FILM : Where Love Lives
Si la fête et les clubs de nuit semblent un souvenir assez lointain, l’énergie, l’enthousiasme et la bande-son de ce film vous transporteront. Ce documentaire inspirant qui nous vient du légendaire label britannique Defected Records, s’intéresse à la soirée inclusive Glitterbox et célèbre l'importance des clubs. Danseurs et danseuses, DJ et pionniers de la scène comme Honey Dijon, TeTe Bang, Lucy Fizz ou John "Jellybean" Benitez nous font partager leur passion, évoquant l’importance de la piste de danse comme lieu d’unité et d’acceptation. Comme le dit Billy Porter de la série Pose: « la seule raison pour laquelle je suis encore en vie, c’est que j’en ai trouvé la force sur le dancefloor».
Produit et mis en ligne gratuitement sur YouTube, WhereLoveLives offre une heure de bonnes vibes et de scènes qui nous rappeler un monde qui s’est arrêté il y a plus d’un an déjà, celui du clubbing queer.
Le film prend la forme d’une véritable ode à la culture du club, vu comme lieu des expressions singulières, de la libération de soi et du « danser ensemble», une safe place pour toutes et tous, quelques soient son genre, son origine ou sa sexualité. Malgré un montage parfois un peu anarchique, il met en avant, entre autres, trois artistes qui collaborent régulièrement aux soirées Glitterbox et qui ont dû se battre pour enfin devenir eux-mêmes. Lucy Fizz est une danseuse-performeuse trans, issue de la génération des club kids londoniens, qui a trouvé sa voie grâce à sa fréquentation assidue des soirées queer.
TeTe Bang est drag-queen et DJ à la garde-robe hallucinante qui a, elle aussi, trouvé une famille dans ce monde du clubbing. Le troisième artiste est TheMXFit, jeune homme noir qui vivait très mal son homosexualité en banlieue parisienne et qui est parti à Londres sur un coup de tête après une tentative de suicide. Là, il s’est découvert de véritables talents de danseur et de performer et une passion pour l’art du drag qui le voit endosser des looks de créatures qui ne passent pas inaperçu. WhereLoveLives donne l’occasion de comprendre sa longue route vers la libération et de mesurer le chemin parcouru quand il retrouve sa soeur à Paris après 5 ans d’absence lors d’une scène courte et émouvante.
On découvre également les lieux incontournables de la naissance du clubbing à New York avec comme guide le légendaire DJ John "Jellybean" Benitz, et, au travers d’autres témoignages de personnalités issues de cette communauté comme le DJ et performeur Kiddy Smile, l’artiste visuel anglais Mark Wardel ou la productrice et DJ trans Honey Dijon. Un état d’esprit qui doit beaucoup à la culture LGBT+.
«Les dancefloors peuvent rassembler les gens d’une telle manière que ni les religions ni les gouvernements n’y sont parvenus, et j’adhère à 100%.» — Honey Dijon. Le comédien Billy Porter, vedette entre autres de la série POSE, résume bien ce que la culture clubbing doit aussi aux communautés africaines américaines et au monde du voguing et des ballrooms, mais également sur son rôle social et politique: «J’ai trouvé ma raison de vivre sur le dancefloor (…) et l’amour inconditionnel de la famille que j’ai choisie».
«Les clubs étaient un espace de guérison pour nous, comme une réunion de famille chaque semaine pour ceux d’entre nous qui traversaient la crise du Sida, c’était un lieu de fraternité, de guérison, de ressourcement afin de pouvoir retourner affronter le monde qui n’était pas très agréable à l’époque.» — Billy Porter
Les images très léchées des soirées, alliant ralentis et accélérations clipesques, parviennent à souligner non seulement le message d’acceptation de la diversité (d’âge, de sexe, de race, d’orientation ou identité sexuelle…) que celui, nécessaire en ces temps de fermeture, rappelant que les boîtes de nuits sont pour beaucoup un lieu permettant de se recharger en énergie et d’oublier ses soucis. Des lieux qui nous manquent cruellement aujourd’hui dans la vie. L’enchaînement de scènes de soirées, de coulisses et de performances sur du gros son, font un bien fou après une année de silence et d’isolement. Ce n’est pas un hasard si cette virée d’à peine une heure se finit par l’interprétation puissante par l’une des Sisters Sledge de cet hymne queer intemporel: WeAreFamily!