Fugues

Quand on se pose cette question…

- YVES LAFONTAINE yveslafont­aine@fugues.com

Roselle (de son vrai nom Rosalie Roberge), est une chanteuse pop qui, depuis 2019, s’est fait un nom comme frontwoman du groupe The Lost Fingers en plus d’avoir été candidate de La Voix. Certains plus férus de la culture musicale savent qu’elle est la soeur et collaborat­rice vocale de Vincent Roberge, son frère, sur son projet solo Les Louanges. Avec la pause forcée de la pandémie elle en a profité pour travailler en solo à l’écriture de plusieurs chansons et mélodies. Et en septembre prochain, elle sortira son premier album solo sous l’étiquette québécoise Let Artists Be. Déjà on peut entendre quelques simples et voir trois clips, tous très intéressan­ts sur Youtube. Et l’une des chansons — Je me posais cette question — vient tout juste d’être remixée par nulle autre que Misstress Barbara. Je les ai toutes deux contactées pour discuter de la chanson originale et du remix…

La musique de Roselle, une mélomane assumée, est à son image. C’est un mélange de douceur et d’extravagan­ce, une pop pas trop sucrée et assez mature, à saveur électro et soul. Quand on lui demande qu’elle est la genèse de la chanson Je me posais cette question, elle répond «[j]e suis parti du refrain, puis du beat. Je voulais une chanson sensuelle, qui revient revisiter le feeling qu’on ressent quand on rencontre une personne pour la première fois. Quand on est dans un contexte de party — comme dans le vidéoclip — et qu’on voit quelqu’un de l’autre bord de la pièce qui nous trouble, comme un genre de coup de foudre, qu’on ne s’explique pas, qui nous frappe et nous chamboule, qui fait qu’on a l’impression de ne plus être en contrôle de ses émotions.»

Le vidéoclip met en scène deux filles qui échangent un premier regard alors qu’elles dansent chacune avec un garçon lors d’un party. Alternant, entre le regard et le sourire des deux filles et l’ambiance du party, la caméra traduit leurs émotions. On y voit à la fois le désir et le désarroi de ne pas trop savoir quoi faire avec les émotions qui les envahissen­t. Le clip est de facture assez queer. Je lui fais la remarque et lui demande quelle question elle se posait en créant la chanson…

«Ça m’est arrivée dans ma vie de me poser des questions par rapport à ma sexualité, à mon orientatio­n sexuelle. La chanson joue un peu là-dedans, dans les questions qui surviennen­t dans notre tête à ce moment-là : qu’est-ce qui m’arrive?, la personne qui me fait cet effet-là, est-ce qu’elle ressent la même chose? Je suis déjà bouleversé­e. Je fais partie de la génération qui s’est naturellem­ent posée bien des questions… Et je me suis posé des questions sur ma sexualité, mon identité. J’ai beaucoup d’ami.e.s queer avec qui j’ai eu de longues discussion­s à ce sujet. Et pendant un certain temps j’ai rejeté toutes les étiquettes et me disant que je suis juste «moi», mais avec le temps, je considère maintenant que je me retrouve mieux dans la définition de ce que c’est que d’être «queer» que dans la définition de l’hétérosexu­alité qui m’apparaît très éloignée. Bien que j’ai un copain, je ne me retrouve pas dans l’étiquette «hétérosexu­elle». J’ai eu des expérience­s qui ont confirmées certaines choses et je peux dire que le terme «queer» me définit mieux que tout. D’autant plus que c’est un terme qui n’est pas contraigna­nt, qui englobe beaucoup de réalités, avec lequel je peux plus naturellem­ent naviguer.»

D’où es venu l’idée d’un remix de la chanson? «Pour être franche, je ne connais pas beaucoup le milieu de la musique électroniq­ue et l’univers des DJ, mais Maryse — qui est ma chargée de projet à la maison de disque (Let Artists Be) et qui a été DJ dans le Village pendant plus de dix ans — a vu tout de suite le potentiel de la chanson pour un remix. On en a parlé et je lui ai dit, ben oui let’s go on va essayer ça. Je suis vraiment contente du résultat, ça amène la chanson vraiment ailleurs, dans des zones que je n’aurais pas nécessaire­ment pensé explorer par moi-même. Et on a deux versions, une plus courte pour la radio et une autre plus longue. Personnell­ement j’adore ça pouvoir danser sur une chanson plus longtemps. »

L’apport de Misstress Barbara

«Quand on m’a envoyé la chanson pour voir si j’avais envie de faire un remix, j’ai tout de suite accroché sur le refrain», nous confiait Misstress Barbara lorsque nous l’avons contacté concernant cette collaborat­ion sur le remix de la chanson de Roselle. «Je trouvais qu’il reste dans la tête et que son petit côté répétitif était vraiment propice à un remix. J’ai tout de suite entendu une track à la French Touch, mais le défi était grand car dans la version originale de Je me posais cette question? rien ne porte vers ça. C’est avec cette unique direction en tête que j’ai accepté de faire le remix et relever ce défi. Mais ce n’est qu’une fois en studio, suite à de nombreuses heures de travail et tout plein d’essais, que j’ai compris que la chanson ne se portait pas vraiment à un remix pour des clubs, mais qu’on pouvait très bien la pimper pour en faire une autre version dans la tendance du moment ; le genre de morceau qu’on retrouvera­it dans des playlists Spotify plutôt que joué par des DJs à 3h du matin dans un club. J’ai assez d’expérience pour savoir reconnaîtr­e le potentiel à explorer d’une chanson. Dans le cas de mon remix de Je me posais cette question je suis vraiment contente du résultat et j’espère que ça plaira ! » ✖

INFOS | Visitez le site officiel de Roselle www.roselleoff­iciel.com et toutes les plateforme­s de Misstress Barabara : https://linktr.ee/misstressb­arbara

Écoutez Je me posais cette question (remix) https://orcd.co/jmpcq-remix

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