Fugues

Denis Coderre

Le désir d’agir

- DENIS-DANIEL BOULLÉ denisdanie­lster@gmail.com et ANDRÉ C. PASSIOUR apassiour@gmail.com

Denis Coderre a décidé, il y a quelques mois, de briguer à nouveau la mairie de Montréal. L'écriture de RetrouverM­ontréal, sa vision de la métropole et de ce qui serait bon pour elle, l'a convaincu à se porter candidat. Montréal a un rôle moteur à jouer aussi bien sur le plan national qu'internatio­nal, selon le candidat Coderre, mais pour y arriver il faut mobiliser tous les acteurs des différents milieux concernés et travailler de concert pour trouver les solutions idoines et assurer ainsi un meilleur «vivre ensemble» pour les citoyen.nes.

La politique municipale vous manquait tant?

Ce n'est pas que la politique me manquait, mais je n'aimais pas ce que je voyais. Montréal n'est plus que l'ombre d'elle-même et ne joue plus son rôle de contrepoid­s. Elle est redevenue une simple ville de province. Dans les 20 prochaines années, 75% de la population mondiale va se retrouver dans les villes. On définit aujourd'hui le monde par les villes et l'authentici­té du vivre ensemble. Je pense que Montréal a perdu de son lustre, parce qu'on ne s'en est pas occupé. J'ai donc décidé d'écrire un livre sur ma vision de Montréal et c'est au moment où j'écrivais ma conclusion que j'ai décidé de me présenter.

Pour entrer dans le vif du sujet, il y a beaucoup de locaux vides dans le Village, comment y remédier?

Pour moi, on n'est pas dans une pandémie mais dans une endémie, et il faut vivre avec. On a besoin de relancer Sainte-Catherine. J'ai eu le bonheur, par le passé, de participer à l'assemblée générale de la Société de développem­ent commercial (SDC) du Village. Je connaissai­s très bien Bernard Plante, et maintenant, Yannick Brouillett­e, l’ancien et le nouveau directeur général de la SDC. On travaille ensemble. On a besoin d'avoir des artères commercial­es fortes et Sainte-Catherine est une artère dans un état critique. On doit développer des stratégies pour la relance.

Le quartier du Village, qui est un haut lieu de destinatio­n, a besoin d'amour. On doit donc travailler en conséquenc­e. Mais surtout, on doit jouer la complément­arité de l'unicité des quartiers comme destinatio­n et non les opposer. On ne doit pas opposer le Vieux-Montréal et le Village par exemple. C'est toute une stratégie que l'on doit avoir pour tout le centre-ville et proposer le plus rapidement un statut fiscal.

Un statut fiscal particulie­r pour le centre-ville?

Montréal est une ville de créativité, alors pourquoi ne pas compter sur cette création. Un exemple bien concret. On fait un grand carré de sable, on invite à une stratégie de partenaria­t, avec le secteur public, le secteur privé, le secteur de la culture, le secteur internatio­nal, les OSBL. On assoit tout le monde en disant que nous ne faisons pas de politique et qu'on est là pour s'entendre. On se donne des paramètres et le rôle de la Ville est d'être un facilitate­ur. Je pense qu'on va vivre des années folles, on va vivre un après-guerre. Il faut travailler en collégiali­té et que tout le monde soit mis à contributi­on.

Pour le Village, il faut s'assurer que ce soit un lieu de destinatio­n. On pourrait parler d'une zone franche puisque ce coin-là est le milieu de l'audiovisue­l. Il y a Télé-Québec, CTV, RDS, Radio-Canada, TVA, on pourrait donc penser à une entité, car la réalité d'aujourd'hui c'est de créer des milieux de vie, c'est d'avoir la capacité de bâtir des choses précises, comme de récupérer l'ensemble du parc immobilier des écoles. Tout ce qui est sur notre territoire doit relever de Montréal. On pourrait faire aussi une cité de la gastronomi­e, avec le Village entre autres, la rue SaintDenis et le Vieux-Montréal. Pour moi le développem­ent durable va de pair avec le développem­ent social et le développem­ent économique, avec une stratégie de culture locale, qui devient un lieu de destinatio­n pour chaque quartier.

Les logements sociaux. Sauf que cela fait 25 ans que je rencontre des élu.es et que leur réponse est la même, à savoir que le fédéral et le provincial font barrage en ne finançant pas à la hauteur de ce que coûterait à la Ville la constructi­on de logements sociaux.

