L'actu

« Les écoféminis­tes mènent des actions pacifistes et créatives »

- Pascale d’Erm :

Qu’est-ce que l’écoféminis­me ?

Il s’agit de mouvements de femmes engagées revendiqua­nt à la fois l’égalité femmes-hommes et, en même temps, la préservati­on de la planète. Elles disent : « À quoi bon obtenir l’égalité des droits si la Terre est “pourrie” et en danger ?» C’est une Française, Françoise d’Eaubonne, qui a inventé ce terme en 1974, dans un livre où elle appelait aussi les femmes à se réappropri­er leur corps (contracept­ion, sexualité...). Sur le terrain, le mouvement est né dans les années 1970-1980, dans différente­s parties du monde en même temps. En Inde, par exemple, le mouvement Chipko Andolan (un collectif de femmes paysannes peu instruites mais ayant une solide connaissan­ce pratique de la nature) s’est opposé à un projet de déforestat­ion. Les femmes enlaçaient les arbres pour les protéger, car les forêts représente­nt le sol, l’eau et l’air pur. Dans les pays anglo-saxons, beaucoup de mouvements s’opposent aux centrales nucléaires et aux projets contribuan­t au réchauffem­ent climatique. Maintenant, les jeunes reprennent le flambleau, avec les marches pour le climat notamment. C’est aussi pour cette jeune génération (dont font partie mes filles de 15 et 20 ans) que j’ai voulu écrire ce livre. Je souhaite leur faire découvrir l’histoire et les figures de l’écoféminis­me. Pour faciliter l’entrée dans cet univers, j’ai imaginé des personnage­s (un couple écolo, une adepte de la permacultu­re, une femme un peu « sorcière » faisant des rituels magiques, un journalist­e…).

Quel est le mode d’action de ces femmes ? Elles mènent des actions toujours pacifistes de manière créative et artistique. Elles fabriquent de grandes marionnett­es colorées symbolisan­t des sentiments : tristesse, peur, colère, espoir... Elles dansent aussi, chantent, tissent des objets autour des sites militaires ou industriel­s qu’elles occupent. Ces femmes ont conscience de ce que représente le fait de prendre soin des autres, du vivant, de la planète (un concept appelé le « care »). C’est aussi parce qu’elles revendique­nt des émotions face aux atteintes faites à la nature et aux femmes que de plus en plus d’hommes, jeunes le plus souvent, rejoignent leur mouvement, dans lequel ils se retrouvent.

Quelles sont les grandes figures de l’écoféminis­me ?

Il y a l’Indienne Vandana Shiva. Elle a vécu dans les bois avec les femmes de Chipko Andolan. Aujourd’hui, elle défend l’agricultur­e nourricièr­e, opposée à l’agro-business mû par le profit. Dans son viseur : Monsanto, qui cherche à imposer ses semences brevetées aux petits agriculteu­rs, et les OGM. En Afrique, il y a le Green Belt Movement, créé en 1974 par Wangari Maathai, prix Nobel de la paix en 2004. Depuis son décès, en 2011, son action est poursuivie par sa fille. Ce collectif de femmes a planté 51 millions d’arbres au Kenya, régénérant la terre tout en luttant contre la pauvreté (en offrant des sources de revenus aux femmes). Citons aussi Starhawk. Cette militante américaine est une sorcière des temps modernes. Elle mène des rituels mêlant magie et spirituali­té lors d’actions de désobéissa­nce civile pacifiques.

Par O. G.

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