“Est-il plus violent de saboter un pipeline ou d’en construire un ?”
Quel est le principe de ce documentaire en trois parties ?
Cyril Dion : Dans Un monde nouveau, j’avais envie de dérouler une stratégie possible face au changement climatique. Comment peut-on se positionner face à cet événement majeur dans l’histoire de l’humanité ? Nous avons conçu le documentaire en trois parties. Le premier volet traite de la « résistance ». La bataille se fait sur plusieurs fronts : sur le terrain politique, sur le terrain juridique, mais aussi par la désobéissance civile, l’occupation de lieux… Le deuxième volet est consacré à l’adaptation, car les conséquences du changement climatique sont là. Enfin, dans le volet intitulé « Régénérer », nous montrons que, pour résoudre le problème, nous avons besoin du vivant plutôt que de solutions technologiques. Nous devons réinventer nos écosystèmes humains, économiques, politiques, éducatifs et démocratiques.
L’activisme écologiste a beaucoup évolué. Comment et pourquoi ? Les mouvements de résistance sont de plus en plus anticapitalistes. Beaucoup revisitent la notion même de violence. Est-il plus violent et plus intolérable de saboter un pipeline que d’en construire un ? Sachant que l’Agence internationale de l’énergie dit que, pour rester sous une hausse de 1,5 °C [d’ici à 2100], il ne faut plus fabriquer une seule structure fossile et que Total construit un énorme projet en Ouganda aux conséquences terribles pour plein de gens. Il nous paraissait crucial de mettre en lumière des actions fortes, mais non violentes envers les personnes.
Face au réchauffement de la planète, les « petits gestes » du quotidien restent-ils utiles ou sont-ils dérisoires ?
Il faut avoir conscience que nos petits gestes ne suffisent pas et ne vont pas tout changer. Pour autant, ils ont plusieurs vertus. La première, c’est qu’ils comptent pour un quart, ce n’est pas rien. De plus, ils participent à faire changer la culture. Si votre voisin voit que vous ne mangez pas de viande ou que vous ne prenez pas l’avion, vous allez en discuter. Cela va contribuer à faire bouger les mentalités. Quand rouler en SUV ou prendre trop l’avion deviendra la honte, ce sera signe de changements culturels. Et on aura gagné quelque chose.
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