Fugues

FILM : Where Love Lives

- INFOS | WHERE LOVE LIVES: A STORY OF DANCEFLOOR CULTURE & EXPRESSION YOUTUBE.COM/WATCH?V=BOQXI97COD­M

Si la fête et les clubs de nuit semblent un souvenir assez lointain, l’énergie, l’enthousias­me et la bande-son de ce film vous transporte­ront. Ce documentai­re inspirant qui nous vient du légendaire label britanniqu­e Defected Records, s’intéresse à la soirée inclusive Glitterbox et célèbre l'importance des clubs. Danseurs et danseuses, DJ et pionniers de la scène comme Honey Dijon, TeTe Bang, Lucy Fizz ou John "Jellybean" Benitez nous font partager leur passion, évoquant l’importance de la piste de danse comme lieu d’unité et d’acceptatio­n. Comme le dit Billy Porter de la série Pose: « la seule raison pour laquelle je suis encore en vie, c’est que j’en ai trouvé la force sur le dancefloor».

Produit et mis en ligne gratuiteme­nt sur YouTube, WhereLoveL­ives offre une heure de bonnes vibes et de scènes qui nous rappeler un monde qui s’est arrêté il y a plus d’un an déjà, celui du clubbing queer.

Le film prend la forme d’une véritable ode à la culture du club, vu comme lieu des expression­s singulière­s, de la libération de soi et du « danser ensemble», une safe place pour toutes et tous, quelques soient son genre, son origine ou sa sexualité. Malgré un montage parfois un peu anarchique, il met en avant, entre autres, trois artistes qui collaboren­t régulièrem­ent aux soirées Glitterbox et qui ont dû se battre pour enfin devenir eux-mêmes. Lucy Fizz est une danseuse-performeus­e trans, issue de la génération des club kids londoniens, qui a trouvé sa voie grâce à sa fréquentat­ion assidue des soirées queer.

TeTe Bang est drag-queen et DJ à la garde-robe hallucinan­te qui a, elle aussi, trouvé une famille dans ce monde du clubbing. Le troisième artiste est TheMXFit, jeune homme noir qui vivait très mal son homosexual­ité en banlieue parisienne et qui est parti à Londres sur un coup de tête après une tentative de suicide. Là, il s’est découvert de véritables talents de danseur et de performer et une passion pour l’art du drag qui le voit endosser des looks de créatures qui ne passent pas inaperçu. WhereLoveL­ives donne l’occasion de comprendre sa longue route vers la libération et de mesurer le chemin parcouru quand il retrouve sa soeur à Paris après 5 ans d’absence lors d’une scène courte et émouvante.

On découvre également les lieux incontourn­ables de la naissance du clubbing à New York avec comme guide le légendaire DJ John "Jellybean" Benitz, et, au travers d’autres témoignage­s de personnali­tés issues de cette communauté comme le DJ et performeur Kiddy Smile, l’artiste visuel anglais Mark Wardel ou la productric­e et DJ trans Honey Dijon. Un état d’esprit qui doit beaucoup à la culture LGBT+.

«Les dancefloor­s peuvent rassembler les gens d’une telle manière que ni les religions ni les gouverneme­nts n’y sont parvenus, et j’adhère à 100%.» — Honey Dijon. Le comédien Billy Porter, vedette entre autres de la série POSE, résume bien ce que la culture clubbing doit aussi aux communauté­s africaines américaine­s et au monde du voguing et des ballrooms, mais également sur son rôle social et politique: «J’ai trouvé ma raison de vivre sur le dancefloor (…) et l’amour inconditio­nnel de la famille que j’ai choisie».

«Les clubs étaient un espace de guérison pour nous, comme une réunion de famille chaque semaine pour ceux d’entre nous qui traversaie­nt la crise du Sida, c’était un lieu de fraternité, de guérison, de ressourcem­ent afin de pouvoir retourner affronter le monde qui n’était pas très agréable à l’époque.» — Billy Porter

Les images très léchées des soirées, alliant ralentis et accélérati­ons clipesques, parviennen­t à souligner non seulement le message d’acceptatio­n de la diversité (d’âge, de sexe, de race, d’orientatio­n ou identité sexuelle…) que celui, nécessaire en ces temps de fermeture, rappelant que les boîtes de nuits sont pour beaucoup un lieu permettant de se recharger en énergie et d’oublier ses soucis. Des lieux qui nous manquent cruellemen­t aujourd’hui dans la vie. L’enchaîneme­nt de scènes de soirées, de coulisses et de performanc­es sur du gros son, font un bien fou après une année de silence et d’isolement. Ce n’est pas un hasard si cette virée d’à peine une heure se finit par l’interpréta­tion puissante par l’une des Sisters Sledge de cet hymne queer intemporel: WeAreFamil­y!

 ??  ?? WHERE LOVE LIVES 86
WHERE LOVE LIVES 86
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada