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PORTEZ-VOUS DU ?

- Par Isabelle Grégoire

Avec ses cheveux dAns les yeux, son manteau à franges et sa silhouette trapue, le boeuf musqué semble issu du croisement entre un hippie et un bison. Mais ne vous fiez pas à son style dépenaillé. Sous ses longs poils isolants, qui lui permettent de résister aux grands froids du Nunavut et des Territoire­s du Nord- Ouest (T.N.- O.), l’animal couve une toison d’or. Son duvet soyeux, le qiviuk, peut en effet être filé, et il donne une laine haut de gamme — un produit de luxe canadien méconnu, mais de plus en plus convoité.

Plus doux, plus chaud et plus cher que le cachemire, durable, léger et hypoallerg­énique, le qiviuk séduit de grands noms de la mode. Le célèbre créateur français de tissus Dormeuil en a tiré de luxueuses étoffes. Hermès offrira cet automne un pull pour homme (à partir de 600 dollars) et les couturiers italiens Valentino et Brioni en ont taillé des complets, vendus jusqu’à 43 000 dollars.

C’est un Péruvien établi en Alberta depuis 1986, Fernando Alvarez, qui a lancé cette fibre chic. Originaire du sud du Pérou — région réputée pour son industrie textile à base de fibres animales précieuses —, il a d’abord importé au Canada de la laine d’alpaga, de vigogne et de lama. À la tête de l’entreprise Jacques Cartier Clothier (JCC), fondée en 1995, ce visionnair­e a vite flairé le potentiel de la toison du boeuf musqué, dont les Inuvialuit­s (Inuits de la partie ouest de l’Arctique) tiraient jusque-là une laine artisanale.

« Après des recherches auprès de spécialist­es européens, nous avons mis au point une technologi­e permettant de transforme­r le duvet de boeuf musqué en fil de

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