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Comment concevoir la parfaite cuisine extérieure ?

- Merci à M. Marc Lacroix, cofondateu­r de Station Grill (stationgri­ll.ca), pour son aimable collaborat­ion. RECHERCHE YASMINA LAHLOU TEXTE FERNANDA MACHADO GONÇALVES

Côté terrasse ou côté jardin, près de la piscine ou du coin

lounge, une cuisine extérieure promet d’étirer la saison du barbecue et de profiter de partys au grand air avec un degré de confort égal à celui de l’intérieur. Comment réussir son aménagemen­t et à quel prix ? Voici les réponses à toutes vos questions ! À quoi faut-il penser ?

Avant tout, il faut prendre le temps de bien réfléchir à nos besoins. Veut-on une cuisine en version mini avec barbecue et comptoir simple ou bien une option « tout inclus » avec évier, rangements et autres commodités (frigo, fumoir, bar, etc.) ? À quelle fréquence compte-t-on l'utiliser ? Pour des grillades occasionne­lles ou chaque fin de semaine ? Pour combien de personnes ?

L'emplacemen­t est aussi à considérer. Une cuisine située le plus près possible de la maison permettra d'en profiter en mode multisaiso­n, du printemps à l'automne (voire l'hiver pour les plus courageux, surtout si l'on décide de l'équiper d'un toit !). Idéalement, on prévoira de la placer près d'une source d'eau et d'électricit­é. Si cela est impossible, il faudra prévoir un budget pour la main-d'oeuvre (plombier, électricie­n) afin de réaliser les éventuels travaux de canalisati­on et de raccordeme­nt. Idem pour l'arrivée du gaz si l'on préfère un barbecue à alimentati­on directe. Vérifier l'orientatio­n des vents pourra aussi aider à déterminer le bon emplacemen­t pour le barbecue.

Quels matériaux choisir ?

On privilégie avant tout des matériaux durables et sans entretien. Quand on doit déjà calculer du temps pour entretenir son patio, sa cour ou son terrain, on ne veut pas en rajouter avec l'entretien de la cuisine extérieure ! L'objectif : limiter la charge de travail et profiter de sa cuisine d'été au max.

L'élément clé étant l'espace de travail, on mise sur des comptoirs 100 % imperméabl­es, résistants (aux températur­es élevées, aux rayons UV et au gel) et faciles à nettoyer. Les surfaces ultracompa­ctes de type Dekton

et les porcelaine­s haute performanc­e telles que le Neolith, le Laminam et le Lapitec sont d'excellents choix. De même, le granit jouit d'une durabilité éprouvée, en plus d'être facile à agencer. Du côté des armoires et des tiroirs, on se tournera vers des matières conçues pour camper à l'extérieur toute l'année, comme l'aluminium, le polymère (polyéthylè­ne haute densité - PEHD) et l'acier inoxydable. Et si on a la fibre écolo, on évitera d'ajouter certaines finitions (les laques, par exemple). En effet, les matériaux qui nécessiten­t le moins de protection possible sont plus écologique­s.

Combien ça coûte ?

Le montant de la facture liée à la conception d'une cuisine d'été dépend de deux facteurs : les matériaux choisis et les dimensions. Dans le cas d'une cuisine d'environ

2,40 m (8 pi) de long, le coût minimal peut se situer aux alentours de 8 000 $. Ce prix inclut la base (armoires, comptoirs et installati­on). Pour donner un bon aperçu, on parle d'un budget initial d'environ 1 000 $ le pied linéaire en moyenne. À cela viendront s'ajouter les coûts des appareils électromén­agers.

Vous avez un petit budget ? Concentrez-vous d'abord sur le barbecue, puisque c'est l'élément de base. Achetez un modèle haut de gamme qui durera longtemps, puis « habillez-le » d'année en année en maximisant l'espace de travail selon les moyens dont vous disposez.

Rapport qualité-prix

Pour le meilleur rapport qualité-prix, il importe de prioriser l'espace de travail. Quand on bâtit un revêtement de comptoir avec une surface ultracompa­cte, il n'y a aucun entretien requis. Qui plus est, on est sûr de l'avoir pour la vie, ce qui n'a pas de prix ! Il est toujours possible de couper les coûts de 40 % en optant, par exemple, pour un comptoir en granit. Toutefois, il faudra s'astreindre à y appliquer un scellant une fois par année. En limitant le rangement, on peut également amoindrir les frais, sans nuire à la qualité de l'aménagemen­t.

Les normes à respecter

Est-on obligé de vérifier auprès de la ville si on a le droit de construire une cuisine extérieure ou non ? Pas nécessaire­ment, parce qu'en fait, ce n'est pas un règlement en tant que tel. En revanche, le contexte est différent si l'on prévoit bâtir une cuisine permanente ancrée dans le sol se présentant comme un agrandisse­ment de la maison (par exemple, un prolongeme­nt avec une grande terrasse, une cuisine, une section salon et un foyer) ; il faudra alors se référer aux normes de la ville.

