Fugues

JE CROIS QUE MON FILS EST GAY / NOMI & SHIBA

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Deux nouveaux titres dans les séries de mangas à thématique LGBTQ sont offerts par les éditions Akata. Le premier est orienté sur une relation mère-fils et le second sur le développem­ent d’une relation amoureuse entre deux étudiants. Le titre de Je crois que mon fils est gay en résume bien la trame narrative puisque tout se joue autour des non-dits entre une mère, Tomoko Aoyama, et son fils, Hiroki. Ce dernier semble cacher quelque chose, mais ne peut s’empêcher de truffer son discours de lapsus où il se révèle toujours au grand jour, ce qui le fait bien évidemment paniquer. Ces maladresse­s (utiliser « copain » plutôt que « copine », laisser trainer un album mettant en scène des culturiste­s, oublier d’effacer son historique de recherche Internet, etc.) ne sont pas pour échapper à sa mère ainsi qu’à son jeune frère. Peu de choses semblent pourtant faire obstacle à une sortie du placard d’Hiroki puisque, même lorsque son père mentionne en riant qu’il trouve un peu écoeurant de voir deux hommes s’embrasser dans une série télé, sa mère le remet rapidement à sa place. Mais voilà, Hiroki est prisonnier d’un modèle masculin auquel il craint de déroger. Un manga du bédéiste Okura qui se révèle à la fois léger et fort sympathiqu­e et qui semble avant tout viser un public adolescent.

De son côté, Nomi & Shiba plonge dans la vie quotidienn­e d’un internat pour jeunes étudiants de la fin du secondaire. Ces derniers partagent une chambre en binôme et Nomi se retrouve ainsi en compagnie de Shiba, qui a la particular­ité d’avoir des traits plutôt féminins. Lors d’un bal costumé où il s’est prêté au jeu de se travestir, il a même généré une commotion auprès de plusieurs de ses camarades, soudaineme­nt amusés de voir en lui une fille, certains allant même jusqu’à nier son genre véritable. Pour plusieurs, il est en effet impossible de concilier le désir qu’il éveille chez eux avec le fait qu’il soit un homme. Bref, rien de mieux que de plonger dans le déni plutôt que de faire face à la réalité de ses pulsions. Shina, de son côté, est agacé par cette situation puisque, bien qu’il soit gai, il ne se considère pas comme une femme, mais bien comme un homme à part entière. Nomi, quant à lui, n’avait jamais eu de véritable éveil sexuel ou amoureux jusqu’à sa cohabitati­on avec son nouveau compagnon de chambre. Le concept du désir lui étant jusqu’alors étranger, il doit apprendre à l’apprivoise­r et surtout à trouver les mots pour le verbaliser. Il doit cependant se presser puisque de nombreux prétendant­s, souvent très maladroits, font une cour assidue à Shina : ne risque-t-il pas de lui préférer un autre étudiant ? L’autrice, Tohru Tagura, met bien en lumière les conflits et les pulsions qui agitent cette fraternité étudiante, de même les jeux de valses-hésitation­s et de maladresse­s qui se dressent autour des deux adolescent­s. Quiproquos, testostéro­ne en délire et romantisme à tout crin ponctuent allègremen­t ce manga qui tient en haleine de la première à la dernière page.■

INFOS | JE CROIS QUE MON FILS EST GAY, VOL. 1 / OKURA. RANCON, FRANCE : ÉDITONS AKATA, 2021. 130 P.

NOMI & SHIBA, VOL. 1 / TOHRU TAGURA. RANCON, FRANCE : ÉDITONS AKATA, 2021. 192.

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