LE NID DE LA SAGESSE
Quand l’âge s’installe, une maison peut devenir un fardeau. Voici quelques options pour trouver un chez-soi sans souci !
Quand l’âge s’installe, une maison peut devenir un fardeau. Voici quelques options pour trouver un chez-soi sans souci !
Gérard LeBel, 62 ans, et Renée Jutras, 58 ans, adoraient leur maison à Gatineau, en Outaouais. Après tout, ils l’avaient fait construire à leur goût : spacieuse, dans un coin isolé, avec un superbe jardin. Mais l’an dernier, ils ont dit adieu à leur demeure pour chercher un logement mieux adapté à leurs futurs besoins de retraités.
Une résidence pour personnes âgées ? « On n’était pas prêts pour ça! » répond Gérard. Ils ont plutôt opté pour un condo — presque aussi grand que leur maison et avec une belle cour intérieure — dans le secteur d’Aylmer, proche de tous les services.
Les promoteurs qui espéraient s’enrichir en entassant les baby
boomers dans des foyers ont rêvé en couleurs. Les générations actuelles et futures de retraités sont plus instruites, « plus riches et en meilleure santé que les précédentes », note Glenn R. Miller, vice-président à l’éducation et à la recherche à l’Institut urbain duCanada. Résultat: nos aînés « résistent » au concept de logement pour personnes âgées et explorent de nouvelles solutions, dont la location et la copropriété.
Parlez-en à Claude Paré, président deVisavie, une entreprise qui, depuis 25 ans, aide les Québécois à trouver un endroit pour écouler leurs vieux jours en paix. « De plus en plus de gens me disent qu’ils ne veulent pas vivre dans une “colonie avec 500 personnes âgées”. En ce moment, ce qui a pris la vedette, c’est le condo. »
Les avantages dela copropriété sont multiples, à commencer par l’entretien. Fini la tondeuse et la pelle ! Au revoir marteau et scie (dans le cas du neuf ) ! Comme les restos, magasins et salles de spectacle se situent souvent à proximité — sinon à l’intérieur même— descomplexes, lavoiture devient moins indispensable. Et pour les plus craintifs, bien des immeubles en copropriété possèdent une entrée sécurisée.
Mais encore faut-il pouvoir se le permettre. « Il y a 10 ans, les gens pouvaient vendre leur maison, s’acheter un condo et encaisser un bon profit, se rappelle Glenn R. Miller. Mais aujourd’hui, dans les grands centres, vous paierez une fortune si vous voulez davantage qu’un petit studio. » L’effort financier s’annonce plus important pour ceux qui quittent les régions— où le prix des maisons est souvent moins élevé — pour la ville.
Gérard etRenée ont été chanceux: ils ont empoché plusieurs dizaines de milliers de dollars de profit en changeant de résidence. Si les fruits de la vente de leur maison n’avaient pas suffi pour financer leur nouveau condo, ils auraient dû contracter un emprunt hypothécaire. Etmême si vous avez atteint l’âge de la sagesse, les banques imposent des conditions semblables à celles exigées d’un premier acheteur. « Il faut une mise de fonds, des revenus stables et être capable de rembourser en 25 ans dans le cas d’un prêt assuré », indiqueMartin Allaire, courtier immobilier hypothécaire à Multi-PrêtsHypothèques.
À ceux qui ont les moyens de payer leur condo comptant, ce courtier conseille d’y penser à deux fois. Avec les taux hypothécaires actuels, qui sont àuncreux historique, mieux vaut emprunter et conserver ses liquidités pour investir. « Vous pourriez générer un rendement suffisant pour payer vos mensualités. » Cette stratégie financière conviendra toutefois moins aux gens — nombreux à cet âge— qui ont une faible tolérance au risque.
Mais pourquoi vouloir rester propriétaire à tout prix ? À 65, 70, 75 ans, un coup de vieux arrive vite. Une blessure, une maladie et hop ! le condo de rêve se transforme en boulet. Il faut parfois s’en départir en peu de temps. Même chose si ses enfants (ou petits-enfants), dont on vient de se rapprocher, déménagent...
« Je ne suis pas un apôtre de la location, mais je trouve que les gens mettent cette option de côté trop rapidement, croit Claude Paré, de Visavie. Être locataire offre une belle flexibilité. En cas d’imprévu, vous pouvez vous adapter plus facilement. »
La location s’avère aussi un choix intéressant pour les propriétaires qui n’ont pas réussi à épargner suffisamment pour leur retraite. En vendant leur maison et en choisissant un appartement dans leur budget, ils accéderont à des liquidités et amélioreront nettement leur situation financière.
Ultimement, ce n’est pas tant d’être propriétaire ou locataire qui compte, mais les caractéristiques de la demeure. La plus importante: le logement doit pouvoir vieillir avec son occupant.
Entre 65 et 74 ans, 33 % des gens ont au moins une incapacité physique ou psychologique. À 75 ans et plus, c’est 56,3 %. Le défi consiste à trouver une « résidence qui pourra s’adapter à ces changements et où vous pourrez rester longtemps », dit Wendy Pollard, conseillère principale en recherche et diffusion de l’information à la Société canadienne d’hypothèques et de logement.
Les escaliers, tant pour entrer dans la demeure que pour changer d’étage, sont à proscrire. Les cadres de porte, la cuisine et la salle de bains devraient être assez grands pour qu’on puisse circuler avec un fauteuil roulant. « Dans le cas d’un appartement, vérifiez si vous aurez le droit d’installer de l’équipement spécialisé pour vous aider dans vos déplacements. »
« Évidemment, il faut aussi choisir un endroit qu’on aime », insiste Wendy Pollard. C’est ce qui a permis à Gérard et Renée de s’adapter sans difficulté à leur nouveau condo. Et depuis que leur ancien voisin de Gatineau a emménagé au même étage qu’eux, ils se croiraient à la maison!