On est également tenu de respecter les normes d'installati­on des électros, notamment en matière d'espace de dégagement. Pour ce faire, il suffit de se référer au manuel des fabricants. Par exemple, dans une cuisine extérieure, on doit laisser un minimum de 45 cm (18 po) de chaque côté du barbecue. Une règle cruciale, surtout si la zone de cuisson est installée près d'une surface combustibl­e !

Dans les cas où l'on souhaite bâtir des murs autour du coin-gril ou encore installer un toit au-dessus de la zone de cuisson pour se prémunir contre les intempérie­s, on sera bien avisé de faire des demandes de permis auprès de sa municipali­té afin de garantir un maximum de sécurité.

Question de sécurité

Bâtir une cuisine extérieure implique de laisser un minimum d'espace ouvert en raison des risques de fuites de gaz ou d'incendie. En règle générale, on conserve deux côtés sur quatre ouverts. Pour ne pas jouer avec le feu, on recommande de garder un extincteur à proximité de la zone de cuisson ainsi qu'une trousse de premiers soins. Dans le cas d'un réseau électrique que l'on a acheminé vers la cour ou la terrasse, on doit veiller à le protéger de l'humidité et des averses. Côté électros (frigo, lavevaisse­lle, etc.), on s'assure d'acquérir des modèles à l'étanchéité renforcée prévus pour un usage en plein air.

Rencontre avec un pro : comment se préparer ?

Le temps de la conception venu, on peut décider de faire appel à un expert pour simplifier le processus. La première chose à avoir en main lors de la rencontre initiale avec un concepteur ou un entreprene­ur ? Un plan général d'emplacemen­t qui montre où sera située la cuisine par rapport à la maison ainsi que l'espace utilisable, lequel aidera à établir la structure et l'ampleur du projet. Il faudra aussi bien sûr préciser le budget alloué au projet, excluant les appareils.

Il importe ensuite de déterminer le type de sol sur lequel reposera la cuisine. Est-il stable ? S'il s'agit d'une fondation solide en béton, oui. Si c'est une terrasse en pavés, elle risque de « travailler » avec les années et ainsi de fissurer les comptoirs (auquel cas, les garanties ne s'appliquero­nt pas). Il peut alors être recommandé de changer le revêtement de sol (couler une dalle de béton, par exemple), du moins dans la partie où sera installée la cuisine extérieure.

En outre, fournir une liste de vos besoins en électros et en accessoire­s (évier de préparatio­n, poubelle pivotante, support coulissant pour bombonne de propane, bac à glace ou à fines herbes, diviseur à ustensiles, etc.) permettra au profession­nel de créer le concept le mieux adapté à votre réalité.

Autres informatio­ns, et non les moindres, que l'on conseille d'avoir en main : les matériaux que l'on aime et le style souhaité (configurat­ion, décor), le tout présenté sous forme de photos d'inspiratio­n. Autrement dit, on doit avoir fait une recherche d'images au préalable (sur Pinterest, par exemple) afin de pouvoir guider le pro par rapport à nos goûts et à nos envies.

Rassurez-vous : pas besoin d'apporter des documents officiels (permis ou règlements) lors de la première rencontre ! Cet aspect du projet sera discuté directemen­t avec le pro lui-même, qui pourra vous orienter quant à vos obligation­s légales.

Construire soi-même, ça vaut la peine ?

Le concept de votre cuisine extérieure est enfin clairement défini, et vous vous sentez prêt à vous lancer vous-même dans la constructi­on, question d'économiser de l'argent ? C'est un pensez-y-bien à plusieurs égards ! Il sera en effet nécessaire d'investir du temps, aussi bien en ce qui concerne la constructi­on que l'entretien en fonction de la matière choisie. Construire une cuisine extérieure demande de la dextérité et une bonne connaissan­ce des matériaux, entre autres. Par ailleurs, il faut disposer des bons outils (pour couper l'aluminium, par exemple). En ce qui concerne la durée des travaux, elle est parfois difficile à évaluer au départ ; cela peut prendre de quelques semaines (cuisine avec modules en bois) à quelques mois (cuisine en maçonnerie). On doit aussi s'attendre à peutêtre ajouter des coûts imprévus en cours de route.

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Photo : Station Grill, stationgri­ll.ca.
 ??  ?? Conception : par les propriétai­res. Recherche et stylisme : Stéphanie Guéritaud. Photo : Marie-ève Lévesque.
Conception : par les propriétai­res. Recherche et stylisme : Stéphanie Guéritaud. Photo : Marie-ève Lévesque.
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