“Pour nourrir mes romans, j’utilise le réel, le mien et celui du monde”

Quelle est l’histoire de votre roman Ilos ?

Marion Brunet : Elle se déroule en 2052 à Marseille. Le dérèglement climatique a provoqué plusieurs tsunamis et une montée des eaux. Pour survivre, Nolan, une fille de 16 ans, et son frère, Gal, orphelins, plongent pour récupérer des objets dans les fonds marins. Le roman s’ouvre sur Gal, sollicité par le Commodore, un homme très puissant, pour récupérer un objet précis. Le garçon ne remonte pas d’une plongée. Nolan va alors entrer au service du Commodore pour venger son frère. Elle va rencontrer plusieurs ados, dont Bonnie, une jeune athlète avec laquelle elle va vivre une histoire d’amour.

Pourquoi avoir situé cette histoire dans un futur proche ?

C’est un choix politique. Ce monde ressemble au nôtre, mais en pire. Je mets en scène une augmentation des inégalités sociales, le délabrement des services publics, les conséquences du dérèglement climatique, la surveillance par des drones, l’interdiction de secourir les bateaux de migrants… Je pars de notre société et je pousse le curseur. Le fait d’aborder ces questions par une fiction, avec un groupe d’ados liés par l’amitié ou l’amour, peut amener les jeunes à s’intéresser à ces thèmes.

La fiction est donc un moyen d’aborder des thèmes politiques ?

Non. Je suis d’abord romancière et ce qui m’intéresse le plus ce sont les personnages, leurs interactions et leurs ressorts psychologiques. J’aime la fiction et j’aime en faire. Mais on écrit avec ce que l’on est et je suis une personne engagée. J’utilise le réel, le mien et celui du monde, pour nourrir mes romans.

Vous mettez en scène une histoire d’amour entre filles. Pourquoi ?

Ça change et je trouvais ça chouette ! Pour moi, le fait que ce soit deux filles ne doit même pas être un sujet. D’ailleurs, ce n’en est pas un dans le roman, c’est vécu comme normal et banal par tous les personnages. Tout le monde s’en moque, même le Commodore. Même si ma vision du futur n’est pas très reluisante, au moins sur les questions sociales autour du genre, du féminisme, les choses avancent plutôt pas mal !

BIENTÔT EN INTERVIEW Sylvain Dhugues, ancien obèse, court le marathon de Paris pour sensibiliser au harcèlement