GREAT FREEDOM : ENTRE LES MURS
Jusqu’à la fin des années 60, la persécution des homosexuels était autorisée de façon officielle en Allemagne, grâce à l’article 175 du Code pénal criminalisant l’homosexualité masculine. Great Freedom, second long métrage de l’Autrichien Sebastian Meise, s’ouvre par des films d’archive où des hommes se rencontrent dans les toilettes publiques. Aux murs des toilettes vibrant d’amour succèdent les murs moins accueillants d’une prison. Il est néanmoins question de désir et de circulation du désir dans ce lieu de contrainte. Qu’est-ce qui se déploie entre ces murs? Comment le désir s’épanouit-il? Meise raconte des vies confisquées – quand la traque des homosexuels se poursuit même après la libération des camps –, nous montre des personnages qui auront passé une vie entière en fuite. Si l’on ressent l’aspect physique et concret de la prison, celle-ci devient aussi une sorte de théâtre abstrait. L’histoire se déroule en 1968, en 1945, en 1957. Et ce sont les mêmes personnages qui ont vieilli, qui sont plus jeunes. Ce sont eux, mais ce sont aussi les autres : les homosexuels persécutés hier, aujourd’hui et demain. Le récit puissant de Great Freedom est incarné avec un talent extraordinaire par ses comédiens, avec en tête Franz Rogowski. Génial à peu près partout où on a pu le voir, l’acteur allemand confirme qu’il est l’un des meilleurs au monde avec cette prestation inoubliable.