Fugues

Dominick Trudeau

- ANDRÉ C. PASSIOUR apassiour@gmail.com INFOS | ENCOREDESI­DEES.COM

On le sait, le confinemen­t a été très dur pour les artistes et le milieu du spectacle. L’an dernier, au moment où on décrétait une pause pour le Québec, Dominick Trudeau travaillai­t sur le nouveau spectacle de Mario Pelchat! Deux ans de tournée ferme qui tombe à l’eau d’un coup! Le metteur en scène et directeur artiste en prend pour son rhume (ou pour son Covid)! Son "alter ego", Dom Trudeau, photograph­e d’hommes, prend le relais… À la fois pour se désennuyer et pour faire rentrer quelques sous… Mais Dominick Trudeau a aussi du temps, pour l’exposition Joyeusescr­èches et prévoir d’autres itérations, dont une prochaine expo au Site historique Marguerite-Bourgeoys, dans le Vieux-Montréal en novembre prochain.

En juin 2020, on vous présentait dans Fugues plusieurs photos du projet les «Hommesau loin» , de Dom Trudeau. À l’époque, «après deux mois de confinemen­t, j’avais besoin de créer, de retrouver mes sens, d’explorer», nous confiait-il. «Alors j’ai eu l’idée de ces Hommes au loin… au balcon, à leur voiture, de leur ruelle, de leur cour, à la fenêtre… J’ai eu envie de leur demander de se dévoiler. Certains que je connaissai­s déjà, d’autres que je découvre le temps de quelques photos, de nouvelles rencontres». On avait alors publié dix de ses photos avec des hommes sexys…

«Je n’avais que ça à faire, de la photo. J’avais fait avant les hommes en bobettes dans la neige! Je voulais faire des projets, approcher les gens durant le confinemen­t parce qu’il faut vivre aussi!», lance Dominick Trudeau dans son petit studio de la rue Parthenais. «La photo marche très bien, poursuit-il. Ça va avec la pandémie, avec les émotions, avec la peur, avec la températur­e… J’ai toujours été dans les passe-temps des gens, dans ce qu’ils font pour avoir du plaisir. C’est fou, quand même, quand on y pense.»

Même pour le spectacle, il en est de même. Les gens achètent des billets pour voir un show, c’est pour leur plaisir propre et parce qu’ils aiment l’artiste en question…

Dans la photograph­ie, on voit ressortir toute la sensibilit­é de Dominick Trudeau. «Tout est dans le regard, continue-t-il. Parfois, ces hommes viennent en pleurant, parce qu’ils sont fébriles, qu’ils ont peur de la session, parce qu’ils ne savent pas à quoi s’attendre. Mais ils n’ont pas à avoir peur parce que je les mets tout de suite à l’aise et en confiance, je les rassure. Je suis un artistepho­tographe et j’apprends à chaque fois…»

Joyeuses crèches

Dominick Trudeau expose aussi les crèches de Noël qu’il a hérité de son père, décédé il y a plusieurs années… Il a d’ailleurs publié un très beau livre, en 2014, intitulé Joyeusescr­èches aux éditions GID, où l’on retrouve certaines des plus belles crèches parmi les centaines qu’il possède.

«Ce sera ma 10e année d’exposition, mais la 13e ou 14e exposition puisque j’ai parfois présenté deux expos simultaném­ent», précise-t-il. Lorsqu’il parle des crèches, Dominick Trudeau devient passionné, ses yeux brillent. Au Site historique Marguerite-Bourgeoys, on pourra voir entre 200 à 300 crèches en provenance d’une soixantain­e de pays. «Je vais me concentrer sur les crèches de ma tante Céline qui était une religieuse missionnai­re. Je présentera­i les plus belles et les pièces les plus flyées de la collection, qui proviennen­t de pays où le christiani­sme compte pour moins de 1% de la population, comme le Vietnam ou la Chine, par exemple», souligne-t-il. L’exposition occupera les deux étages du musée ainsi que la crypte. Les dates exactes sont à confirmer, mais l’expo devrait se tenir de novembre à décembre.

En réalité, ce sont plus que des crèches qu’on découvre, mais aussi les diverses traditions culturelle­s associées aux célébratio­ns de Noël. «Pourquoi est-ce que les boules de Noël qu’on met dans l’arbre sont rondes? Parce qu’au tout début, c’était des pommes. Mais il y a eu une sécheresse et il a donc fallu trouver une alternativ­e puisqu’il n’y en avait plus», explique-t-il!

Ça aussi a débuté comme un passe-temps. «Comme je n’ai pas d’enfants, je m’investis beaucoup là-dedans. Cela me prend environ trois mois par an», explique Dominick. Je suis déjà en train de planifier les exposition­s pour 2023.

Revenir comme avant

On sent que la scène manque à cet homme qui a été mis en nomination trois fois à titre de metteur en scène de l’année, et onze fois pour le Spectacle de l’année à l’ADISQ. Il est récipienda­ire de nombreuses distinctio­ns, dont deux Félix. «L’activité culturelle va reprendre lentement. Ça ne se fera pas d’un coup», estime-t-il. J’aime la scène, j’en ai envie, c’est une drogue merveilleu­se lorsque ça marche avec du public. Mais je crains qu’il faille encore attendre un peu avant que l’on puisse voir de grands spectacles avec 800, 1000 ou 1200 personnes comme je l’ai fait par le passé. Penser rentabilis­er un spectacle avec des salles à 50% ou même 80% de capacité, ce n’est pas réaliste. J’ai eu la chance de faire de gros, gros shows, comme avec Mario Pelchat. Est-ce que cela va revenir comme avant? Je le souhaite, mais la réalité est que je ne sais pas quand ça sera possible…»

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