Fugues

L’origine des marches de la Fierté

Pour comprendre les origines hist oriques des marches de la fierté L GBTQ+, comme celle de Fierté Montréal, qui se tiendr a cette année le dimanche 15 août, il faut faire un saut en arrière de plus d’un demi-siècle, en 1969, à New York. Retour, donc, sur

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à la fin des années 1960, l’homosexual­ité est encore taboue aux États-Unis. Au mieux, elle est considérée comme une maladie mentale, au pire, comme un crime. Aucune loi ne protège les personnes LGTBQ. Le silence reste la voie la plus sûre. Et à cette époque, il est interdit de servir de l’alcool aux homosexuel­s et illégal de danser entre hommes à New York, mais aussi dans bien d’autres villes en Amérique du Nord, dont Montréal.

Le paradoxe new-yorkais

Même si la métropole américaine abrite la plus importante communauté LGBTQ aux ÉtatsUnis, la Ville de New York est particuliè­rement répressive à son endroit. Surtout depuis le début des années 1960, alors qu’on tente de "nettoyer la ville" à l’approche de l’Exposition universell­e de 1964.

Les personnes de même sexe qui s’embrassent en public peuvent être accusées d’attentat à la pudeur. Celles qui courtisent ouvertemen­t une autre personne, de sollicitat­ion. La régie des alcools de la ville, qui punit sévèrement quiconque sert de la boisson aux homosexuel­s, est un autre bras répressif de l’administra­tion municipale.

Un lieu de rencontre

Le Stonewall Inn, situé au 53 Christophe­r Street dans Greenwich Village, est l’un des rares endroits où la communauté peut se retrouver et danser. Ouvert en 1967, le club clandestin privé accueille une centaine de clients par fin de semaine, et ce, en dépit de son allure et de ses pratiques douteuses. Grâce à un accord tacite entre le propriétai­re mafieux, Fat Tony Lauria, et la police, l’établissem­ent est prévenu avant les descentes. De fait, la visite des policiers du 24 juin 1969 se déroule comme d’habitude. Ceux-ci se présentent en début de soirée et les clients sont avisés grâce à un jeu de lumière codé. Le 27 juin au soir, toutefois, les agents se présentent sans prévenir.

Le vendredi 27 juin 1969, un inspecteur de police, accompagné de sept officiers de la brigade des moeurs habillés en civil, débarque peu avant minuit et annonce son intention d’arrêter le personnel et la soixantain­e de clients qui s’y trouvent. De telles pratiques étaient fréquemmen­t utilisées par la police, qui avaient l’habitude de mener ces descentes contre les gais qui, d’ordinaire, ne résistaien­t pas et se laissaient embarquer. à la sortie du bar, quelques travestis et passants assistent à l’événement en spectateur­s, bien vite rejoints par d’autres. Quand le fourgon de police arrive, de passive, la foule devient de plus en plus hostile. C’est une lesbienne habillée de façon masculine, entraînée hors du bar par la police pour être embarquée, qui déclenche, par sa résistance et son refus de se laisser faire, le début de l’émeute. Quelques drag-queens — qui se diront par la suite bouleversé­es par la mort, quelques jours plus tôt, d'une de leurs icônes gaies, Judy Garland — décident d’en remettre en envoyant des bouteilles vides aux représenta­nts de l’ordre, qui battent en retraite à l’intérieur du bar.

Des trans et de jeunes prostitués se joignent aux drag-queens et prennent des briques qui forment le pavé de la rue et les lancent dans les fenêtres du bar. Les policiers s’affolent: l’un d’entre eux menace de tirer sur la foule, tandis que l’un des manifestan­ts improvisés tente de mettre le feu au bar. C’est le début d’une émeute qui va durer une bonne partie de la nuit et dont il existe différente­s versions. C’est sans doute inévitable, vu que le Stonewall est devenu de plus en plus une légende à laquelle plusieurs veulent être associés et donnent «leur» version des faits. SUITE PAGE 72

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