Fugues

Les étudiant.es LGBTQ+ font la tournée des grands cabinets d’avocats

-

Le milieu du droit a depuis des décennies la réputation d’être conservate­ur, macho, sexiste et homophobe. Afin de briser cette image qu’il juge vieillotte, l’avocat Lukas Kilravey a invité les futur.es avocat.es LGBTQ+ à prendre part à une tournée pancanadie­nne des grands cabinets d’avocats.

Quelques mois après avoir fait ses débuts profession­nels, Me Kilravey a réalisé que plusieurs vieux préjugés envers son environnem­ent de travail tenaient encore. «J’étais surpris d’entendre plusieurs étudiant.es évoquer les rumeurs voulant que les cabinets d’avocats étaient tous fermés d’esprit et homophobes, dit-il. Je pense que ce n’est plus comme ça depuis au moins dix ans. Ces organisati­ons investisse­nt beaucoup de temps et d’argent à recruter des étudiants de différents horizons, que ce soit dans les communauté­s culturelle­s ou dans la communauté LGBTQ+.»

Il a donc eu l’idée, avec sa collègue Chloé Richardson, d’inviter les étudiant.es à découvrir la réalité. «Je sentais un besoin de les amener à voir comment ça fonctionne, avant qu’ils et elles entreprenn­ent la fameuse course aux stages. Les cabinets d’avocats ne font pas beaucoup de publicité. Parfois, ils assument que les étudiant.es savent comment ça fonctionne chez eux.» à l’hiver 2020, 28 participan­t.es originaire­s d’un peu partout au pays se sont rendu.es à Toronto pour une première expérience. Un an plus tard, près de 120 étudiant.es ont participé à une rencontre virtuelle – COVID oblige – avec des cabinets situés à Montréal, Québec, Ottawa, Toronto, Calgary et Vancouver.

Au Québec, on dénombrait 12 cabinets partenaire­s: Borden Ladner Gervais, Davies, Fasken, Lavery, LCM Avocats, McCarthy Tétrault, McMillan, Miller Thomson, Norton Rose Fulbright, Osler et Stikeman Elliot. «J’ai des amis dans les différents cabinets, souligne Me Kilravey. Tout le monde que j’ai contacté m’a dit oui ou presque. Ils adoraient l’idée et ils étaient heureux de participer.» Durant l’événement virtuel, chaque cabinet avait une heure à sa dispositio­n pour se présenter à sa façon. «Certains présentaie­nt les patrons ou les personnes responsabl­es de la diversité et de l’inclusion dans leur cabinet. D’autres ont présenté certains avocats LGBTQ+ qui avaient beaucoup de succès chez eux et des causes pro bono en lien avec des enjeux LGBTQ+ que leur cabinet avait défendues. Ils étaient tous excités de montrer aux étudiant.es à quel point ils étaient accueillan­ts.»

Un enthousias­me qui s’est avéré nécessaire pour en convaincre certain.es que les bureaux d’avocats ne correspond­aient plus aux vieux clichés. «Des étudiants ont demandé s’ils devaient être au courant de ce qui passe dans le hockey pour avoir leur place dans les discussion­s informelle­s au bureau. Ça peut sembler ridicule de l’extérieur, mais c’est encore une crainte réelle. Plusieurs des participan­t.es étaient heureux de voir que ce n’était plus le cas et qu’ils n’allaient pas côtoyer des collègues qui sont encore pris dans les mentalités des années 1950. Les étudiant.es ont beaucoup aimé leur expérience!»

En 2022, Lukas Kilravey compte bien organiser une troisième édition de la tournée des grands cabinets pour les étudiant.es de la diversité sexuelle. «Même si la pandémie sera possibleme­nt sous contrôle à l’hiver prochain, on va probableme­nt organiser un événement présentiel et virtuel, afin de rendre l’événement plus accessible pour les étudiant.es qui ne sont pas dans les grandes villes.» Il souhaite également que les cabinets québécois soient plus nombreux à s’investir. «Seules 12 firmes ont participé à Montréal et Québec, alors que j’imaginais que ce serait les endroits avec le plus de cabinets impliqués. On n’a pas eu autant d’intérêt que j’espérais au Québec, mais on va travailler là-dessus.»

SAMUEL LAROCHELLE samuel_larochelle@hotmail.com

INFOS | WWW.DROIT-INC.COM

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada