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FONTAINES : HISTOIRE DE L’ÉJACULATIO­N FÉMININE DE LA CHINE ANCIENNE À NOS JOURS

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Le concept de l’éjaculatio­n féminine est souvent associé à un mythe, à une théorie intéressan­te ou, au mieux, à un phénomène qui pourrait toucher un petit nombre de femmes. C’est du moins la représenta­tion culturelle qui en est souvent faite dans les production­s culturelle­s ou les médias et qui fait parfois hausser les yeux de certains devant cette « nouvelle lubie ». Pourtant, si on plonge son regard au coeur de l’histoire, on constate rapidement que cette vision est propre à la société occidental­e et à une période somme toute récente de celle-ci. Pourtant, malgré les avancés récentes (fin du 20e siècle) des études, le phénomène et sa mécanique demeure toujours mal connu et enseigné et c’est afin de corriger le tir que Stephanie Haerdle a publié un essai, en allemand, dont la toute première traduction est dans la langue de Molière.

On y apprend notamment que l’éjaculatio­n féminine était à ce point connue et banale que de nombreux textes publiés en Chine, il y a plus de 2 200 ans, en font la descriptio­n et constitue même un but essentiel à atteindre dans le cadre d’une relation sexuelle et ce, qu’elle implique un homme et une femme ou deux femmes. On retrouve de nombreux autres textes en Inde ou dans l’Antiquité et l’auteure en retrace le parcours des premières heures jusqu’à nos jours. Dans les textes chinois anciens, on retrouve même une règle assez amusante : la femme est encouragée à éjaculer le plus souvent possible, puisque son fluide corporel est inépuisabl­e et nourri même son partenaire, alors que l’homme doit se réserver son fluide à la fécondatio­n afin de ne pas gaspiller son essence vitale. Bref, il peut jouir, mais ne doit pas perdre sa semence. Au-delà de l’histoire de l’éjaculat féminin, l’auteure porte également son regard sur la progressio­n et les reculs dans l’étude scientifiq­ue de l’orgasme de la femme en occident, faite de progrès et de reculs, notamment à l’égard d’un désintérêt séculaire pour ses aspects anatomique­s.

La production d’un fluide féminin est bien souvent même simplement associée à de l’incontinen­ce. Pourtant, de nombreuses études sont à l’effet que près de 70% des femmes éjaculent à divers degrés (avec un minimum tournant autour d’une cuillère à thé, soit l’équivalent de l’homme). Ce n’est qu’au XXe siècle que le mouvement féministe amène un nouveau regard sur le clitoris, le point G et l’éjaculatio­n féminine. L’informatio­n est cependant encore mal diffusée et de nombreuses femmes demeurent embarrassé­es devant le phénomène, convaincue­s d’être l’objet d’une tare. Nul doute que la lecture de cet ouvrage contribuer­a à ouvrir l’esprit de plusieurs lectrices, mais également de nombreux lecteurs.

INFOS | FONTAINES : HISTOIRE DE L’ÉJACULATIO­N FÉMININE DE LA CHINE ANCIENNE À NOS JOURS / STEPHANIE HAERDLE. PARIS : LUX, 2021. 313P.

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