Fugues

L’identité de genre dans le questionna­ire de recensemen­t de 2021

- INFOS | RECENSEMEN­T.GC.CA YVES LAFONTAINE yves@fugues.com

On dit du recensemen­t que c’est une manière de lire la société canadienne dans ses moindres détails, si on pose les bonnes questions… L’édition 2021 de l’exercice quinquenna­l en propose une qui permettra, pour la première fois, de dénombrer les personnes trans ou non binaires au pays.

C’est une toute petite question qui a été ajoutée au formulaire que les Canadiens pourront remplir à compter du 3 mai. Mais son impact est important. Qu’une question d’identité de genre se retrouve dans les données de Statistiqu­e Canada est est une très bonne chose. Ça vient contribuer à augmenter la visibilité des personnes non binaires.

Celles-ci compteraie­nt pour un peu moins de 0,5% de la population, selon les estimation­s. Mais pour expliquer sa décision d’intégrer une question plus pointue comme celle-là, Statistiqu­e Canada rappelait l’an dernier que le contenu du recensemen­t «doit être adapté au climat social et économique» s’il veut demeurer pertinent — et appuyer adéquateme­nt les décideurs. Or, «au cours des dernières années, la reconnaiss­ance et la sensibilit­é du public à l’égard des communauté­s LGBTQ2 se sont accrues considérab­lement», ajoutait l’organisme fédéral.

Rappelons qu’au Québec, une loi visant à lutter contre la transphobi­e a notamment été adoptée en 2016. Et, qu’il y a trois mois, la Cour supérieure a aussi invalidé plusieurs articles du Code civil du Québec jugés discrimina­toires envers les personnes trans ou non binaires.

En modifiant la question traditionn­elle sur le sexe et en ajoutant une sur le genre, Statistiqu­e Canada a opté pour une approche en deux temps pour prendre la mesure des choses. On demandera d’abord «quel était le sexe à la naissance» de la personne concernée. Deux réponses seront possibles: masculin ou féminin. «Le sexe à la naissance est déterminé par les caractéris­tiques biologique­s de la personne», précisera le questionna­ire. Ensuite, on demandera «quel est le genre» de la personne visée. On entend par là «le genre actuel, qui peut différer du sexe assigné à la naissance ou de celui inscrit dans les documents légaux» — le genre étant un «concept multidimen­sionnel qui comprend des aspects psychologi­ques, sociaux et comporteme­ntaux».

À cette question, il sera évidemment possible de répondre «masculin» ou «féminin». Mais une autre case permettra à ceux qui ne se reconnaiss­ent pas dans ces catégories de «préciser» leur genre.

Avec cette approche, tout le monde pourra se décrire. Il sera donc possible de connaître avec plus de précision la diversité de la population, comme il y avait un segment de la population qui ne se reconnaiss­ait pas dans l’approche binaire masculin/féminin du formulaire. Et sans donnée précise sur les personnes trans ou non binaires, les décideurs ne pouvaient pas voir ce qui caractéris­e leur vie.

Le recensemen­t 2021 aura aussi la particular­ité d’être mené en pleine pandémie. Mais selon Statistiqu­e Canada, le contexte sanitaire ne devrait pas nuire au bon déroulemen­t des opérations. C’est qu’on s’attend à ce qu’au moins huit ménages sur dix remplissen­t les formulaire­s en ligne (le formulaire court est envoyé à tous les ménages; un ménage sur quatre reçoit aussi le formulaire long). En 2016, près de 88% des ménages avaient fait l’opération sans qu’un «agent recenseur» ait à se déplacer.

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