L'actu

“En claquant ma porte, j’ai vu son visage, à l’autre bout du couloir...”

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En 1997, vous vivez seule dans un immeuble inoccupé, en fond de cour, dans le 9e arrondisse­ment de Paris. Ayant sorti votre chien, vous revenez vers 10 h.

Que se passe-t-il ensuite ?

N. : Je ne ferme pas la porte derrière moi : elle était déjà ouverte, pour aérer, car l’homme de ménage (s’occupant surtout de l’immeuble sur rue) avait lavé l’entrée de mon immeuble, vide, une ancienne usine. Au début, je ne m’en rends pas compte, mais un homme me suit...

Vous a-t-il suivi dans la rue où était-il planqué dans l’immeuble ?

Je pense qu’il m’a repérée dans la rue et qu’il s’est engouffré derrière moi à l’entrée de l’immeuble sur rue. Je n’ai rien perçu à ce moment-là. C’est quand je me suis trouvée au premier étage de l’immeuble sur cour, où je vivais, que les vestiges de mon cerveau reptilien, pourtant bien rarement sollicité, ont démarré en une fraction de seconde. Je n’avais rien entendu ni vu qui aurait pu m’alerter d’un danger. J’ai pourtant perçu quelque chose qui clochait, comme une présence, sans en connaître la nature : homme ou chose.

Pourquoi ne pas avoir lancé votre chien sur lui ?

J’étais en train de monter lentement les étages, car mon chien, âgé, était fatigué. Soudain, dès que j’ai ressenti cette alarme en moi, toujours dans cette fraction de seconde, j’ai pensé qu’il fallait revenir sur mes pas, retourner dans la rue. Mais je me suis dit que « cette chose » risquait de me bloquer si elle était en bas de l’immeuble... J’ai donc pris mon chien (un croisé fox-terrier) sous le bras et je me suis mise à courir plus vite que jamais. Là, enfin, j’ai entendu les pas lourds de quelqu’un qui me coursait.

À combien de mètres était votre poursuivan­t quand vous l’avez vu clairement et lui avez fermé la porte au nez ? J’habitais au troisième étage, l’entrée de mon appartemen­t était située au bout d’un couloir d’environ trois mètres de long. En me jetant dans le couloir avec mon chien sous le bras, j’ai prié pour que mes clefs soient dans ma poche de veste et non au fond de mon sac. C’était heureuseme­nt le cas. Je me suis encore dit qu’il ne fallait pas trembler en mettant la clef dans la serrure. J’ai réussi à maîtriser mon geste et à ouvrir la porte à toute volée. Là, au moment de la claquer, j’ai jeté un oeil pour évaluer la distance à laquelle il était de ma porte qui se refermait. Et j’ai vu son visage, à l’autre bout du couloir.

A-t-il sonné chez vous ? Essayé de forcer la porte ? Non, je pense qu’il a rebroussé chemin.

Aviez-vous un oeilleton dans la porte, permettant de le voir partir ? Oui, mais je ne me souviens pas d’avoir regardé.

Pouviez-vous voir la sortie de l’immeuble, et donc sa sortie, de l’une de vos fenêtres ?

Je n’ai pas cherché à aller le voir de la fenêtre. Je suis restée immobile, à essayer de reprendre mon souffle et de retrouver mon calme. Après avoir été coursée par cet homme dans l’escalier, j’ai aussitôt pensé que j’avais eu affaire à un super-prédateur car, dès que j’ai commencé à courir, il s’est jeté à ma poursuite et j’ai senti sa déterminat­ion.

Interview par François Dufour Suite et fin dans le numéro de demain.

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