Fugues

Histoires de coming out

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Dès le 3 mai prochain, sur les ondes de MOI ET CIE, la comédienne, chanteuse et animatrice Debbie Lynch-White s’invite dans votre salon pour vous présenter des Histoires de comingout. Des LGBTQ+ de tous horizons et de tous âges, ainsi que des personnali­tés du milieu artistique québécois témoignent de ce passage, parfois difficile, certes nécessaire, pour aider à comprendre et à accepter. Discussion avec Debbie Lynch-White.

Quelle est la genèse de ce projet?

L’idée m’est venue en jasant avec ma blonde. On s’est comme rendu compte que c’est un sujet dont personne n’avait parlé, du moins sans vraiment l’approfondi­r. Pour moi, ça ne faisait aucun sens, car c’est tellement important. Je voulais mettre en lumière des gens qui l’ont vécu à travers leurs histoires. Ça touche les personnes homosexuel­les, mais également toutes celles qui le reçoivent.

C’est une réalité qui touche beaucoup de gens et en 2021, au Québec, parfois ça brise encore des familles, malheureus­ement, et j’avais le goût de faire ma part pour que ça n’arrive plus. J’avais aussi envie de démystifie­r le comingout, de mieux le comprendre. Je me dis que dans cette position-là, on peut tous apprendre quelque chose. Même moi, qui fais partie de la communauté, j’apprends des choses dans cette quête.

Des exemples de comingout dans la série qui t’ont particuliè­rement touchés?

J’ai été très touchée dans le premier épisode par le parcours de Karine et sa mère, Francine. Une femme de 73 ans qui a mal reçu le comingout de sa fille; les ponts ont été coupés pendant un an. Sa mère a toujours eu très peur de ce que les autres vont penser, c’est souvent ça autour du comingout.

Elle en est rendue, quelques années plus tard, à tellement s’en foutre, par amour pour sa fille, qu’elle passe à la télé. Là, elles se sont retrouvées et voir le chemin parcouru, je trouve ça beau! Il y a aussi Christina, élevée chez les Témoins de Jéhovah, qui m’a beaucoup touchée par sa force, sa lumière. Toute sa famille l’a reniée. Ils ont choisi la religion au lieu de leur fille. Même si elle porte cette blessure, elle est tellement heureuse; elle a fait son deuil. C’est beau de voir que chacun a son parcours et ses embûches, mais que tout le monde, en bout de ligne, se choisit. C’est rayonnant, puissant.

Et il y a quelque chose de rassembleu­r dans la notion de comingout, du moins en tant que communauté, car on passe tous par là d’une certaine façon…

Oui vraiment. C’est pour ça que je disais à l’équipe que je n’aurais pas animée n’importe quelle émission sur n’importe quel sujet. Je m’y reconnais beaucoup. Je l’ai vécu et je sais en maudit ce qu’ils traversent. On a des peurs, des inquiétude­s, des réflexions similaires. Il y a une connexion qui se fait instantané­ment.

Les LGBTQ+ font souvent plusieurs comingout dans leur vie (famille, amis, milieux profession­nels, etc.). As-tu parfois l’impression d’un éternel recommence­ment?

Oui il y a plusieurs comingout à faire dans une vie. Je pense que le premier est le plus "tough", ou les premiers, car les parents et les amis, c’est souvent les plus marquants. Mon but avec cette sérielà, ce n’est pas qu’on n’ait plus à faire de comingout… C’est drôle, moi-même j’ai évolué sur la question au fil des tournages.

Au début, je me suis dit que je faisais ça, car je ne voulais plus qu’on ait à en faire. Au fil de mes rencontres, je me suis rendu compte que ce n’était pas le but, car il y a des personnes pour qui ce passage est super important, un moment d’affirmatio­n, c’est libérateur. Chacun gère à sa façon, le but est que ce soit bien accueilli, que ce soit plus un "bigdeal".

La série présente également des personnali­tés connues (Roxane Bruneau, Pierre Lapointe) qui comme toi ont dû faire à la fois un comingout personnel et médiatique. Est-ce que ça t’a rassuré, quelque part, d’en parler avec eux?

Oui, et je me suis rendu compte que, bien que ce soit des gens que je côtoie, ce sont des sujets dont on ne parle pas dans la vie de tous les jours… C’est rare que j’ai parlé de ça avec des amis, autour d’une bière: «Hey, pis vous autres, votre coming-out? » J’étais très curieuse et heureuse de découvrir leur histoire.

De mon côté, je pense que personne de mon entourage n’a été surpris quand j’ai fait mon coming-out à 29 ans. Tout le monde a bien réagi. Ma famille au Nouveau-Brunswick a accueilli Marina [ma femme] à bras ouverts. Il y a quelques personnes de mon entourage pour qui ça a accroché et j’ai dû apprendre à faire le deuil de ces personnes-là. Je pense que tout le monde le vit, il y a des personnes qui meurent au combat. Publiqueme­nt, je pense que je m’attendais à plus de négatif que ce que j’ai reçu, car j’ai eu majoritair­ement de beaux commentair­es.

D’ailleurs, on voit souvent des comingout dramatique­s où les gens pleurent, mais aujourd’hui en 2021 est-ce nécessaire­ment négatif? Ça peut-tu être positif et inspirant?

Oui, absolument. Lors de l’émission, j’ai rencontré Kaleb, 11 ans, qui est pansexuel. À 7 ans, il a fait un comingout homosexuel, car il pensait qu’il l’était, et ça s’est précisé au fil des années, mais écoute sa mère, elle est formidable! Elle est tellement là pour lui depuis le début, ça n’a jamais été un gros drame pour elle. Oui, il y a vraiment de belles histoires de comingout !

JULIE VAILLANCOU­RT julievaill­ancourt@outlook.com

INFOS | LA SÉRIE HISTOIRES DE COMING OUT EST DIFFUSÉE SUR MOI ET CIE DÈS LE 3 MAI, 21H. WWW.QUB.CA/TVAPLUS/MOI-ET-CIE/HISTOIRES-DE-COMING-OUT

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