Fugues

Martine Roy, donner au suivant

- JULIE VAILLANCOU­RT julievaill­ancourt@outlook.com

Si au fil des dernières décennies, Martine Roy a confirmé, à travers ses implicatio­ns, comment un individu peut faire changer les choses au sein d’une entreprise et participer à l’évolution sociale des mentalités, elle s’affaire aujourd’hui à révéler comment une entreprise peut soutenir le communauta­ire et être vecteur de changement. Entrevue avec la directrice régionale, développem­ent des affaires LGBTQ2+ Québec & l’Est du Canada pour la Banque TD.

Si Martine occupe ce poste depuis deux ans, son implicatio­n dans la communauté LGBTQ+ québécoise ne date pas d’hier. Elle travaille notamment chez IBM pendant 20 ans, où elle met sur pied des initiative­s pour soutenir les employés LGBT et promouvoir un milieu de travail plus inclusif. Puis, elle participe à la fondation de Fierté au travail Canada, organisme pour lequel elle siège sur le CA pendant une décennie. Martine sera d’ailleurs présidente de la Fondation émergence. Congédiée des Forces armées canadienne­s pour son homosexual­ité à 19 ans, la militante mène le recours collectif qui s’est conclu par des excuses du gouverneme­nt fédéral en 2017 et par la création du Fonds Purge LGBT, une société sans but lucratif comptant six administra­teurs bénévoles, dont Martine. Si Martine s’est vue décernée la Médaille de l’Assemblée nationale du Québec, en 2017, sa carrière du «donner au suivant» ne fait que commencer…

Et pour cause, le curriculum de Martine n’a d’égal que sa parole engagée. Faire face à de nouveaux défis profession­nels, à un poste de direction des affaires dans la cinquantai­ne, est un défi de taille que la mère de deux enfants a relevé avec brio. «Quand je suis arrivée, c’était une équipe de gars. Là, il y a une autre fille, à Halifax, dans le territoire que je couvre», appuie la directrice régionale, développem­ent des affaires LGBTQ2+ Québec & l’Est du Canada pour la Banque TD. Elle fait désormais partie du «monde des affaires», un boys club, «et je le ressens dans toutes les sphères de la finance. Certains me prennent au sérieux, d’autres non, mais j’ai été mise là pour la bonne raison! J’ai vraiment un soutien incroyable de Sylvie Demers, à la direction au Québec ».

Femme d’affaires et de coeur, Martine ne mâche pas ses mots quant au travail qu’il reste à faire à l’intérieur même de la communauté pour pallier les inégalités. «Que tu sois gai ou hétérosexu­el, ou trans, nomme-les, on est dans un monde d’hommes. Ça vraiment été, pour moi, une révélation indirecte de me rendre compte qu’on a été là, à faire des pride, mais à la fin de la journée, on n’en a pas fait autant pour les lesbiennes que pour les gais. Les gais en sont ressortis beaucoup plus gagnants que les lesbiennes. Ça va avec notre société: la femme arrive toujours après. J’ai enfin l’opportunit­é d’en faire plus pour les femmes. J’adore dire que la première lettre du LGBT, c’est une femme.

«Il faut les supporter plus, car moins visibles», explique Martine, soulignant que la TD finance désormais maints projets pour la communauté des femmes de la diversité sexuelle, à commencer par LSTW et son magazine, une initiative chapeautée par Florence Gagnon. «Elle a la moitié de mon âge, mais elle m’a beaucoup appris», notamment à aller chercher les plus jeunes et engendrer le dialogue entre les femmes de diverses génération­s. «Comment représente­r toutes les femmes de divers horizons, c’est le grand défi, car une lesbienne, avant tout, c’est une femme», appuie Martine en enchainant sur les projets financés, notamment ceux du Réseau des lesbiennes du Québec (RLQ) avec la Journée de visibilité lesbienne, ou encore Le Chaînon, qui vient en aide à toutes les femmes en difficulté. «Mettre les femmes de l’avant n’a pas été facile, mais c’est sûr que j’avais un bon "businessca­se" ppour convaincre Daniel Rozak, ça vaut la peine de le faire en ce moment. #BlackLives­Matters n’a pas arrêté le Pride de Toronto, en 2016, pour rien; il y a un message à retenir…»

On ne peut passer sous silence l’implicatio­n de la Banque TD dans la communauté LGBTQ+ montréalai­se, qui n’a pas hésité à afficher ses couleurs lors de la Fierté. Nombreux sont ceux et celles ayant vu défiler ces beaux mecs sur les chars, ou ayant reçu un condom à l’effigie de la banque lors de la journée communauta­ire, de par un marketing «très gai», à l’époque. «Quand j’ai accepté de prendre la job chez TD, j’avais l’impression que cette banque ne donnait qu’à Fierté Montréal. Ça a donné des pride grandioses et gigantesqu­es, des opportunit­és à plein de monde, mais je ne voyais pas les autres choses que TD faisait», souligne Martine. Or, ce n’est pas parce que c’est invisible que ça n’existe pas, une leçon que les lesbiennes ont jadis apprise…

«Et là, je me suis rendu compte qu’ils donnaient à d’autres organismes comme La Maison d'Hérelle – A Taste for Life. Ce fut mon premier évènement d’ailleurs. Ensuite La Maison du Père, Enfants Transgenre­s, où TD leur a permis d’engager des employés, Interligne avec La Grande Démesure. D’ailleurs, suite à une demande nationale, Interligne vient d’obtenir un demi-million!», appuie Martine au sujet des initiative­s financées par TD. Au final, donner au suivant, c’est davantage que s’afficher comme inclusif: c’est être proactif pour la communauté.

Soutenir le communauta­ire et être un vecteur de changement. Appuyer financière­ment toutes les lettres de l’acronyme qui composent la communauté, c’est investir l’espace social. «Nous avons été là pour les fiertés des gars, donc on voulait être là pour les fiertés des filles», conclut Martine au sujet du financemen­t de la Journée de visibilité lesbienne, par la Banque TD, qui aura lieu en juin prochain.

INFOS | NE MANQUEZ PAS LA CHRONIQUE TD DE MARTINE ROY, À L’ÉMISSION FRAICHEMEN­T JEUDI, SUR LES ONDES DE RADIO CENTRE-VILLE. POUR PLUS D’INFORMATIO­NS SUR LE FONDS PURGE LGBT : LEFONDSPUR­GELGBT.COM

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MARTINE ET SA FAMILLE

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