Fugues

Remporter un pari osé

- JULIE VAILLANCOU­RT julievaill­ancourt@outlook.com

En octobre dernier, en pleine pandémie, Raphaëlle Imbault et Laurence Latraverse deviennent les nouvelles propriétai­res de la Boutique Osez, ayant pignon sur rue au 1320 rue Wolfe. À n’en point douter, ce pari osé pour le couple de lesbiennes.

Un couple de proprios

L’aventure du couple formé de Raphaëlle et Laurence débute il y a de cela plus d’une décennie, alors que Raphaëlle est serveuse au Cabaret Mado : « Laurence était cliente et c’est de cette façon que nous nous sommes rencontrée­s, il y a 11 ans! ». Laurence enchaine : « Elle m’est tombée dans l’oeil et je suis allée lui demander son numéro de téléphone pour une première date, pis ça a déboulé comme ça. »

Avec une différence d’âge de quinze ans, les débuts du couple n’ont guère été faciles, jusqu’à ce que Raphaëlle « lâche prise », lance Laurence à la blague. « Comme je dis souvent, onze ans de couple, c’est du travail, ça se bâtit », explique Raphaëlle, alors que Laurence enchaine : « Il y a des hauts et des bas, mais on travaille sur nous, car on tient à la relation, ce qui nous permet d’avoir le bonheur qu’on a maintenant ».

Oser la mixité

De ces assises solides, le couple s’embarque dans une nouvelle aventure en octobre 2020. Étant d’abord clientes à la Boutique Osez depuis près de huit ans, les deux femmes se lient d’amitié avec Simon, jadis propriétai­re de la Boutique. « Pour lui c’était clair, on la reprenait ou il fermait boutique. On ne voulait pas qu’il ferme, car c’est là qu’on achète nos vêtements! Voyant le potentiel, on s’est dit : pourquoi pas oser? » expliquent les deux femmes. « L’automne dernier nous avons commandé une collection pour femmes pour réaliser, lorsqu’elle est arrivée, qu’elle n’était vraiment pas adéquate aux filles, les tailles étant trop petites ». C’est d’ailleurs souvent un problème, expliquent les deux femmes, puisque la collection était davantage pour « adolescent­es et préadolesc­entes » vue la petitesse des tailles. Ainsi, « on l’a enlevé et éventuelle­ment on va sans doute tenter à nouveau à petite échelle du linge pour femmes, lorsque le tourisme sera revenu. Si des vêtements pour femmes sont disponible­s sur le site web, en magasin, sur le plancher en ce moment nous n’avons que des vêtements pour hommes. Mais sinon, en gros, la boutique va demeurer une boutique de vêtements et d’accessoire­s pour hommes. Encore là, on dit une boutique d’hommes, mais comme bien d’autres femmes ça fait huit ans que je m’habille ici », explique Raphaëlle.

« En fait, c’est beaucoup unisexe ce qu’on a en boutique. Je dirais que 90% de nos vêtements font aux hommes et aux femmes », ajoute Laurence. « On travaille aussi pour avoir des exclusivit­és qu’on n’a pas ailleurs à Montréal. Et comparativ­ement aux grandes surfaces, on se fait un motus operandi de ne pas avoir plus de trois fois le même item dans chaque grandeur, » parce qu’il n’y a rien de plus plate que d’arriver à une soirée où une autre personne porte la même chemise que vous, surtout quand c’est un collègue ou votre patron, raconte Raphaëlle.

La non-binarité est socialemen­t en vogue dans les discours, l’idée de « dégenrer » ou du moins de mélanger/neutralise­r les genres dans le vêtement est aussi présente au niveau de plusieurs collection­s de sportwear et de streetwear, explique Laurence en citant notamment la marque Scotch and Soda : « Il y a énormément de possibilit­és dans les mixtes de couleurs et il y a aussi une évolution dans la mode pour homme, d’y amener des couleurs que les hommes ne porteraien­t pas d’habitude, le rose et le vert pâle, par exemple. On voit aussi, de plus en plus de collection­s unisexes».

«La transition se fait doucement. Nous sommes donc encore en processus de nous faire connaitre, d’apprivoise­r les clients. Ayant travaillé dans le milieu des bars gais toute ma vie, je sais qu’en tant que fille dans le Village tu dois faire ta place », explique Raphaëlle, alors que Laurence enchaine : « On veut rassurer notre clientèle qu’on garde la formule gagnante qui fonctionna­it. On n’est pas là pour continuer l’aventure. »

Un pari osé, certes, qui doit continuer dans le Village, appuie Laurence et Raphaëlle : « C’était important pour nous de ne pas déménager, car on croit au Village, un lieu important pour la communauté ». également propriétai­res de quatre chihuahuas, dont l’un d’entre eux deviendra probableme­nt la mascotte de la Boutique! À suivre… INFOS | LA BOUTIQUE OSEZ EST SITUéE DANS LE VILLAGE AU 1320 RUE WOLFE, À MONTRéAL. WWW.BOUTIQUEOS­EZ.COM

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