“Nous avons voulu raconter cette histoire à hauteur d’enfant”
Quel est le sujet d’Après la rafle, la BD que vous avez scénarisée ?
Nous racontons l’histoire vraie et bouleversante de Joseph Weismann, un petit Parisien de 11 ans. Pendant la rafle du Vél’d’Hiv’, en juillet 1942, il est arrêté avec sa famille et emmené dans le camp de transit de Beaune-la-Rolande (Loiret). Ses parents et ses soeurs sont déportés à Auschwitz, où ils seront exterminés, tandis qu’il reste dans le camp français avec des centaines d’autres orphelins. Il décide alors de s’évader, avec un camarade.
Pourquoi ce titre, Après la rafle ?
Nous partons du regard de l’homme qu’est devenu Joseph Weismann sur l’enfant qu’il était. La BD raconte cette évasion, mais aussi comment il a grandi avec ce souvenir terrible de la Shoah. Que se passe-t-il après ? Peut-on être heureux ? Comment vit-on avec ce traumatisme ? Comment lui donne-t-on sens ? Joseph aime beaucoup le mot « résilience » [ndlr : capacité à se reconstruire après un traumatisme]. L’enjeu de sa vie a été celui de la transmission et de la mémoire. Son histoire est aussi une merveilleuse leçon de vie. Joseph a aujourd’hui 90 ans. Il est vif, marrant, malicieux. Enfant, on le surnommait «le farfadet». Il en est toujours un!
Quel a été votre parti pris scénaristique ?
Avec le dessinateur, nous avons voulu raconter cette histoire à hauteur d’enfant. Le dessin de Laurent Bidot évoque un trait enfantin, faussement naïf, à la Tintin, pour évoquer des événements d’une dureté extrême. Son dessin est aussi d’un grand réalisme. Le découpage est moderne et ne cache rien de la vérité. Tous ces éléments permettent de prendre encore plus la mesure de l’effarement et de l’horreur de cette période.
Ce travail a-t-il été difficile ?
Pas techniquement, mais ma préoccupation était la fidélité à l’homme, à la mémoire et à l’exactitude historique. Émotionnellement aussi, cela a été éprouvant, j’étais en larmes en finissant d’écrire ce texte. L’un des moments les plus forts est celui où il est arraché à sa famille, qu’il ne reverra jamais.
BIENTÔT EN INTERVIEW L’ancienne finaliste de Koh-Lanta Lucie Bertaud, boxeuse et combattante de MMA