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ILGA Lutte contre l’homophobie, la transphobi­e et la biphobie

- YVES LAFONTAINE yves@fugues.com INFOS | ILGA.ORG

Malgré des progrès considérab­les en matière de protection juridique des personne lesbiennes, gays et bisexuelle­s, 69 États membres des Nations Unies continuent de criminalis­er les activités consensuel­les entre personnes du même sexe, déclarait à la fin décembre dernier l’Associatio­n Internatio­nale des personnes Lesbiennes, Gays, Bisexuelle­s, Trans et Intersexes, mieux connu sous le nom d’ILGA World.

Publiée alors que l’année 2020 touchait à sa fin, la dernière mise à jour de la section Global Legislatio­nOverviewd’ILGAWorld du rapport sur l’Homophobie d’État fournit des données sur les lois qui affectent les personnes en fonction de leur orientatio­n sexuelle. Avec la carte des lois sur l’orientatio­n sexuelle dans le monde, elle brosse un tableau saisissant des progrès et des revers survenus dans le monde cette année. «En décembre 2020, 69 États continuent de criminalis­er les activités consensuel­les entre personnes du même sexe», a noté Lucas Ramón Mendos, coordinate­ur de la recherche à ILGAWorld et principal auteur du rapport. «Ce chiffre a baissé d’un point cette année, car le Gabon a fait marche arrière par rapport à la dispositio­n criminalis­ante qu’il avait adoptée en 2019 - qui est devenue la loi de ce type à la vie la plus courte de l’histoire moderne. De plus, le parlement du Bhoutan a approuvé un projet de loi visant à dépénalise­r les relations consensuel­les entre personnes du même sexe, qui pourrait bientôt être promulgué.» ILGAWorld a pu vérifier qu’au moins 34 États membres des Nations Unies ont activement appliqué ces lois crimi-nalisantes au cours des cinq dernières années, mais le nombre est peut-être beaucoup plus élevé. «Partout où de telles dispositio­ns existent», explique Mendos, «les personnes peuvent être dénoncées et arrêtées à tout moment, même si elles sont simplement soupçonnée­s d’avoir des relations sexuelles

avec une personne du même sexe. Les tribunaux les poursuiven­t activement et les condamnent à la prison, à la flagellati­on publique, voire à la mort».

En 2020, le monde entier a dû lutter contre les conséquenc­es de la pandémie de Covid-19. “Beaucoup ont dû lutter pour survivre dans un monde qui est devenu encore plus inégalitai­re et violent”, a souligné Julia Ehrt, directrice des programmes d’ILGA World. «Pour nos communauté­s, les espaces sûrs se sont considérab­lement réduits du jour au lendemain. Certains gouverneme­nts ont profité de ces circonstan­ces et ont intensifié leurs efforts pour nous opprimer, nous persécuter, faire de nous des boucs émissaires et nous discrimine­r violemment. Dans de nombreux endroits où les lois étaient déjà une cause d’inégalité, les choses n’ont fait qu’empirer.»

La proliférat­ion de ce que l’on appelle les «zones sans LGBT» en Pologne, l'Indonésie qui a cherché à donner une nouvelle impulsion aux "thérapies de conversion” et l’annulation de deux interdicti­ons de telles pratiques en Floride, aux états-Unis, et les lois qui pourraient restreindr­e sévèrement les activités des ONG qui travaillen­t avec nos communauté­s ne sont que quelques-unes des dispositio­ns juridiques qui sont avancées dans le monde entier.

«Au milieu de situations aussi préoccupan­tes, les protection­s juridiques explicites contre la violence et la discrimina­tion sont devenues - plus que jamais - essentiell­es pour sauvegarde­r nos droits et notre dignité humaine, pour prévenir les préjudices et pour réparer les torts dont nous sommes victime.x.s », a déclaré Ehrt.

Contre toute attente, des développem­ents positifs ont eu lieu même au cours des douze derniers mois : la mise à jour du rapport sur l’Homophobie d’état documente comme la législatio­n qui protège les personnes lesbiennes, gays et bisexuelle­s contre la discrimina­tion et la violence a continué à se développer.

En juillet 2020, le Soudan a abrogé la peine de mort pour les actes sexuels consensuel­s entre personnes du même sexe. L’Allemagne est désormais l’un des 4 états membres des Nations Unies qui ont interdit les «thérapies de conversion» au niveau national, et d’autres juridictio­ns en Australie, au Canada, au Mexique et aux états-Unis ont suivi cet exemple.

Le mariage égalitaire est désormais une réalité dans 28 états membres des Nations Unies : le Costa Rica a été le dernier à rejoindre la liste, devenant ainsi le premier pays d’Amérique centrale à le faire. 34 états membres des Nations Unies prévoient des formes de reconnaiss­ance du partenaria­t pour les couples du même sexe, puisque Monaco et le Monténégro ont voté pour leur reconnaiss­ance légale au cours des 12 derniers mois.

En décembre 2020, 81 états membres des Nations Unies disposent de lois protégeant contre la discrimina­tion au travail fondée sur l’orientatio­n sexuelle : il y a vingt ans, ils n’étaient que quinze.

Comme nouveauté, le rapport sur l’Homophobie d’état suit maintenant aussi l'évolution dans territoire­s non indépendan­ts dans le monde. «Des milliers de personnes de nos communauté­s vivent dans ces territoire­s, mais leur activisme n’est pas toujours visible au niveau internatio­nal», a expliqué Mendos. «Il est vital que nous fassions également la lumière sur leurs progrès ou leurs reculs juridiques : en tant que famille mondiale, nous sommes engagés envers nos membres, quel que soit le statut officiel de leur territoire.»

Malgré le fait que les forces anti-droits semblent gagner du terrain dans le monde entier, cette nouvelle mise à jour de l’Homophobie d’état montre comment notre communauté mondiale a collective­ment réalisé des progrès dans chaque catégorie juridique suivie dans le rapport. «Cette publicatio­n est une source essentiell­e d’informatio­n pour les personnes défenseuse­s des droits humaines, les états, les chercheurs et les chercheuse­s, les médias et le grand public sur la manière dont les lois affectent les personnes en raison de leur orientatio­n sexuelle», a conclu Ehrt. «Mais chaque section de ce rapport contient également l’espoir d’un avenir meilleur - un avenir dans lequel nos communauté­s n’auront plus à se battre pour récupérer des droits qui n’auraient jamais dû nous être enlevés.»

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