L’actualité

LE BRUIT DU VENT

- Par David Desjardins

a b e s o i n d ’e s p a c e p o u r s e déployer. « Sinon, on ne peut plus avoir d’opinions réfléchies sur soi ou sur les autres. On calque alors celles qu’on lit à la chaîne. »

En plus de notre équilibre mental, les fondements de notre humanité seraient-ils menacés par cette veille technologi­que permanente ? Daniel D. Jacques, professeur de philosophi­e au cégep François-Xavier-Garneau, à Québec, s’intéresse aux liens entre humanisme et technologi­e. « La pensée est liée à une certaine discipline : la lecture et la discussion, qui favorisent un approfondi­ssement de la réflexion, dit-il. Mais là, tout est fragmenté ; on ne lit plus et n’écrit plus de la même manière : on le voit dans les travaux des étudiants. L’humanisme, c’est la transmissi­on au fil des génération­s d’un même héritage intellectu­el, mais pour cela, il faut prendre le temps de lire les livres ! En outre, avec les nouveaux médias, on est toujours dans l’informatio­n au présent, sans lien avec le passé. » Bref, sans perspectiv­e historique qui permettrai­t de comprendre ce présent.

Et ce que nous perdons surtout, c’est une sorte de paix, un moment de flottement. Comme lorsque les joueurs bottent le ballon si haut qu’il s’accroche un instant au point le plus élevé de sa trajectoir­e. Là, loin de la clameur, dans le silence du haut des airs, il suspend son vol, avec comme unique trame sonore le bruit du vent.

Ma i s c o m m e l e c h a n t e Louis-Jean Cormier : « L’air / D’après ce que j’entends / C’est un concert / Qu’on n’écoute plus vraiment. »

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