2013 : L’ANNÉE DES TUYAUX
On entendra beaucoup parler de « tuyaux » en 2013. Pas seulement sous la forme d’informations refilées à des enquêteurs de police ou à des parieurs, mais aussi sous la forme de pipelines. Britannique — a peu de chances de voir le jour à court terme. La première ministre libérale de cette province, Christy Clark, s’y oppose. Le leader néo-démocrate Adrian Dix (que beaucoup donnent gagnant à l’élection provinciale de mai 2013) s’y oppose encore plus, pour des raisons tant économiques qu’écologiques.
Si la route de l’Ouest se ferme, celle de l’Est deviendra d’autant plus cruciale. Le Québec peutil retourner cette situation à son avantage ?
L’Office national de l’énergie — un organisme fédéral — entendra ce printemps la société Enbridge, qui veut inverser le flux de sa canalisation 9 entre North Westover (en Ontario) et Montréal pour faire couler du pétrole albertain vers l’est. Les raffineries du Québec y voient des emplois. Les écologistes sont aux abois : une fuite dans ce pipeline qui longe le lac Ontario polluerait la source d’eau potable de millions de Canadiens ! (La canalisation date de 40 ans, et le bitume des sables est plus corrosif que le pétrole léger qu’elle transporte présentement de Montréal vers Sarnia.) Le fédéral a compétence sur les oléoducs interprovinciaux. Le ministre canadien des Ressources naturelles, Joe Oliver, affirme que c’est Ottawa qui aura le dernier mot.
Reste que le gouvernement du Québec pourrait profiter de l’occasion pour faire avancer ses propres intérêts énergétiques. La première ministre de l’Alberta, Alison Redford, veut lancer une discussion pan-canadienne sur l’urgence de créer un marché Est-Ouest de l’énergie. Si l’Alberta a besoin d’exporter son pétrole, le Québec, lui, veut exporter son électricité. Devenus plus autosuffisants, les Américains lui en achètent moins, et à moins cher. Des lignes à haute tension vers d’autres provinces pourraient intéresser le Québec.
Redford et Marois, même combat ? La géographie énergétique canadienne pourrait nous réserver quelques surprises en 2013.