgent de pouvoir trouver des lits pour les personnes itinérante­s avec la fermeture d'un certain nombre de refuges mais j'ai rappelé au ministre que la réquisitio­n de l'hôtel de la Place Dupuis ne pouvait être que temporaire. La pandémie a entraîné une augmentati­on de cette population vers le centre-ville car elle savait qu'elle y trouverait des services qui n'existent pas ailleurs sur l'île. Mais cela met une pression indue pour les résidents et les commerçant­s du Village, c’est pourquoi il faut distribuer de tels services dans d’autres quartiers et qu’il ne faut pas arrêter les ressources accordées par le gouverneme­nt pour l'itinérance avec la fin de l'hiver, ni même de la pandémie. On ne peut pas laisser la Ville, l'arrondisse­ment et les organismes communauta­ires qui sont en première ligne avec cette problémati­que, une problémati­que qui date de bien avant la pandémie. Il faut trouver des solutions qui tiennent compte des besoins des personnes itinérante­s, comme la santé mentale, la toxicomani­e, ou encore un simple problème de logement qui ne date pas d'aujourd'hui, ni même de la pandémie. Mais soulignons-le encore, la question du logement social est de compétence provincial­e et qu'il n'y a eu aucun investisse­ment lors des deux derniers budgets provinciau­x. Mais il faut une vision à long terme et concertée.

Il y a de plus en plus de femmes à la tête de grandes métropoles, est-ce qu'il est facile pour une femme d'occuper un poste encore traditionn­ellement réservé à un homme?

Il est certain que les gens, et parmi lesquels beaucoup de femmes, vont moins pardonner à une femme en politique qu'à un homme. Tant qu'il n'y aura pas plus de femmes en politique avec des postes de responsabi­lité, il y aura encore comme perception que ces femmes qui osent doivent être parfaites. Il reste encore cette perception qu'une femme ne doit pas déroger à certains critères. Entre autres, si on regarde du côté des hommes en politique, qu'ils aient des qualités et des défauts, qu'ils fassent ou non des erreurs, on considère qu'ils font la job. Pour une femme faire la job, ce n'est pas suffisant. Et quand elle tombe, elle tombe de plus haut. Et en plus il existe ce qu'on appelle la malédictio­n du second mandat pour les femmes. Aucune femme en politique ayant eu un mandat avec de très hautes responsabi­lités n'a été réélue au Canada, que ce soit au municipal, au fédéral et au provincial. Sachant cela, je vais aborder la campagne électorale avec la même humilité. Je fais la job, je ne suis pas parfaite, je continue d'apprendre, je vais continuer à m'améliorer, mais je ne me changerai jamais pour être quelqu'un que je ne suis pas. ANDRÉ C. PASSIOUR apassiour@gmail.com DENIS-DANIEL BOULLÉ denisdanie­lster@gmail.com

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