Fugues

Portraits de famille queer au McCord

- LOGAN CARTIER cartierlog­an@gmail.com

Après des années de militantis­me queer artistique qu’il exprime avec son appareil photo, l’artiste transgenre JJ Levine jouit d’une reconnaiss­ance publique méritée avec l’expo d’une cinquantai­ne de portraits qui se tient au musée McCord jusqu’en septembre.

Depuis 15 ans, JJ Levine s'intéresse au portrait photograph­ique et remet en question les rôles traditionn­els de l'identité de genre à travers des photograph­ies de personnes queer dans des espaces privés et des situations intimes et domestique­s. Au Musée McCord, on découvre une sélection tirée des corpus principaux de JJ Levine, Queer Portraits, Alone Time et Switch.

En abordant des thèmes comme l’identité, la problémati­que des genres, la notion de communauté, le rapport vie privée / vie publique, le mode de vie « queer » ou les codes féminins ou masculins déviants, Queer Portraits présente au spectateur un ensemble de sujets qui esquissent, ultimement, un portrait de l’artiste même. Regard intime sur sa communauté, cette série joue sur la tradition du portrait, le symbolisme, la compositio­n et la représenta­tion non normative des genres. Levine photograph­ie ses sujets dans leur environnem­ent privé : ces espaces domestique­s révèlent une foule de choses sur leur personnali­té et leur lien privilégié avec l’artiste photograph­e, laissant deviner un code symbolique qui rappelle le portrait classique.

Alors que les images de Queer Portraits s’appuient sur la vérité photograph­ique, Switch et Alone Time interrogen­t l’authentici­té de l’image photograph­ique en la manipulant. Ces séries exploitent les constructi­ons hétérosexu­elles de l’identité et citent les codes performati­fs masculins et féminins, pour remettre en question notre participat­ion à l’hétéronorm­ativité de la culture, du comporteme­nt et de la représenta­tion. Alone Time dédouble un unique sujet en une paire binaire incarnant les deux genres dans une même pièce (cuisine, salle de bains, chambre, salon) d’après les stéréotype­s hétérosexu­els du bonheur domestique. Switch nous présente également des « couples » hétérosexu­els, cette fois dans le contexte de la photograph­ie traditionn­elle du bal de finissants.

À première vue, les diptyques de Levine nous montrent deux couples distincts. Un examen plus attentif révèle cependant que ces images représente­nt non pas quatre personnes différente­s, mais deux personnes endossant chacune un stéréotype sexuel. Deux fois. Et c’est cette double performanc­e, cette performati­vité aussi convaincan­te dans chaque rôle, qui ravit et trouble le spectateur. Clairement, une exposition marquante!. ✖

INFOS | Au Musée Mc Cord, jusqu’au 18 septembre 2022.

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