Gentologie

L'ART DE LA CONSERVATI­ON AVEC MASSIMO VINCELLI

THE ART OF PRESERVATI­ON WITH MASSIMO VINCELLI

- PAR | BY NORMAND BOULANGER PHOTOS: AYMERIC HALBMEYER

Alors que les magnifique­s légumes remplis de couleurs disparaiss­ent avec l’arrivée de l’automne vient le temps de préserver ces derniers pour en avoir l’année durant. J’ai rencontré un expert en la matière Massimo Vincelli, qui avec son acolyte, John Barros, ont ouvert l’épicerie Conserva il y a tout juste 1 an, sur la Plaza Saint-hubert à Montréal, une épicerie de la Ferme à la Table.

Alors que l’automne arrive, c’est la période des conserves, mais pour vous chez Conserva, c’est à l’année. J’imagine que pour toi qui vient d’une famille italienne, les conserves, ça doit être dans tes veines avec les tomates et tous les autres légumes. Si tu m'expliquais d’où vient l’idée de Conserva, comment est-ce que vous avez parti l’entreprise, et la façon de bien faire de bonnes conserves ?

Pour nous l’aventure Conserva, c’est de transmettr­e ce que l’on a appris dans notre jeunesse et de leur servir cette même qualité avec laquelle nous avons grandi. Je me souviens que lorsque j’avais environ 5 ans, j’allais dans les champs cueillir les tomates et l’on fabriquait une quantité industriel­le de tomates. On débutait à 8 h le matin pour terminer à 9 h le soir. On en faisait environ 300-400 bouteilles, il faut dire que c’était pour l’année longue. Cette idée de prendre ce que l’on a en saison pour les garder à longueur d’année vient vraiment de notre jeunesse, à moi, qui suis d’origine italienne comme je mentionnai­s, et John, qui est d’origine portugaise, on a simplement décidé de placer le tout dans un magasin, et voilà comment est née l’épicerie Conserva.

Vous venez du monde de la restaurati­on n’est-ce pas?

Oui, John a environ 11 ans d’expérience dans les cuisines et chefs à différents endroits, tandis que moi, j’ai environ 7 ans d’expérience en restaurati­on également. J’ai voyagé et travaillé en Italie et au Danemark. À Toronto également.

« Il n’y a pas de secrets pour faire de bonnes conserves. La première chose est de ne pas avoir peur d’essayer. »

Par rapport à cette expérience dans le monde de la conserve, comment fait-on de bonnes conserves?

La première chose essentiell­e est d’avoir un produit en saison et à son meilleur et le garder en saumure, sous-vide, etc. Ici, on marine beaucoup, avec une saumure très simple pour ne pas cacher le goût, mais bien l’amplifier. Aussi, il n’y a pas de secrets pour faire de bonnes conserves. La première chose est de ne pas avoir peur d’essayer. C’est en essayant que l’on va voir si c’est délicieux ou pas. J’ai fait beaucoup de choses qui étaient très mauvaises, surtout quand on expériment­ait avec la fermentati­on dans différents restaurant­s dans lesquels j’ai travaillé. Et je voyais la face de mes collègues qui disaient que c’était vraiment dégueulass­e. Mais, comme je mentionnai­s, c’est juste en essayant que l’on peut le savoir et c’est la même chose pour la conserve. On débute avec une technique de base et ensuite on raffine et l’on perfection­ne ensuite nos recettes.

Donc, on prend nos légumes, on décide quelle saveur on veut dans notre conserve salée, naturelle ou comme ici avec nos choux-fleurs, on ajoute un peu de grains de coriandre grillés afin de faire ressortir davantage le goût du chou-fleur ou un peu d’aneth pour nos cornichons. Il faut vraiment respecter ce qu’il y a en saison. Tu fais chauffer le liquide, tu mets tes légumes à rebord avec les épices, tu mets le couvercle dessus (un couvercle neuf et mis dans l’eau chaude), tu ajoutes ta marinade dessus et tu fais chauffer de 10 à 15 minutes et tu laisses reposer à l’envers, et voilà ! (NDLR. La méthode complète est à la fin de l’article)

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Alors que certaines expérience­s avec la fermentati­on ont un peu mal tourné, qu’est-ce que ça t’a apporté dans ton travail toutes ces différente­s expérience­s en cuisine?

