Fugues

Robert Ouimet n’est plus

- ANDRÉ C. PASSIOUR apassiour@gmail.com

Le 22 avril dernier, en même temps que Guy Lafleur, décédait Robert Ouimet, DJ parmi les DJ. Ce remixeur, DJ et compositeu­r s’en est parti subitement, il avait 74 ans. De 1974 à 1981, tel un maestro, il dirigeait les tables tournantes du célébrissi­me club Lime Light, club gai par excellence de l’époque situé sur la rue Stanley au centre-ville de la métropole. «Robert [Ouimet] était un excellent DJ. C’est pour cela qu’il a continué après le Lime Light. Il faisait de l’apnée du sommeil et, selon ce qu’on a appris, il est décédé d’une crise de coeur pendant qu’il dormait. C’est très triste. Il était très connu, même au-delà du Québec, aux États-Unis, etc. Toute le monde a appris la nouvelle avec une grande tristesse», explique Claude Chalifoux, conjoint d’Yvon Lafrance avec qui il était responsabl­e du Lime Light. «Il n’avait jamais arrêté de travailler, renchérit Yvon Lafrance. Il avait gagné plusieurs trophées. Nous garderons toujours de très bons souvenirs de lui. C’est vraiment triste qu’il nous a quitté si vite.»

La légende veut que ce soit Robert Ouimet qui a introduit le disco à Montréal et au Québec faisant ainsi du Lime Light, sous la direction d’Yvon Lafrance et Claude Chalifoux, un équivalent du Studio 54 de New York - mais avant celui-ci puisque cette boîte de nuit n’a ouvert ses portes qu’en 1977 - avec ses soirées endiablées où se mêlaient artistes et anonymes… Sacré meilleur DJ en Amérique du Nord par le magazine Rolling Stone en 1976 et DJ de l’année en 1977 par Billboard, sa notoriété avait dépassé les frontières de la province durant l’ère disco. Mais est-il abouti au Lime Light ? «J’avais été un soir dans un club sur la rue Guy et il jouait là. Je suis allé lui parler, dit Yvon Lafrance. On avait déjà un DJ qui a fait les premiers mois du club, George Cucusella. Je voyais que Robert avait du talent et je voulais qu’il vienne jouer au Lime Light. Puis, je suis parti en vacances à Fire Island. Entre temps, il a été faire une audition et c’est Claude qui était là et cela a fonctionné. Robert avait l’oreille et en plus il avait du talent pour mixer. Le Lime Light était plus sophistiqu­é techniquem­ent qu’ailleurs avec un système de musique sans distorsion­s. On voulait une musique disco pas commercial­e, plus recherchée et plus raffinée qu’ailleurs. C’est ce qui faisait la différence et Robert avait une bonne idée de ce qui pourrait plaire à notre public.»

«Robert était très ‘’versatile’’, il pouvait jouer n’importe quoi du moment que cela voguait dans le disco, le dance, etc. Lorsqu’il allait à New York, il dénichait des succès et c’était vraiment des exclusivit­és. Le Lime Light jouait des musiques qu’il n’y avait pas ailleurs. Robert était un champion», se remémore, Claude Chalifoux. Au cours des décennies après le Lime Light, c’est encore Robert Ouimet qui introduit le new wave et ensuite la musique house – musique aux variations et sonorités multiples encore en vogue dans les Circuit Parties gais à travers la planète - , il remportera un prix Juno, en 1994, pour une compositio­n originale house. Robert Ouimet avait été du documentai­re Limelight Montréal, filmé par Daniel French, où on le voit dans son studio entouré de ses nombreuses récompense­s canadienne­s et internatio­nales. «J'ai rencontré Robert au printemps de 2010 pour le documentai­re à l'époque où j'étais étudiant en cinéma, explique Daniel French. Ce qui m’a fasciné chez lui c'est sa passion pour la musique, sa générosité. C'était un homme humble et facile d'approche. […] Il m'avait permis d’utiliser une de ses compositio­ns musicales pour le documentai­re. Il était très généreux.» ✖

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