“Dans les sports extrêmes, il y a un défi personnel et un but scientifique”
Vous venez d’enchaîner deux courses très difficiles. Racontez-nous… Adam Lemiere : Oui, j’ai couru 120 kilomètres dans le Sahara marocain, par plus de 45 °C, et, quatre jours plus tard, j’ai enchaîné avec un ultratrail de 63 kilomètres au pôle Nord, divisé en deux étapes de 21 et 42 kilomètres, sous les – 20 °C. Au Sahara, on a été exposés à des tempêtes de sable et à des pluies diluviennes, mais ce sont les nuits qui ont été le plus difficiles à gérer. Jusqu’à minuit, il faisait 40 °C sous la tente, et en deux heures on passait à 5 °C. Je n’ai dormi que deux heures en quatre nuits. Mais le pôle Nord a été plus dur encore, car j’étais moins bien préparé au froid. Au départ de la course, il faisait – 30 °C, avec un vent violent. Ma sueur gelait sur mon corps, j’avais des engelures sur les doigts, des douleurs atroces au ventre, la peau de mes joues se craquelait.
Quels étaient vos objectifs lors de ces défis extrêmes ?
Il y avait d’abord un challenge personnel : être le premier à enchaîner une traversée dans le Sahara et au pôle Nord dans la même semaine. Le deuxième objectif est scientifique. Je travaille avec des chercheurs et des médecins qui m’ont équipé de capteurs pour étudier comment le corps humain s’adapte en conditions extrêmes. Ces données auront sans doute leur utilité face aux phénomènes de dérèglement climatique. Enfin, je veux contribuer à changer l’image des sportifs. Ils sont souvent perçus comme autocentrés, focalisés sur la performance et fermés d’esprit. J’ai à coeur de casser cette image. Un sportif peut porter des valeurs et avoir une influence sur des questions de société, notamment les problématiques d’environnement et de transition écologique.
Comment vous-êtes vous tourné vers les sports extrêmes ?
J’ai toujours été animé par le dépassement de soi. J’ai pratiqué la natation à haut niveau pendant une quinzaine d’années. Mais après mes études, j’ai souhaité changer mon rapport au sport. En natation, la performance est liée au chrono. Dans les sports extrêmes, il s’agit de finir la course. Dans ma démarche de porter des valeurs, d’aider des associations, cette forme de dépassement de soi a plus de sens.
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