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«Santé Canada doit lever l’interdicti­on visant les poppers»

L’interdicti­on actuelle visant les poppers fait plus de mal que de bien en rendant difficile l'accès à un approvisio­nnement sécuritair­e soutient le Centre de recherche communauta­ire sur la santé des hommes gais, bisexuels, trans, bispiritue­ls et queer.

- LOGAN CARTIER cartierlog­an@gmail.com INFOS | WWW.FR.CBRC.NET/POPPERS

Le CBRC qui promeut la santé des hommes gais, bisexuels, trans, bispiritue­ls et queer (GBT2Q) par le biais de la recherche et du développem­ent d’interventi­ons se fait l’intermédia­ire des hommes gais, bisexuels et autres hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes (gbHARSAH) qui réclament un approvisio­nnement sécuritair­e en poppers.

Ce Centre de recherche communauta­ire a demandé à Santé Canada de mettre fin à l’interdicti­on fédérale visant la vente de poppers et lance une campagne d'envoi de lettres au ministre de la Santé et aux députés locaux concernés. Les hommes gbHARSAH et leurs allié.es à travers le pays sont invité.es à y prendre part afin de réclamer un approvisio­nnement sûr. Utilisés par les hommes gbHARSAH depuis des décennies, les poppers (des produits à base de nitrite d'alkyle) augmentent le plaisir sexuel et atténuent la douleur. En 2013, leur distributi­on est devenue illégale au Canada lorsque le gouverneme­nt conservate­ur de Stephen Harper a promulgué leur interdicti­on. Le CBRC estime que «cette interdicti­on est néfaste, inefficace, excessive et fondée sur l'ignorance et les préjugés culturels», poursuivan­t une tradition de discrimina­tion à l'égard des hommes gbHARSAH dans les politiques de santé au fil du temps.

«Les méfaits des poppers ont été exagérés dans l'ensemble et leurs effets positifs sont légitimes», déclare Len Tooley, directeur de l'évaluation et de l'avancement au CBRC. «Le risque de dépendance est très faible car ces produits n'ont pas d'effet psychoacti­f. Ils constituen­t également un moyen efficace de permettre des relations sexuelles anales sûres et agréables en atténuant la douleur et réduisant les chances de se blesser.»

Rappelons que l'interdicti­on fédérale s’est soldée par un échec. L’interdicti­on n’a aucunement fait baisser la consommati­on de poppers. En effet, l'enquête Sexe au présent du CBRC a montré que l'utilisatio­n des poppers n'a pas diminué de manière significat­ive après l'interdicti­on de 2013. Environ 30 % des hommes issus de minorités sexuelles ont déclaré avoir utilisé des poppers en 2019, ce qui est comparable aux taux d'utilisatio­n déclarés avant 2013.

«Tout ce que l'interdicti­on est en mesure d'accomplir est de causer un risque de santé accru pour les minorités sexuelles en les coupant d'un approvisio­nnement sûr et réglementé en poppers, qui est une substance plutôt inoffensiv­e», déclare Matt Troy, directeur de Vancouver Art and Leisure et activiste local.

Des preuves irréfutabl­es montrent que lorsqu'il s'agit de substances, la réduction des méfaits a des effets positifs bien plus importants sur la santé publique que la prohibitio­n. L'interdicti­on visant les poppers a contraint des hommes gbHARSAH, autrement respectueu­x de la loi, à s'en procurer auprès de sources non réglementé­es et illégales.

«Si les poppers étaient réglementé­s, ils pourraient porter des étiquettes d'avertissem­ent expliquant comment les utiliser en toute sécurité et les acheteurs pourraient avoir une meilleure idée des produits qu'ils achètent. Nos recherches montrent que la plupart des incidents liés à la consommati­on de poppers aujourd'hui sont dus à des instructio­ns peu claires et à des sources douteuses, soit deux problèmes faciles à résoudre», déclare Jody Jollimore, directeur général du CBRC.

Rappelons que les poppers ont été frappés d’interdicti­on sans consultati­ons adéquates auprès des communauté­s et des organisati­ons de santé gaies, et sans compréhens­ion de leurs avantages pour la santé et de leur significat­ion culturelle.

Le Canada a une politique plus restrictiv­e à l'égard des poppers que les États-Unis, la France, l'Australie et le Royaume-Uni, où les poppers sont tous accessible­s. «Nous devons dénoncer la discrimina­tion là où nous la voyons, et l’interdicti­on visant les poppers est une politique homophobe sanctionné­e par le gouverneme­nt», déclare Troy. ✖

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