Souvent, c’était pour des tests, par exemple chez Hoogan & Beaufort, j’ai fait des betteraves blanches fermentées et c’était vraiment délicieux, et aussi différents tests avec le temps et le niveau de sel. Pour moi, c’était vraiment une découverte, qui m’a fait voir que l’on peut faire vraiment tout en cuisine, qu’il n’y a pas de limites. Je sais que plusieurs personnes ont peur de la fermentati­on, mais c’est quelque chose qui existe depuis des centaines d’années.

Justement, parlant de peur de fermentati­on et conserve, c’est un peu votre challenge ici de vendre ces produits alors que les gens ne peuvent pas vraiment goûter ce qu’il y a dans les pots.

La première chose, c’est le doute, il faut voir s’ils sont intéressés, habituelle­ment c’est un bon départ. Parfois, on a des échantillo­ns que l’on peut faire goûter, une fois que c’est fait, c’est presque une vente de conclue. Par exemple, nos cornichons sont vraiment un franc succès, environ 95 % de nos clients les adorent.

Ici, c’est vraiment de « La ferme à la table » avec des légumes biologique­s, est-ce que ça change quelque chose pour les aliments en conserve?

Il est certain qu’un légume biologique aura plus de goût et sera également plus santé, mais c’est surtout dans la fermentati­on que l’on voit la différence. Par exemple, avec le gingembre non biologique, on dirait qu’il est comme irradié. Un légume sans microbes, sans bactéries, il ne pourra pas fermenter, car il est quasi neutre.

Est-ce que ce n’est pas un peu comme le fromage?

Exactement. Il y a plus de culture, plus de bactéries. Surtout pour la lacto-fermenatio­n, les légumes biologique­s sont essentiels.

Et qu’est-ce que vous expériment­ez pour cet automne?

L’an dernier, nous avons fait une sauce jalapeño rouge qui a vraiment été un succès. Cette année, nous essayons avec le jalapeño vert, même processus.

Vous avez aussi votre « kit » pour l’action de grâce que les gens pourront commander (en plus des conserves, ils ont une section boucherie et volailles provenant de producteur­s locaux) , n’est-ce pas?

Oui, il y a une dinde au complet, dans la saumure, avec la sauce, de la farce, etc.

Et vous venez de fêter votre premier anniversai­re, comment ça se passe?

Les gens adorent vraiment notre côté boucherie et prêt-à-manger. Les choses qui peuvent faire un repas, ils achètent la viande et ensuite les accompagne­ments. Exemple une lasagne et une petite salade. Même chose pour la viande, nous voulons que les gens essayent des pièces qu’ils n’ont jamais cuisiné, etc. Ils nous demandent nos techniques, etc.

Et vous avez commencé des cours de cuisine.

Oui, ça va commencer cet automne avec les pâtes. Un petit kit de départ, vous n’avez pas besoin d’un arsenal pour faire des pâtes maison. C’est vraiment simple et de qualité. Des cours de pâtisserie­s et de boucherie également avec John. comprendre comment l’animal est fait, etc. Ici, nous achetons l’animal au complet et l’on utilise toutes les parties, on vend les plus belles parties à nos clients et l’on transforme le reste, soit en saucisse, pâté chinois, rillettes de porc, etc. Il n’y a aucun gaspillage, on utilise les os pour nos bouillons. Donc ici, on minimise les pertes au maximum.

Merci et bon automne, on se revoit très bientôt. ƒ

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MASSIMO VINCELLI (À GAUCHE / ON THE LEFT) ET/AND JOHN BARROS (À DROITE / ON THE RIGHT)
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