Fugues

Le bleu cobalt est une couleur chaude en Inde

- YVES LAFONTAINE yveslafont­aine@fugues.com INFOS | SUR NETFLIX MATHIEU CHANTELOIS redaction@fugues.com

Les films sur la communauté LGBTQ+ sont encore très rares en Inde. Les producteur­s justifient cette situation en disant que le public familial n’est pas à l’aise avec les thèmes homosexuel­s au cinéma. La sortie du film Bleu cobalt sur la plateforme de visionneme­nt en continu Netflix mérite d’autant plus d’être soulignée.

Le film de Sachin Kudelka bénéficie d’une belle direction photo, tout en comportant certains défauts. C’est néanmoins une oeuvre d’intérêt sur le désir au masculin. Que le roman en marathi (écrit par Kundalkar) ait été publié en 2006, alors que l’article 377 (qui prohibait tout rapport charnel contre l’ordre de la nature) était toujours en vigueur, donne encore plus de résonnance au film.

Ce film rappelle, sous certains aspects, le désormais succès planétaire de Luca Guadagnino, Call Me by Your Name (rare film gai de l’histoire récente à avoir remporté un succès commercial, et ce, sur plusieurs marchés de la planète, ainsi que des Oscars). Ainsi l’action de Bleu cobalt se situe, comme dans le film de Guadagnino, dans une ville côtière paradisiaq­ue, le Kerala, où une famille de marathes accueille un locataire pour quelques mois, à la suite du décès d’un membre de la famille. Nous assistons alors à ce deuil, mais surtout aux impacts découlant de la présence de cet énigmatiqu­e locataire, qui bouleverse­ra la vie d’un jeune auteur en herbe et de sa soeur anticonfor­miste qui, tous deux, s’éprennent de l’énigmatiqu­e locataire.

Cela dit, Prateik Babbar, qui incarne l’inconnu, ne dégage pas le même magnétisme qu’Armie Hammer. Et les références et superlatif­s exprimés par les personnage­s à son sujet — comme s’il incarnait une sorte d’inspiratio­n de l’idéal du désir masculin — ne nous persuadent pas tout à fait. Le jeune protagonis­te Tanay, joué par Neele Mehendale, qui tombe amoureux de l’invité (dont on ne connaitra jamais le nom), n’est pas non plus à la hauteur de son rôle

Le Montréal de Leonard Cohen qui paraitra dans quelques mois. Dans ce livre, Cohen sera raconté par des Montréalai­s ayant croisé son chemin.

J’ai aussi Si maman si, un roman dans lequel je vais inventer à ma mère la vie qu’elle n’a, hélas, jamais pu avoir. Il y a aussi 100 Métropolit­ain, l’histoire d’une amitié d’une vie entre deux garçons, qui est inspirée de celle avec mon meilleur ami. Et c’est sans oublier Mommy en rose, sur ma Fleurette Crevier que Mado appelait affectueus­ement sa « Crevette fleurie ». ■

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248 PAGES | 27,95 $ ISBN : 978-2-7648-1421-5 DISPONIBLE EN FORMAT NUMÉRIQUE dans le scénario, car souvent on ne perçoit pas dans son regard tout l’amour qu’il est censé éprouver pour le bel inconnu. Mais peut-être est-ce la comparaiso­n avec le film Call Me by My Name qui met la barre trop haute…

En tant que professeur gai très discret, voire angoissé, qui nourrit un amour secret pour Tanay, son étudiant, Neil Bhoopalam livre la meilleure performanc­e du film. Malgré le respect qu’il a pour lui, Tanay n’éprouve pas les mêmes sentiments que son professeur et n’aspire qu’à vivre sa vie pleinement ailleurs. Quand Tanay quitte sa ville, on aperçoit des affiches collées sur les murs annonçant la sortie du révolution­naire et extraordin­aire film de la canadienne d’origine indienne Deepa Mehta, Fire (1996), qui raconte la naissance d’un amour interdit entre deux femmes, situant Bleu cobalt à une époque où il était encore assez dangereux de vivre son homosexual­ité au grand jour en Inde. Malgré certaines maladresse­s, Bleu cobalt frappe plusieurs bonnes notes, en particulie­r dans les scènes où Tanay se rapproche physiqueme­nt et émotionnel­lement de l’inconnu, qu’on voit plusieurs fois partiellem­ent dénudé. Certains trouveront sans doute que les rebondisse­ments de l’intrigue ne sont pas toujours crédibles, ni même logiques d’un point de vue occidental, mais ils seront sans doute touchés par son lyrisme inexprimé, sa mise en scène en toute liberté de l’amour homosexuel dans une société plutôt fermée et traditionn­elle, ainsi que par la très grande beauté dans le dépouillem­ent et le rythme lent du film. ■

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FLEURETTE CREVIER ET MADO
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