DUO FAIT MAIN
Diplômés en cadre aérien de l’École nationale de cirque, à Montréal, et
font pourtant carrière dans le main à main, discipline peut-être moins spectaculaire que le fil de fer, mais d’autant plus exigeante qu’elle repose sur une attention constante de l’un à l’égard de l’autre. Porteur, Jean-Philippe sert en quelque sorte de piste de lancement à Catherine, voltigeuse qui s’élance tel l’oiseau que le Sud appelle. Pas de virtuosité tapageuse chez le duo d’acrobates, mais la solennité, la grâce, la maturité.
Depuis plus de 10 ans, ils parcourent le monde, se joignant à peu près à tous les cirques, petits et grands. « Forcément, nos CV se ressemblent beaucoup. »
Elle a 33 ans, lui, 31. La connivence les définit ; il commence une phrase qu’elle finit. On dirait un couple. Et pourtant, non. « Ça demande des conjoints avec une ouverture d’esprit, car Catherine et moi sommes toujours ensemble. »
Ils travaillent la plupart du temps en binôme, mais cultivent des compétences individuelles : contorsions et délicatesses aériennes pour Catherine, jonglerie et manipulation d’objets pour Jean-Philippe. Moteurs de création, et non interprètes passifs, les revoici pour la quatrième fois chez l’auteur et metteur en scène Daniele Finzi Pasca ( Rain, Nebbia, Donka). Ils le disent simultanément : « Avec son imaginaire et sa vision, Daniele vise moins la pyrotechnie que la profondeur dans son théâtre d’images et de sensations. » Finzi Pasca a débuté dans la rue comme clown ; oeuvrant auprès de mère Teresa, il a étreint des agonisants dans un mouroir avant d’inventer le concept du « théâtre de la caresse ». Rien de clinquant dans ses spectacles, mais une ampleur poétique et la volonté de s’adresser à chaque spectateur. Créée à Montréal, La Verità s’affirmera sous un immense tulle de Salvador Dalí, qui l’avait peint pour le ballet Tristan et Iseut (non produit). Après Montréal, la compagnie s’engagera dans une tournée mondiale jusqu’en décembre 2014. En piste : 12 circassiens de presque autant de nationalités. « On pourrait tenir des Jeux olympiques », annonce Jean-Philippe.
Dans leurs rares temps libres, Catherine apprend l’italien, joue de la guitare, écrit et chante des chansons ; Jean-Philippe tâte de divers instruments (saxophone, clarinette, guitare, ukulélé), « mais je n’en maîtrise aucun ». Elle admire l’acrobate et musicien James Thierrée, petit-fils de Charlie Chaplin ; il aime les clowns, « qui en disent beaucoup sur la vie, même quand ils ne parlent pas ». Eux aussi en disent beaucoup sur la vie quand, mains entrelacées, ils sculptent des pyramides dans l’espace.
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La Verità,
théâtre Maisonneuve (Place des Arts), à Montréal, du 17 janv. au 3 févr., 514 842-2112.
finzipasca.com