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“J’ai entendu le nom de Malik Oussekine à 12 ans, il ne m’a jamais quitté”

- Antoine Chevrollie­r : Par Audrey Nait-Challal

La série Oussekine revient sur un événement terrible. Racontez-nous…

Nous sommes dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986. Des étudiants protestent, à Paris, contre un projet de loi sur l’université. Malik Oussekine, 21 ans, ne fait pas partie des manifestan­ts. Alors qu’il sort d’un club de jazz, il est poursuivi par des policiers à moto. Il se réfugie dans un hall d’immeuble. Un policier le suit et le tabasse à mort.

Quand et pourquoi avez-vous souhaité lui consacrer une série ?

J’ai entendu pour la première fois le nom de Malik Oussekine en 1994, dans un morceau de rap du groupe Assassin, L’État assassine. Son nom ne m’a plus jamais quitté. Pour moi, il fait partie d’un pan oublié, occulté, de l’histoire de notre pays et le raconter est indispensa­ble. Par le biais de flash-back, nous revenons à octobre 1961 [ndlr : le 17 octobre, le jour où des Algériens manifestan­t à Paris sont morts lors d’une répression policière], aux années 1970… On ne peut pas panser les blessures d’une grande partie de la population française si on ne les raconte pas. Il était essentiel de traiter cette histoire par le prisme intime — la douleur et le combat de la famille Oussekine —, tout en mettant en lumière le contexte : celui d’une violence étatique et politique envers les immigrés.

La famille de Malik Oussekine vous a-t-elle donné son aval ?

Oui, et c’était essentiel. J’ai rencontré ses deux frères et sa soeur pour leur parler du projet. Quand nous avons démarré l’écriture, j’ai passé tous mes dimanches, pendant trois-quatre mois, avec Mohamed et Ben Amar. Sarah habite plus loin, je lui parlais au téléphone. Un lien de confiance s’est établi. Ils nous ont parlé de Malik, de l’histoire de leur famille, des liens qui les unissaient. Ils nous ont aussi confié la mallette de Malik, remplie de ses effets personnels. Nous l’avons eue avec nous pendant toute la période d’écriture.

Qui était Malik ?

Il était solaire et avait confiance en lui, en l’avenir, en son pays. Il était intelligen­t, drôle, parfois impétueux. Un horizon magnifique s’ouvrait devant lui.

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