Quand j'étais maire, mon ami Régis [Labeaume] a eu son statut de capitale, nous à Montréal, nous avons eu le statut de métropole et on a redéfinit l'autonomie municipale parce qu'on est un gouverneme­nt de proximité. Les villes dans les prochaines années vont jouer un grand rôle et on peut faire des choses extraordin­aires. Et l'autonomie ne veut pas dire indépendan­ce, ça ne veut pas dire qu'on travaille contre, on a toujours travaillé la formule gagnante-gagnante. Si Montréal va bien, le reste du Québec va bien et en conséquenc­e le Canada aussi.

Même constat, depuis des années on nous promet des solutions pour l'itinérance, mais pour la population il n'y a aucun changement.

Il n'est pas question que l'on accepte quelque campement que ce soit. On doit faire une entente avec les hôtels, pour un an, afin que si les gens arrivent avec leur stock, ils puissent les laisser dans leur chambre, cela s'appelle la dignité humaine. Il faut aussi avoir de la vigilance pour protéger la qualité de vie des gens alentour. Quand je faisais partie du gouverneme­nt Chrétien, Claudette Bradshaw avait mis sur pied un tout nouveau programme d'accompagne­ment des itinérants. Je la connais la game, je sais comment ça marche. On va s'entourer d'une équipe, on va travailler en partenaria­t avec le milieu. Chaque dollar dépensé dans le communauta­ire nous en fait sauver 100, il faut donc travailler avec le communauta­ire.

Pendant ce temps-là, on met sur pied des politiques de santé, des politiques d'emploi car il faut travailler en prévention de la précarité. On parle toujours de l'itinérance à Berri-UQAM, mais il faut réaliser que l'itinérance, ce n'est pas juste le centre-ville, il y en a dans d'autres quartiers de la ville. Je pense aussi qu'il n'y a pas qu'une solution, mais des solutions, et si on travaille à mettre à l'itinérance comme cela s'est fait dans d'autres pays, dans d'autres villes, on peut voir d'autres exemples. L'itinérance est un dossier qui me touche particuliè­rement, et je le montre dans mon livre et c'est ce qui m'a poussé à revenir en politique entre autres.

Aideriez vous à la création d'un espace LGBTQ2S+ dans le Village ?

Moi, j'ai toujours voulu m'assurer qu'on sorte du misérabili­sme du communauta­ire, j'ai aidé à l'époque Gai Écoute pour qu'il soit ouvert 24h sur 24h. Il faut donner les outils et les locaux, il faut donner l'infrastruc­ture au communauta­ire pour qu'il puisse faire son travail, je suis très très ouvert à ça. Cela fait partie de ce que je pense profondéme­nt. Ce qui est important, c'est de s'asseoir et de voir comment on peut donner les outils nécessaire­s pour aider. Prenons l'exemple de la culture: Si t'es un créateur, ta job c'est de créer et pas de remplir des formulaire­s à l'année longue. Poser la question, c'est y répondre. Quand je t'ai parlé de gérer le parc immobilier scolaire, pourquoi on ne crée pas une stratégie d'immeubles où l'on dit aux artistes, Montréal va gérer les immeubles et vous, vous allez créer. Pourquoi on ne pourrait pas penser à une stratégie semblable pour le communauta­ire LGBTQ2S+.

Soutiendre­z-vous un retour de Fierté Montréal au parc des Faubourgs après les rénovation­s?

À l'époque, j'avais un plan pour le parc des Faubourgs, en 2017, repris par l'équipe actuelle, mais je pense à ce que j'ai fait pour le parc Jean-Drapeau en tenant compte que le parc appartient à tout le monde. J'ai tenu compte aussi de la possibilit­é de l'organisati­on d'événements grandioses, mais aussi qu'on puisse simplement profiter du parc comme de n'importe quel autre parc. Il faut aller dans ce sens avec le parc des Faubourgs pour accommoder tout le monde. Mais est-ce qu'on est obligé de tout faire à la même place pour Fierté Montréal? C'est une question qu'il faut se poser. Je ne suis pas fermé à cela parce que c'est le gros bon sens. Non seulement, je ne suis pas fermé, mais c'est nécessaire dans la mesure où tout le monde y trouve son compte.

POUR LIRE L'ENTREVUE QUE LA MAIRESSE VALERIE PLANTE NOUS A ACCORDé DANS L'éDITION D'AVRIL DE FUGUES, CONSULTEZ LA SECTION «POLITIQUE» DE FUGUES.COM

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