“On a creusé deux kilomètres de tranchées pour le film”

Pourquoi avoir tourné 1917 en un seul plan, un plan séquence ?

Sam Mendes : Je voulais que les spectateurs soient en immersion avec ces soldats. Je voulais qu’ils les entendent respirer et suivent chacun de leurs pas lors de leur mission, pour ressentir plus d’émotions... Ça a été un défi lors du tournage et du montage. Dans les films, on raccourcit, on coupe toujours des scènes. Là, c’est impossible ! Le tournage se passe quasi intégralement en extérieur, les personnages se déplacent tout le temps, aucun décor n’est le même – ce qui a été difficile à gérer pour les éclairages. Il nous est aussi arrivé de nous lancer dans le tournage d’une scène de dix minutes pour nous apercevoir qu’à la septième minute on avait raté un truc... Il fallait tout refaire.

Les conditions de tournage n’étaient-elles pas trop dures ?

Il faut relativiser. Nous avons passé trois semaines dans la boue. Les soldats de la Première Guerre mondiale y ont passé trois ans ! Maintenant, je le concède, ce n’était pas les meilleures conditions de tournage. Nous arrosions constamment les sols avec des centaines de litres d’eau pour obtenir de la boue bien glissante. Je n’ai pas compté les fois où je suis tombé ! On a creusé deux kilomètres de tranchées parce que nous n’en avons pas trouvé de cette longueur lors de nos repérages...

Est-il vrai que le film est en partie inspiré de votre grand-père ?

Oui. Il a rejoint l’armée en 1910 et a été soldat pendant la guerre entre 1914 et 1918. Après, il est devenu romancier, mais il n’a jamais raconté ce qu’il a vécu, même à ses fils. Avant de mourir, il s’est confié à ses petitsenfants. Il nous a parlé des heures de son rôle de messager durant la guerre. Mais il ne se voyait pas comme un héros, plutôt comme quelqu’un de chanceux d’avoir survécu...

Lequel de ses récits vous a le plus touché ?

Une nuit, alors qu’il était à proximité d’une ferme en France, il a entendu une femme jouer un morceau de Debussy au piano. Cela faisait trois ans qu’il n’avait pas écouté de musique. Il était si ému qu’il a pleuré !

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